Le gouvernement appelle la population à respecter l'isolement en cas de contamination au coronavirus. 1:45
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Le Conseil scientifique a émis plusieurs recommandations, notamment sur l’isolement des personnes contaminées et de leurs cas contacts. Outre la réduction de la quatorzaine à sept jours, il recommande l’adoption de mesures d’aides à domicile. Et appelle également la population à respecter l’isolement.
DÉCRYPTAGE

Le Conseil scientifique le rappelle avec force dans son dernier avis, rendu le 3 septembre et mis en ligne ce mercredi : "l’isolement est un des trois piliers de la stratégie nationale de lutte contre le coronavirus" (tester-tracer-isoler). Le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait déjà annoncé mardi que le Conseil, chargé de conseiller le gouvernement sur la stratégie à mener contre la pandémie, s’était déclaré "favorable" pour raccourcir à sept jours la durée d’isolement des personnes testées positives et de leurs cas contacts, contre 14 actuellement.

Mais le Conseil scientifique a également formulé d’autres recommandations, pointant du doigt au passage les lacunes de la stratégie gouvernementale et n’hésitant pas à critiquer le non-respect des mesures d’isolement par une partie de la population. Voici ce qu’il faut retenir de cet avis qui pourrait déboucher sur de nouvelles décisions à l’issue d’un conseil de défense, vendredi.  

La stratégie gouvernementale critiquée

Le Conseil scientifique n’est pas tendre avec le gouvernement. Dans son avis, il constate "une stratégie d’isolement sans cahier des charges ni budget à l’échelle nationale, des recommandations assez peu relayées auprès du public", ou encore "le manque de données précises sur les conditions et le suivi de l’isolement".

Le manque d’informations du public est particulièrement pointé du doigt. "Le Conseil scientifique a par ailleurs déjà soulevé précédemment que la communication concernant l’isolement était plus faible que celles relatives au masque ou au dépistage, ce qui in fine affaiblit l’ensemble de la stratégie de lutte contre l’épidémie", est-il écrit dans cet avis.

En conséquence, le Conseil demande aux autorités de santé de fournir "une information précise sur le protocole à suivre" et "un important effort de communication". Il recommande également d’associer davantage des membres de la société civile "dans la prise de décision".

Le constat d’un non-respect des mesures d’isolement

Le Conseil scientifique appelle également la population à respecter davantage les mesures d’isolement. Pour appuyer son propos, il cite une enquête réalisée par la Direction générale de la santé, qui a constaté "une augmentation du refus de suivi sanitaire et du non-respect des mesures d’isolement et de quatorzaine par les cas et les personnes-contacts à risque."

Et le Conseil d’insister pour que "chaque français comprenne et puisse appliquer le protocole à suivre en cas de contamination ou de suspicion de contamination."

Pas d’obligation mais un appel à "l’auto-isolement"

Face à ce constat, il n’est pas question pour autant de rendre l’isolement obligatoire à l’heure actuelle. "Le risque est important en cas d’obligation d’isolement de réduire l’adhésion au dépistage et au diagnostic précoce", écrit le Conseil. "Si l’isolement devient obligatoire et qu’une série de mesures contraignantes encadrent cette obligation, le risque d’évitement du dépistage, du diagnostic précoce et de refus est majeur, le partage des informations sur les personnes-contact de la part des cas est en effet important", poursuit cet avis.

Le Conseil scientifique recommande plutôt la promotion de "l’auto-isolement". Il faut selon lui que la priorité soit donnée à l’isolement en famille de l’ensemble des membres du foyer.

Des mesures d’aide pour les personnes isolées

Le Conseil scientifique fait également preuve d’audace en demandant la mise en place de vraies mesures d’aides, le temps de l’isolement, pour inciter à respecter le protocole "d’auto-isolement". Il propose ainsi de prescrire des arrêts de travail pour les salariés, l’annulation du délai de carence habituel dans les cas d'arrêt maladie ou encore une "prime de compensation de perte de revenus" pour les indépendants. Il préconise également des certificats médicaux pour les enfants afin qu’ils justifient leur absence à l’école.

Enfin, le Conseil demande même la mise en place de services à domicile comme il en existe pour les personnes handicapées, avec livraison de nourriture et visite de médecins, infirmières et assistantes sociales en cas de besoin.