De nombreux masques artisanaux sont produits par des bénévoles, depuis le début de l'épidémie. 2:23
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Antoine Cuny-Le Callet
Alors que le plan de déconfinement a été présenté et voté, mardi à l'Assemblée Nationale, le professeur Gilbert Deray, chef du service de néphrologie à la Pitié-Salpêtrière à Paris, a partagé ses inquiétudes concernant la distribution de masques. Au micro d'Europe 1 mercredi, il a appelé à lancer une production industrielle et une distribution gratuite.
INTERVIEW

Edouard Philippe a présenté mardi le plan de déconfinement du gouvernement dans le cadre de l'épidémie de coronavirus. Le Premier ministre a notamment annoncé que la France était en mesure de fournir près de 100 millions de masques chirurgicaux chaque semaine et qu'une plateforme de e-commerce serait mise en place à compter du 30 avril pour les distribuer au grand public.

Invité d'Europe 1 mercredi, le professeur Gilbert Deray, chef du service de néphrologie à la Pitié-Salpêtrière à Paris, s'est inquiété de la distribution payante de masques et du respect des normes des modèles artisanaux. "On veut des masques de qualité, faits par des gens formés pour ça, et qu'ils soient distribués !", demande-t-il. 

"Si ces masques sont essentiels, il est logique qu'on les donne à tout le monde" 

"[Une deuxième vague] n'est pas inéluctable", assure le professeur Gilbert Deray, qui juge que les grandes lignes du plan de déconfinement sont les bonnes. Il partage cependant ses préoccupations concernant l'accès de la population aux masques, condition nécessaire afin de se prémunir contre toute résurgence de l'épidémie.

"Si l'on considère que ces masques sont essentiels, et ils le sont, il est logique qu'on les donne à tout le monde." L'éventualité que des familles soient obligées de dépenser jusqu'à 50 euros par mois pour s'équiper en masques est, selon lui, indéfendable. "On sait que des familles ne pourront pas [se le permettre] !"

Inquiétude autour du respect des normes

Les masques artisanaux sont, selon lui, un autre sujet d'inquiétude. S'il salue l'action bénévole de centaines de couturières "aux quatre coins du pays" pour fabriquer des masques dans des ateliers improvisés, le professeur pointe le risque que la production ne respecte pas certaines normes de sécurité. "Les masques dits 'maison' ont quand même des normes : trois couches de coton, une couture qui ne doit pas être sur le milieu", déclare-t-il avant d'ajouter : "si ces masques ne sont pas de qualité, ils vont être inefficaces et cela va être un drame absolu."

Face à ces deux enjeux, le professeur Gilbert Deray appelle le gouvernement à lancer une "fabrication industrielle de masques de qualité" et à leur distribution gratuite.