Avec la reprise épidémique en France, les Ehpad se disent "plus inquiets" qu'au printemps. 1:22
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François Coulon, édité par Séverine Mermilliod , modifié à
Sur 900 clusters recensés en France jeudi, 143 se trouvent dans des Ehpad. Même ceux épargnés par le nouveau coronavirus sont gagnés par l'anxiété, comme celui du "Bon accueil" d'Iffendic en Ille et Vilaine, 37 résidents, où Europe 1 s'est rendue.
REPORTAGE

A l'Ehpad "Le bon accueil" d'Iffendic (Ille et Vilaine), qui compte 37 résidents - de 75 ans à 100 ans -, les infirmières et le directeurs sentent le virus "à nos portes". Le département est classé rouge depuis une semaine et des cas de Covid 19 se sont déclarés dans la commune de 4.500 habitants ces derniers jours. Or, beaucoup de familles ne respectent pas les gestes barrières une fois les portes des chambres refermées... L'établissement est pour l'instant épargné par le virus, mais pas par l'anxiété.

"Beaucoup de familles retirent les masques"

"C'est leur intimité, on ne peut pas jouer les gendarmes". Le personnel est épuisé après six mois sous tension et l'on recense plusieurs arrêts maladie d'aides soignantes qui ne peuvent être remplacées car impossible à trouver sur le marché de l'emploi. Lola Terrare, infirmière, se dit ainsi "beaucoup plus inquiète qu’au printemps" et déplore sur Europe 1 une tendresse dangereuse, trop souvent sans gestes barrières. "On voit beaucoup de familles retirer les masques, faire des câlins, des bisous, donc c'est des choses qui nous font peur. C'est super inquiétant pour la suite, j'ai peur qu'on soit submergés par le virus".

Le département est classé rouge, "Zone de circulation active du virus", depuis une semaine, et le recensement de cas de Covid dans la commune inquiète. "C'est beaucoup plus anxiogène aujourd'hui, parce qu'on se dit qu'à nos portes, on a des cas de Covid, que ces gens-là sont susceptibles à un moment donné d'être entrés dans nos établissements : on a peur", témoigne Laurent Pereygne, directeur de l’établissement.

Équipes en tensions

"Il y a un épuisement des équipes et on ne sait pas combien de temps on va pouvoir tenir si vraiment la situation devait s'aggraver, dans une période d'apparition des grippes, des gastros entérites etc. Nos équipes vont être en tension, l'hiver va être très long. S'il nous manque trois ou quatre aides-soignants, comment on fait si on ne trouve pas de remplaçants ? C'est aujourd'hui la crainte majeure", alerte-t-il.

L’ARS a imposé deux personnes maximum par visite et demande aux EHPAD de réactiver le plan bleu qui permet de renforcer le suivi des résidents.