La dexaméthasone va provoquer un amélioration du syndrome de détresse respiratoire aiguë en faisant baisser la réaction inflammatoire. (Photo d'illustration) 4:38
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Ugo Pascolo , modifié à
Invité d'Europe 1 ce mercredi, le chef du service de réanimation médicale à l'hôpital parisien Lariboisière, Bruno Megarbane, revient sur le nouvel espoir de traitement des patients gravement atteints du Covid-19, la dexaméthasone. Il détaille notamment son effet sur l'organisme et explique pourquoi il peut être utile.

C'est un nouvel espoir pour guérir les patients gravement atteints du coronavirus. Selon les premiers résultats de l'essai clinique britannique Recovery, un médicament de la famille des stéroïdes, la dexamethasone, réduit d'un tiers la mortalité chez les malades. Une "percée scientifique" saluée notamment par l'OMS, qui permettrait d'éviter une mort sur huit d'après les responsables de l'essai. Mais qu'est-ce qu'exactement la dexamethasone ? Il y a-t-il des effets secondaires ? Peut-on généraliser le traitement ? Autant de questions auxquelles répond ce mercredi sur Europe 1 Bruno Megarbane, chef du service de réanimation médicale à l'hôpital parisien Lariboisière. 

Un médicament utilisé depuis des "dizaines d'années"...

Utilisée "depuis des dizaines d'années dans différentes maladies et en réanimation pour traiter le syndrome de détresse respiratoire aiguë", la dexaméthasone pourrait être la planche de salut des patients gravement atteints par le coronavirus. C'est-à-dire les malades "en phase 2, au moment où le virus atteint les poumons, où une réaction immunitaire extrêmement importante entraîne un manque d’oxygène" et provoque un syndrome de détresse respiratoire aiguë, explique le spécialiste. Ce traitement est donc réservé à un moment bien particulier du développement de la maladie, lorsque cette dernière s'aggrave, entre "j+8 et j+10 après les premiers symptômes". 

... qui diminue les défenses immunitaires

Concrètement, la dexaméthasone va baisser les défenses immunitaires du patient intubé et ventilé en réanimation "pour diminuer la réaction inflammatoire excessive de l'hôte qui essaye des se défendre contre le Covid-19". D'ailleurs, les médecins n'ont pas attendu les résultats prometteurs de l'essai Recovery pour utiliser ce médicament, puisque "l'ensemble des patients qui étaient admis à Lariboisière en réanimation à cause du coronavirus l'on reçu lors de l'épidémie [le pic épidémique, ndlr] des mois de mars et avril", confirme Bruno Megarbane. 

Mais la dexaméthasone n'est pas un remède miracle, et entraîne des effets secondaires intrinsèques à son action sur l'organisme. Ainsi, sa prise augmente le risque de développer des "infections bactériennes ou des champignons", puisque les défenses immunitaires sont volontairement affaiblies. Néanmoins, le chef de service l'assure, "le risque est inférieur aux bénéfices attendus dans le traitement du Covid-19 grave". Il ne voit donc aucune raison de ne pas généraliser la dexaméthasone pour ces cas précis "après avoir écarté une éventuelle contre-indication au médicament".