Cinq pistes pour mieux relancer les transports après le 11 mai

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Séverine Mermilliod
Via #RadioOuverte, nos auditeurs s'inquiètent de la reprise à partir du 11 mai, notamment de la situation dans les transports. Gilles Dansart, ​spécialiste du ferroviaire et directeur du site Mobilettre, a répondu à quelques interrogations au micro d'Europe 1.

"En île-de-France, les transports en commun c'est 5 millions de personnes par jour, avec aux heures de pointe une densité de 4 à 5 personnes au m2. Donc on ne pourrait pas, avec les foules habituelles, respecter les gestes barrières" contre le coronavirus, rappelle Gilles Dansart, ​spécialiste du ferroviaire, directeur du site Mobilettre. Il donne sur Europe 1 cinq pistes envisageables pour pouvoir respecter ces gestes et relancer les transports sereinement dans la "période de transition qui s'ouvre à partir du 11 mai".

Limiter les déplacements

Premièrement, il faudrait que soient réduits le nombre de déplacements quotidiens "de façon très forte". "Que les Français ne se déplacent pas pour des motifs accessoires" mais qu'ils se limitent aux trajets "domicile-travail, ou déplacements urgents", souligne Gilles Dansart. D'autant qu'en Île-de-France, comme l'a rappelé Valérie Pécresse lundi sur Europe 1, seuls 50% des transports, au mieux, fonctionneront le 11 mai. "Il va falloir remettre en route les réseaux, la machine industrielle, et il y a des salariés malades, d'autres qui doivent garder leurs enfants...", précise le directeur de Mobilettre.

Lisser les heures de pointe en étalant les horaires ?

C'est pourquoi avec cette offre réduite, il faudra aussi "la multiplication de l'étalement des horaires", ce qui d'après Gilles Dansart est "très difficile. On n'a pas réussi depuis des années à lisser les pointes du matin et du soir. Mais c'est décisif pour qu'il n'y ait pas ces afflux" de voyageurs, estime-t-il. Ne serait-ce qu'en décalant la prise de travail entre 7h30 et 10h30, plutôt qu'entre 8h00 et 9h30.

Il sera donc selon lui, de la "responsabilité des entreprises, des administrations, des établissements scolaires", de continuer à proposer du télétravail pour ne pas saturer les transports, et des "horaires décalés. Car c'est cette fameuse pointe du matin et du soir qui fait peur aux transporteurs".

En Italie, une réflexion est en cours pour lisser le travail sur 7 jours, soit décaler les jours de la semaine "de façon transitoire", c'est-à-dire de travailler le weekend et de récupérer deux autres jours de la semaine.

Rétablir la confiance

Plusieurs auditeurs d'Europe 1 font par ailleurs remonter leur inquiétude de devoir prendre les transports pour aller au travail. "J'ai la chance d'être en Normandie mais j'ai peur, quand je vais y retourner, d'être focalisée sur ce virus, plus que sur mon travail", explique par exemple Garance. Julien de son côté affirme avoir "plus peur d'être malade en prenant le métro qu'en prenant l'avion".

Or selon Gilles Dansart il est nécessaire pour relancer les transports de clarifier "la façon dont on doit se rendre dans le bus ou le métro" : faudra-t-il porter des masques, ou non ?  "Le dispositif de masques, pourquoi pas, mais il faut surtout moins de densité". Il faudra donc selon lui "encourager les déplacements en surface, et dissuader tous ceux qui ne sont pas nécessaires". Des collectivités et municipalités envisagent de faciliter le vélo, la marche à pied, et toute solution pour faire en sorte qu'il y ait beaucoup plus de places qu'avant, au moins dans la période de transition à partir du 11 mai.

Des compteurs à l’entrée des stations ?

En Italie, certaines régions réfléchissent depuis de nombreuses semaines à mettre des compteurs à l'entrée des stations de métro, de bus ou de tram, pour limiter le nombre d'utilisateurs. Si cela semble "techniquement possible" à Gilles Dansart, cela reste "très difficile à grande échelle" car on ne "peut pas automatiser et il faudrait énormément de personnel pour faire respecter ce que dirait le compteur." De plus, cela risquerait de générer des files d'attente en dehors du métro ou du tram sur la voirie, surtout dans des agglomérations très peuplées. "Mais ici ou là, pourquoi pas, on va voir avec nos amis italiens si cela peut fonctionner."

Dans les trains, la "réservation en damier" ?

Sébastien, conducteur de TER dans le Sud, s'inquiète lui de voir que, même si des mesures sont déjà mises en place dans les trains (désinfection des rames après chaque utilisation), la demande de distanciation sociale, elle est "plus ou moins respectée" seulement. Alors si cela ne marche pas aujourd'hui, comment faire après le 11 mai ?

Encore une fois, les italiens donnent des idées. Pour les trains longue distance, "on pourrait imaginer que la SNCF ne vende pas l'ensemble de ses places. Les italiens ont imaginé la réservation en damier, on ne vend que les places noires, on n'a personne devant ou à côté de soi. C'est compliqué du point de vue économique, mais de façon transitoire, cela peut restaurer la confiance."