Coronavirus : au Château de Versailles, "on se demande si on pourra finir l'année"

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Pauline Rouquette
À l'occasion des Journées du Patrimoine, maintenues malgré la crise sanitaire liée au Covid-19, Europe 1 a reçu, dimanche matin, la présidente du Château de Versailles, Catherine Pégard. Évoquant une certaine "tristesse" face à la "catastrophe", celle-ci se montre néanmoins optimiste, plaçant le visiteur au cœur des projet et des nouveaux défis du site.
INTERVIEW

Ce sont des Journées du Patrimoine à la saveur particulière qui ont débuté samedi. En pleine pandémie de coronavirus, les conditions d'accès aux sites et les jauges ont été revues, mais l'engouement est là, malgré tout. "Je crois qu'il étaient heureux hier", a raconté Catherine Pégard, dimanche sur Europe 1. Le Château de Versailles, dont elle est la présidente, a lui aussi adapté son protocole d'entrée et son parcours de visite depuis la réouverture, début juin. Et les visiteurs s'y tiennent, affirme Catherine Pégard. Samedi, "nous avons eu plus de 600 visiteurs, avec une petite jauge de 58 personnes", s'enthousiasme-t-elle, ajoutant l'importance de profiter de ces Journées du Patrimoine pour s'aérer l'esprit. "Je crois que les gens, en ce moment, ont envie qu'on leur parle d'autre chose.

Autre chose que la pandémie dans laquelle nous sommes englués, et dans laquelle les sites touristiques, comme le Château de Versailles, ont laissé quelques plumes. "On essaie de l'oublier un peu parce qu'on ne veut pas non plus saper le moral des Français. Ceux qui viennent à Versailles, on ne peut pas leur montrer notre tristesse", confie-t-elle tout de même. "Nous nous battons pour essayer de sauver ce qui pourra l'être".

"Une grande partie de nos visiteurs ne peuvent pas venir"

Pendant le confinement, le château a perdu quelque 50 millions d'euros. Et le désastre se poursuit, les touristes étrangers représentant habituellement le cœur des recettes de Versailles. "Nous avions 80% de visiteurs étrangers et la billetterie représente 75% de nos recettes. ces deux chiffres suffisent à décrire cette catastrophe", déplore Catherine Pégard.

Comme pour nombre de secteurs, l'événementiel est au point mort et il est impossible d'accueillir de grandes manifestations. "Une grande partie de nos visiteurs ne peuvent pas venir", explique la présidente du château de Versailles, évoquant notamment les enfants dans les écoles. "Je pense qu'on est confronté à une situation tellement inédite qu'on se demande aujourd'hui si on pourra finir l'année", poursuit-elle. "Le déficit est tellement grand pour les spectacles qu'on ne sait pas si l'année nous permettra de rouvrir une nouvelle saison pour 2021".

87 millions d'euros d'aides

Dans son plan de relance, le gouvernement a prévu une aide pour le patrimoine et la création. Les grands opérateurs bénéficieront de plusieurs dizaines de millions d'euros. Pour le château de Versailles, ce sont 87 millions, qui serviront essentiellement "pour des travaux de mise en sécurité du château, notamment contre les incendies", mais aussi pour trouver de nouvelles idées, de nouveaux parcours à développer, précise Catherine Pégard

Alors que la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, affirmait samedi sur Europe 1 que les grandes institutions devaient "se préparer à demain", la présidente du château de Versailles, la rejoint. "Elle a tout à fait raison ! Il faut qu’on revoit notre manière d’accueillir les visiteurs. Nous y sommes contraints, et nous avons le devoir de trouver des formules d’accueil pour des petits groupes, pour des visites plus particulières, intimes", développe Catherine Pégard. Et aucune raison que le prix du billet augmente pour autant. "Ca ne sera pas plus cher parce que je ne vois pas bien comment expliquer ça aux Français dans une période si difficile pour eux".