Japon, Liban, Bosnie... Ces pays qui tardent à vacciner leurs populations contre le Covid-19

Plusieurs pays n'ont pas encore commencé à vacciner leurs populations.
Plusieurs pays n'ont pas encore commencé à vacciner leurs populations. © AFP
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avec AFP
Alors que la pandémie de coronavirus continue de faire des ravages dans le monde entier, plus d'une centaine de pays n'ont toujours pas commencé à vacciner leurs populations. Parmi eux : l'Afrique du Sud, la Bosnie, la Colombie, le Japon, ou encore le Liban. Mais tous ont des raisons très différentes de retarder le processus.

Cette arrivée était très attendue. Pays le plus touché du continent par l'épidémie de coronavirus, l'Afrique du Sud a reçu lundi sa première cargaison de vaccins contre le Covid-19. Une arrivée qui va permettre le début d'une campagne de vaccination de masse, ciblant en priorité le personnel de santé, alors que le pays n'a toujours pas commencé à vacciner sa population. Une situation dans laquelle se trouvent plus de cents pays dans le monde, pour des raisons diverses : trop pauvres, trop mal organisés, trop dépendants du système Covax de l'OMS ou tout simplement prudents à l'extrême. Japon, Bosnie, Colombie... Voici quelques cas emblématiques. 

L'Afrique du Sud

L'Afrique du Sud est donc le pays africain le plus touché par la pandémie, avec plus de 44.000 décès officiels. Jusqu'à présent, le pays, comme la majeure partie du continent, voyait ses approvisionnements en vaccins dépendre en partie du système Covax ainsi que de l'Union africaine. Le premier est une mission de l'Organisation mondiale de la santé qui devait s'assurer d'une certaine solidarité vaccinale entre tous les pays du monde, mais peine encore à trouver une application concrète pour le moment.

L'Afrique du Sud a toutefois directement commandé 1,5 million de doses de vaccin AstraZeneca produites en Inde, avec lesquelles le pays espère débuter sa campagne de vaccination mi-février. Les premières doses sont arrivées lundi. Et les autorités, critiquées pour leur lenteur, ont finalement annoncé fin janvier avoir réservé 20 millions de doses de vaccin Pfizer, doublant le nombre total de doses commandées, à 40 millions. Le pays de près de 60 millions d'habitants veut vacciner les deux-tiers de la population d'ici à la fin de l'année. 

Le Japon

Relativement épargné par la pandémie avec moins de 6.000 décès pour 126 millions d'habitants, le Japon a conclu avec les laboratoires Pfizer, Moderna et AstraZeneca des accords de livraison couvrant théoriquement l'ensemble de sa population.

Mais le pays a choisi de se donner du temps avant de lancer sa campagne vaccinale. Les médias évoquent un coup d'envoi en mai, soit plus de cinq mois après la plupart des autres pays développés. Et aucun vaccin n'a encore obtenu le feu vert des autorités qui souhaitent les soumettre à des examens cliniques renforcés. Explication : le pays compte parmi les plus vaccinosceptiques au monde et le gouvernement souhaite se prémunir contre d'éventuels recours collectifs en justice. Ces recours se sont multipliés depuis les années 1970, conduisant au retrait de nombreux vaccins. Les autorités peuvent être tenues responsable de tout effet secondaire.

Pour tenter de donner l'exemple, le Premier ministre Yoshihide Suga a annoncé qu'il serait parmi les premiers à se faire vacciner. La vaccination sera ensuite proposée en priorité à quelque 10.000 personnels de santé, puis aux 50 millions d'habitants âgés de plus de 65 ans.

Le Liban 

Secoué par une grave crise sociale et économique, le Liban doit principalement s'en remettre au système Covax de l'OMS pour obtenir des doses de vaccin, comme 92 autres pays défavorisés. Il dépend également d'un financement de la Banque mondiale. Les premiers vaccins, fournis par l'Américain Pfizer, sont attendus d'ici à la mi-février dans ce pays dont les six millions d'habitants sont soumis à un reconfinement très strict.

Lancées fin janvier, les pré-inscriptions pour la vaccination ont recueilli plus de 100.000 demandes en moins de 24 heures. Les personnels médicaux et les plus de 75 ans seront prioritaires. Le ministère de la Santé a assuré vouloir vacciner 80% de la population d'ici à la fin de l'année, un objectif toutefois jugé peu réaliste par l'ONG Human Rights Watch et des responsables médicaux.

La Colombie

Troisième pays le plus endeuillé d'Amérique latine après le Brésil et le Mexique, avec 53.000 morts, la Colombie ne débutera pas sa campagne de vaccination avant le 20 février. L'opposition et les instances médicales ont vivement dénoncé le "retard" et le "manque de transparence" de la campagne de vaccination de ce pays de 50 millions d'habitants. 

Le président Ivan Duque a assuré fin janvier qu'un million de personnes seraient vaccinées d'ici à la fin mars. Plus de 60 millions de doses ont été commandées à ce jour auprès des grands laboratoires et via le système Covax, selon Bogota.

La Bosnie

État non-membre de l'Union européenne, la Bosnie compte parmi les rares pays européens à n'avoir pas encore commencé sa campagne de vaccination, malgré un des taux de mortalité les plus élevés au monde avec 4.650 décès pour 3,5 millions d'habitants.

Vivement critiqué, le président en exercice de la présidence tripartite bosnienne, Milorad Dodik, a estimé que lui et les autres dirigeants avaient "littéralement été trompés par cette histoire d'approvisionnement via le système Covax", auprès duquel le pays a commandé 1,2 million de doses, désormais pas attendues avant le printemps.

L'entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska, espère pouvoir ouvrir le bal de la vaccination "dans les prochains jours", avec quelque 100.000 doses de vaccin Spoutnik V qu'elle a commandées directement auprès de la Russie. Le gouvernement fédéral, qui attend également 900.000 doses via le système d'approvisionnement de l'UE, a indiqué chercher à commander directement des doses supplémentaires auprès de la Chine, de la Russie et du laboratoire Pfizer.