Commission d’enquête : ce qu’a dit Jérôme Salomon "est faux", accuse le professeur Eric Caumes

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​Chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le professeur Eric Caumes a assuré que, contrairement à ce qu’avait affirmé le directeur général de la santé devant les députés, plusieurs pays ont su parfaitement gérer l’épidémie de coronavirus. "Je me demande même si on a compris le message de la première vague", déplore-t-il.
INTERVIEW

Les travaux de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion de l'épidémie du coronavirus se poursuivent mercredi avec l'audition très attendue de Didier Raoult. Ils avaient débuté le 16 juin avec l'audition de Jérôme Salomon. Le directeur général de la santé avait notamment argué que la France était certes impréparée, mais que c'était le cas de tous les pays du monde. "Je suis très gêné par ce genre de choses parce que c’est faux, on ne va pas tourner autour du pot", a réagi mercredi sur Europe 1 Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.

"Bien évidemment, il y avait des pays qui étaient informés et qui ont fait ce qu’il fallait faire", a développé le médecin. "Taiwan, Singapour, la Corée du Sud, l’Allemagne... Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Je ne vais pas me lancer dans une polémique comme celle-là. C’est de la perte de temps", a-t-il balayé. Car le plus important, pour lui, est ailleurs. "Il faut retenir les leçons de nos échecs pour pouvoir aborder une éventuelle deuxième vague. Et je ne crois pas forcément que ce soit en écoutant les responsables que l’on va avancer", a-t-il lâché. 

Surtout, pour Eric Caumes, l’organisation des autorités laisse encore à désirer. "Quand je vois que j’ai des collègues qui m'appellent pour me demander comment on gère un cluster, et qu’apparemment ça ne se fait pas bien, je pense qu’il y a un vrai problème", a-t-il cité à titre d'exemple. "La première fois qu’on m’a appelé la semaine dernière je me suis dit ‘ça arrive, des erreurs ou des manques'. Mais là, on m’a rappelé encore deux fois depuis le début de la semaine donc je vois bien que même nous, dans l’hôpital, on n’arrive pas bien à gérer nos cas. Alors vous imaginez à l’extérieur."

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Résultat : "Je suis un peu inquiet, je trouve qu’on n’a pas pris correctement les enseignements de cette première vague épidémique", a tranché le professeur Eric Caumes. "Je me demande même si on a compris le message."