Des infirmières manifestent à Toulouse, lundi 11 mai, pour davantage de moyens en soutien à l'hôpital public. 1:09
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Des députés de la majorité ont déposé une proposition de loi visant à permettre aux salariés d'offrir des jours de congés aux personnels soignants. Sur Europe 1, l'urgentiste Christophe Prudhomme et le neurologue François Salachas dénoncent une aide beaucoup plus structurelle pour le monde hospitalier en crise.

Ils veulent récompenser l'effort fourni par l'ensemble des personnels soignants pendant la crise du coronavirus : une centaine de députés de la majorité ont déposé une proposition de loi visant à permettre aux salariés du public et du privé d'offrir des jours de congés et de RTT pour les soignants. Mercredi soir, au micro d'Europe 1, Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), a dénoncé une idée "particulièrement irritante".

La majorité "dans le paraître"

Pour le monde hospitalier, "les urgences sont d'avoir des collègues supplémentaires pour pouvoir alléger notre charge de travail au quotidien, donc des embauches et surtout pas des dons de jours de RTT comme ça a été proposé", expose l'urgentiste. Dans la proposition des députés, les jours de congés seraient in fine convertis en chèques vacances pour les soignants.

"Si le gouvernement et les parlementaires ont du temps à consacrer pour le personnel soignant, qu'on engage des discussions et qu'on prenne des décisions", poursuit Christophe Prudhomme. "On est dans le paraître, dans les propositions gadget, et on ne règle pas l'essentiel." 

"Marque de mépris"

Un peu plus tôt, sur Europe 1, le neurologue François Salachas avait lui aussi dénoncé cette proposition : "Sérieusement, ça veut dire qu'en France, il faut faire appel à la solidarité ?", s'est étonné celui qui avait interpellé le président de la République lors de son passage à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, fin février, sur la situation de crise vécue dans l'hôpital public.

Le spécialiste a critiqué "des techniques qui sont de basses communications, de dire 'on va créer un consensus bienveillant et ça va suffire'. Cette solidarité, qui est instrumentalisée, c'est une marque de mépris. Ça induit beaucoup de colère chez les soignants, qui ne sont pas dupes de ce genre de technique."