Coronavirus : "Il va y avoir des drames" à l'hôpital, alerte un médecin anesthésiste-réanimateur

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Antoine Terrel , modifié à

Sur Europe 1, dimanche, le médecin anesthésiste-réanimateur Arnaud Chiche a fustigé la mauvaise gestion par l'exécutif de la crise à l'hôpital, fragilisé par l'épidémie de coronavirus. Alertant sur la fatigue et la détresse des soignants, il prévient : "Il va y avoir des drames". 

C'est un constat très sévère et inquiet, à la fois sur l'action du gouvernement et sur la situation des soignants, qu'a livré Arnaud Chiche, médecin anesthésiste-réanimateur à la polyclinique Hénin-Beaumont (Hauts-de-France), dimanche sur Europe 1. Alors que les hôpitaux font face depuis plusieurs semaines à un nouvel afflux de patients atteints du coronavirus, ces établissements "ne sont pas prêts", prévient celui qui est aussi président du "Collectif santé en danger". 

"Pour être prêt, il aurait fallu identifier les problèmes (…) mettre en rouge les priorités absolues pour ne plus que le problème ne se reproduise et mettre en place des actions correctives. (…) Cette démarche n'a pas existé", regrette le médecin, qui fustige la mauvaise gestion de la crise par le gouvernement, ainsi que l'absence de progrès depuis la première vague. "On est à un stade où on demande aux gens qui sont positifs de venir travailler quand même. Il n'y a pas de réserve", assure-t-il, faisant notamment référence à la situation au CHU de Nantes. Et d'alerter : "Les soignants ne sont pas plaintifs, ce ne sont pas des pleurnichards. Tous les gens qui font ces métiers-là le font parce que c'est leur vocation. Mais on les place dans une situation d'une extrême difficulté. Ils vont essayer de faire face, mais là on tire trop sur la corde".

"Il va y avoir des drames, prévient encore l'invité d'Europe 1. Il y a déjà des drames psychologiques, sociaux dans la vie des soignants. Ces gens là sont complètement isolés. Le gouvernement ne s'en rend absolument pas compte".

"Qu'est-ce qui a été fait depuis mars ?"

Le gouvernement, à l'en croire, a raté sa gestion de crise sur toute la ligne. "Le gouvernement réussit l'exploit ultime d'être plus mauvais pour la deuxième crise que pour la première", estime-t-il ainsi. "Qu'est-ce qui a été fait depuis mars ?", interroge-t-il, regrettant notamment le "mauvais" Ségur de la santé. "Les tests, ça n'a pas été organisé", ajoute-t-il. 

Enfin, Arnaud Chiche souligne un autre aspect de la crise à l'hôpital, moins connu du grand public, à savoir le manque de gants pour les soignants. "Je reçois encore aujourd'hui des messages d'infirmières qui travaillent dans des blocs opératoires et qui me disent : 'Arnaud, s'il vous plaît, parlez des gants'". Et d'insister : "Il manque en France, en octobre 2020, des gants stériles pour faire tourner les blocs opératoires".