Protocole sanitaire, cours... Ce qui change pour le retour à l’école "pour tous" ce lundi

Les élèves doivent retourner à l'école lundi 22 juin, avec un nouveau protocole sanitaire largement allégé.
Les élèves doivent retourner à l'école lundi 22 juin, avec un nouveau protocole sanitaire largement allégé. © XAVIER LEOTY / AFP
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Séverine Mermilliod avec AFP
Le retour obligatoire à l'école de tous les élèves de maternelle, primaire et collège entre en vigueur ce lundi. Allègement du protocole sanitaire, possibilités d'absence, point de vue des enseignants... que change concrètement ce retour à l'école ?
DÉCRYPTAGE

Tous les élèves vont pouvoir reprendre le chemin de l’école lundi, de manière obligatoire pour ceux de maternelle, de primaire et de collège. Environ 1,8 million d'écoliers sur un total de 6,7 millions, et 600.000 collégiens sur 3,3 millions y étaient déjà progressivement revenus, à chaque nouvelle phase du déconfinement, selon les derniers chiffres du ministère. Alors que change ce "retour pour tous" ?

Quel protocole sanitaire ? 

Le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer l’avait annoncé sur Europe 1, le protocole sanitaire dans les écoles, jusqu'alors très strict, va être largement allégé. La règle de la distanciation sociale va même être totalement supprimée en maternelle pour les élèves d’une même classe ou d’un même groupe -mais pas pour ceux d’une classe différente-, et sera réduite à 1 mètre latéral entre élèves en élémentaire et dans le secondaire, contre 4m2 auparavant. Cela signifie aussi la fin de la limitation à 15 par classe puisque ces mesures visent à faire revenir tous les élèves en cours.

Tous ces élèves ne seront pas forcés de porter un masque. Ceux de maternelle en sont exemptés. En élémentaire ce n’est pas recommandé, "mais des masques sont à disposition" pour équiper les enfants symptomatiques "dans l’attente de leur départ de l’école", précise le protocole sanitaire. Enfin, le port du masque "grand public" est obligatoire pour les collégiens et lycéens "lors de leurs déplacements", mais aussi pour les plus de 11 ans dans la classe, si la configuration des salles "ne permet pas de respecter la distanciation physique d’au moins un mètre".

Les élèves vont-ils tous revenir ? 

Dans la théorie oui, sauf pour les lycéens qui ne sont pas concernés par le caractère obligatoire du retour, mais pourront seulement être accueillis en plus grand nombre qu'actuellement. Le ministre l’a d'ailleurs rappelé sur France Info : "L’instruction est obligatoire", et n’a pas cessé de l’être puisqu'elle devait continuer à distance pendant le confinement. Les absences des enfants doivent donc de nouveau être justifiées par les parents, et seront contrôlées par l’institution. En cas de non justification, des sanctions, voire la saisie du procureur de la République, sont possibles.

Du côté des collèges, Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, premier syndicat des chefs d'établissement, pense toutefois que "tous les collégiens ne seront pas au rendez-vous, en raison de la fin d'année trop proche, de familles parties ou encore d'autres qui craignent le retour des élèves en nombre".

Qu'est-ce qui change du côté des enseignants ?

Le défi consistera lundi pour les établissements qui avaient déjà rouvert à accueillir beaucoup plus d’élèves dans des conditions sanitaires suffisantes. Le port d’un masque "grand public" sera ainsi obligatoire pour les personnels (primaire, collège et lycée), si la distanciation d’un mètre n'est pas garantie. Des syndicats alertent d'ailleurs sur des "difficultés d'accueil dans certains endroits". 

A Toulouse, Joël Couvé, directeur d'une maternelle et élu au SNUipp-FSU (premier syndicat du primaire) regrette ainsi des "aberrations" dans l'application du protocole sanitaire, qui demande "durant la journée que les élèves des différentes classes ne se croisent pas", alors que le soir, "ceux qui resteront au centre de loisirs se retrouveront tous ensemble". A Corronsac ou Ayguesvives, c’est ce qui préoccupe les deux maires qui estiment qu’ils font face à "une équation impossible à résoudre". Dans une école primaire de Cergy Pontoise, le directeur a par exemple dû réduire à 50 cm au lieu d’1 mètre la distance entre élèves quand ils sont en file indienne pour pouvoir faire tenir tout le monde.

Côté pédagogie, une association a mis au point des kits à télécharger gratuitement baptisés Covid'ailes, pour accompagner à la fois les enseignants et les élèves dans ce retour à l'école. Les kits proposent des activités basées sur les émotions pour partager son expérience du confinement, et ont déjà été téléchargés plus de 13.000 fois depuis le 5 mai. Laura Huyghe, la cofondatrice de ce dispositif, constate un pic à chaque nouvelle phase de déconfinement.

Quelles conséquences pour les parents ?

Pour certains parents le retour à l’école est vécu comme une "libération", après trois mois d’école à la maison. "J'ai pleuré de joie quand j'ai eu la confirmation par la maîtresse du retour à l'école à temps plein pour mes deux enfants de 5 et 8 ans", avoue Noémie, installée avec sa famille à Nice. Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro publié jeudi, seule une minorité (45%) de parents concernés compte pourtant envoyer ses enfants à l'école le 22 juin et 56% estiment que la reprise obligatoire des cours est "une mauvaise décision".

Pourtant, comme le rappelle l’avocat Roland Perez sur Europe 1, le motif d’activité partielle pour la garde d’enfant de moins de 16 ans ne sera plus possible car le retour est obligatoire. Si les parents refusent d’envoyer leurs enfants à l’école, ils devront donc compter sur leurs congés ou RTT et non sur des arrêts maladie.