Vaccins anti-Covid : il faut éviter la "mortalité extrême" en Ehpad, plaide Marie-Paule Kiény

Marie-Paule Kiény, directrice de recherche à l'Inserm et présidente du comité vaccin Covid-19, a tenté d'apaiser l'inquiétude des familles de ceux qui se feront vacciner en janvier.
Marie-Paule Kiény, directrice de recherche à l'Inserm et présidente du comité vaccin Covid-19, a tenté d'apaiser l'inquiétude des familles de ceux qui se feront vacciner en janvier. © AFP
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Séverine Mermilliod
En France, la vaccination des personnes vulnérables, notamment en Ehpad, se fera à partir de janvier. Face aux inquiétudes de certaines familles, Marie-Paule Kiény, présidente du comité vaccin Covid-19, s'est voulue transparente dimanche sur Europe 1 : si "on ne sait pas combien de temps" le vaccin sera efficace, leur efficacité à court terme "vaut la peine de les utiliser".
INTERVIEW

Moins de la moitié des Français, selon les derniers chiffres communiqués par Santé publique France, souhaiteraient se faire vacciner contre le coronavirus SARS-Cov-2. Dimanche au micro d'Europe 1, Marie-Paule Kiény, directrice de recherche à l'Inserm et présidente du comité vaccin Covid-19, chargée des discussions avec les industriels et du recueil des évaluations scientifiques sur ces vaccins, a tenté de rassurer les familles inquiètes de voir, dès janvier, leurs proches résidant en Ehpad se faire vacciner. Pour elle, pas question de parler de cobayes; il s'agit avant tout d'éviter "la mortalité extrême qu'il y a eu dans les Ehpad pendant la première et la deuxième vague."

Eviter la mortalité, "protéger les personnes âgées"

Parler de cobayes, dit-elle, "c'est vraiment prendre la proposition de vacciner ces personnes très âgées dans le mauvais sens". Si l'on propose de les vacciner d'abord, "c'est tout simplement parce qu'on sait que ce sont les personnes les plus vulnérables. On veut essayer autant que possible de protéger ces personnes très âgées". 

Evidemment, ajoute la présidente du comité vaccin, "ce ne sont pas les seules personnes vulnérables qu'il faudra vacciner. A l'heure actuelle, ce qu'on sait de ces vaccins qui sont en cours de développement, c'est qu'ils n'ont pas donné lieu à des effets adverses nocifs importants. Donc nous pensons pouvoir vacciner, autant qu'on le sache actuellement, en toute sécurité les personnes vulnérables en raison de leur âge."

"Cela vaut la peine de les utiliser"

Elle estime que si l'on ne sait pas tout sur ces futurs vaccins, "on sait déjà beaucoup", notamment le fait que, dit-elle, "ces vaccins sont extrêmement efficaces". En revanche, reconnaît-elle, "ce qu'on ne sait pas, c'est combien de temps le seront-ils ?" "Il est normal pour toute réaction immunitaire, pour toute vaccination, qu'au fil du temps l'efficacité puisse devenir moins importante. C'est le cas pour la plupart des vaccins", explique Marie-Paule Kiény, qui souligne que différentes recommandations sont données une fois que l'on connaît cette durée d'efficacité.

"On a maintenant des recommandations pour la vaccination fièvre jaune, qui sont d'une seule vaccination pour toute la vie. Par contre, le vaccin contre la grippe doit être donné tous les ans. Pour les vaccins Covid, même pour ceux très avancés, on ne sait pas quelle sera la durée de protection - donc il faut être transparent là-dessus. Mais ce qu'on a vu, c'est qu'à court terme après la vaccination, ces vaccins sont extrêmement efficaces et donc cela vaut la peine de les utiliser", conclut la directrice de recherche.