Vaccin Coronavirus Covid-19 2:51
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Carole Ferry et Stéphane Place, édité par Mathilde Durand , modifié à
La vaccination contre le nouveau coronavirus pourrait débuter en France dès le début de l'année 2021, et les entreprises se penchent déjà sur la possibilité de proposer les injections à leurs salariés. Logistique, légalité, défiance, Europe 1 fait le point sur les possibilités de ces dernières. 
DÉCRYPTAGE

L'Agence européenne des médicaments (AEM) pourrait donner son feu vert dès le 23 décembre, selon l'Allemagne. La campagne de vaccination contre le Covid-19 pourrait ainsi démarrer au début de l'année 2021 en France, et se dérouler en plusieurs phases, selon les priorités déterminées par la Haute Autorité de Santé (HAS) : d'abord les patients en Ehpad, puis les personnels soignants et les personnes âgées et fragiles. Le sujet intéresse également les entreprises. Certaines commencent à réfléchir à comment organiser les injections pour protéger leurs salariés.

Combattre la défiance

Pour rappel, les entreprises ne peuvent pas contraindre leurs salariés à se faire vacciner. Le gouvernement a rappelé à plusieurs reprises qu'il n'y aurait pas d'obligation vaccinale. Et la France est championne du monde de la défiance. Selon une étude publiée dans la revue EBioMedecine, en septembre dernier, et notamment relayée par Le Mondequatre Français sur dix estiment que les vaccins ne sont pas sûrs, soit trois fois plus que la moyenne mondiale. 

Les entreprises vont donc devoir trouver les arguments. "C'est d'abord leur intérêt, puis le nôtre après. Parce que moins on a d'arrêt maladie, mieux on se porte. Effectivement, on ne peut l'imposer", explique Franck Allard, président du MEDEF, en Gironde, au micro d'Europe 1. Il observe la méfiance à l'égard des vaccins depuis plusieurs années. "A titre d'exemple, chaque année, nous installons un dispositif pour permettre aux salariés d'être vaccinés contre la grippe. Les résultats sont de plus en plus décevants. On a dû commencer avec 20 ou 25% du personnel qui se faisait vacciner il y a une vingtaine d'années et aujourd'hui, on est à 10%. Je crois qu'il faut qu'on incite nos salariés à se vacciner car c'est d'abord une protection pour eux et une protection pour pouvoir travailler." 

Pour inciter les salariés, Franck Allard a, d'ailleurs, une idée : offrir plus de droits à une personne vaccinée. Une exemption de couvre-feu, par exemple. Il n'est pas sûr que ce soit légal, mais c'est une idée.

Des cellules spécialisées mobilisées 

Afin d'anticiper le début de la campagne de vaccination, toutes les grandes entreprises sont en train entre de mettre en place des cellules spéciales pour réfléchir à la façon de procéder. C'est déjà le cas chez EDF, prochainement chez Renault et Total. La direction de la compagnie pétrolière et gazière doit se réunir, dans quelques jours, avec médecins, juristes, et services des ressources humaines du groupe pour définir la méthode à adopter et comment la mettre en place.

Les médecins devront étudier les différents vaccins existants, tandis que les juristes éplucheront les textes pour voir ce qui sera ou non autorisé en France, mais aussi à l'étranger. Parce que tous ces grands groupes sont implantés à l'international. Et dans certains pays, les campagnes de vaccination sont plus avancées. A l'instar de la Chine ou du Maroc, par exemple. "On a pas mal d'expatriés qui nous appellent en ce moment parce qu'ils n'ont pas du tout envie de recevoir un vaccin russe ou chinois", confie un médecin de l'entreprise.

Infirmières et médecins, directement sur site ? 

Actuellement, seuls les gouvernements sont autorisés à passer des commandes de vaccins. Si rien n'est encore décidé quant à la possibilité des entreprises de vacciner ou de se procurer des doses, il serait logique que les médecins du travail ou des sociétés spécialisées se déplacent directement sur sites. C'est déjà le cas pour les injections contre la grippe ou encore plus récemment, pour la réalisation de tests antigéniques.

Florence Herry est la présidente de "Libheros", un réseau de 16.000 infirmières libérales. Actuellement, elle conseille les entreprises sur les modes de stockage des vaccins, afin d'anticiper la logistique. "Chaque laboratoire pharmaceutique a développé un vaccin différent, donc il faut tenir chacun à température différente. Une question se pose : 'je suis une entreprise, je n'ai pas de frigo, quel type de frigo dois-je acheter ? A quel endroit le mettre ? Qui est garant de la vérification des frigos ?", énumère-t-elle.

"On est en train de réfléchir - notamment avec une entreprise qui créée des mallettes réfrigérantes - pour savoir dans quelle mesure ce ne serait pas plutôt les infirmiers qui puissent se déplacer au sein d'entreprises et qui puissent transporter et maintenir les vaccins anti-Covid, ce qui permettrait à des entreprises de plus petite taille de proposer la vaccination à leurs employés", propose Florence Herry. Dans tous les cas, une parfaite traçabilité sera exigée pour savoir, en toute transparence, comment chaque vaccin a circulé et comment il a été administré.