Plus d'un million de tests PCR ont été réalisés au cours de la semaine écoulée. 1:40
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Joanna Chabas, édité par Romain David , modifié à
Des chercheurs d'Harvard soulèvent dans une étude le manque de précision des tests PCR, qui ne permettent pas d'évaluer la charge virale d'un patient positif au coronavirus, et donc d'établir s'il représente un danger ou non pour son prochain. Mais pour la chercheuse française Anne Goffard, le principe de précaution doit être privilégié.

Près de 9.000 nouveaux cas de Covid-19 ont été détectés ces dernières 24 heures en France, selon les chiffres annoncés vendredi par la Direction générale de la Santé. Il s'agit d'un nouveau record depuis le déconfinement, qu'il faut toutefois mettre en comparaison avec l'augmentation du nombre de tests pratiqués à travers le pays : plus d'un million réalisés en une semaine. Des experts américains d'Harvard s'interrogent toutefois dans une étude reprise par le New York Times sur la pertinence des politiques massives de dépistages  qui ne permettent pas d'établir si une personne positive est nécessairement contagieuse, et aboutissent ainsi à des mises en quarantaine inutiles.

En fait, ces médecins s'interrogent sur la finesse des tests PCR. Ils permettent seulement de savoir si oui ou non le virus est présent dans le corps du patient, mais les résultats ne donnent pas la charge virale, c'est-à-dire la quantité de virus présente dans l'organisme. Plus elle est élevée, plus le malade est contagieux. Selon les experts américains, une majorité de patients testés positifs ne portent en fait qu'une quantité de virus assez insignifiante et se retrouvent donc en isolement, malgré le fait qu'ils ne sont probablement pas ou peu contagieux.

"Je préfère que l'on surestime le nombre des personnes positives"

Mais pour Anne Goffard, chercheuse au Centre d'infection et d'immunité de Lille, le risque zéro n'existe pas. "Ce n'est pas parce qu'une personne a une charge virale faible qu'elle ne contamine pas du tout", explique-t-elle. "Je préfère que l'on surestime le nombre des personnes positives et qu'on demande aux gens de prendre des précautions, en portant le masque ou en restant à l'écart pendant sept jours, plutôt que de laisser se promener sans aucune protection des gens contaminés que l'on n'aurait pas bien détecté."

 

 

Pour cette spécialiste, il faut continuer les tests PCR pour pouvoir détecter le plus de cas possibles, notamment chez les personnes asymptomatiques. Mais pour faire face à la hausse de la demande et aux files d'attente qui se rallongent devant les centres de dépistage, elle estime qu'il faudrait créer une voie prioritaire pour tester d'abord les cas contacts et les personnes à risques.