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Anne Le Gall et Rémi Duchemin , modifié à
A partir de jeudi, les médecins généralistes pourront administrer un vaccin contre le coronavirus dans leur cabinet. Cette nouvelle étape qui sera, comme les autres très progressive, réclame de l’organisation et de la pédagogie, notamment sur l’efficacité du sérum d’AstraZeneca.
DÉCRYPTAGE

La campagne de vaccination contre le coronavirus va entrer dans une nouvelle phase jeudi en France. Les médecins généralistes pourront à leur tour administrer des doses dans leur cabinet. Une bonne nouvelle, alors que la situation épidémique reste très préoccupante. Deux millions de Français, âgés de 50 à 64 ans et souffrant de comorbidité, sont potentiellement concernés par cette nouvelle étape, qui s’annonce progressive. Et qui nécessitent, pour les médecins de ville, pas mal d’organisation et beaucoup de pédagogie, notamment sur le vaccin d’AstraZeneca, le seul mis à leur disposition.

"Il faut absolument regrouper les rendez-vous"

Ils disposent, a priori, d'un peu de temps, encore, car tout cela va démarrer doucement. Les médecins vaccinateurs, qui sont au nombre de 29.000 volontaires à ce stade, ne pourront en effet retirer, dans un premier temps, qu'un seul flacon du sérum AstraZeneca chacun. Cela correspond à 10 doses, qu'ils vont administrer aux patients qu'ils identifient comme étant les plus à risque de formes graves. "Un choix relativement simple", témoigne sur Europe 1 Jean-Paul Hamon, président d'honneur de la Fédération des médecins de France. "J'ai pris les personnes qui étaient prises en charge à 100% pour des pathologies comme le diabète, qui ont des affections cardiaques, pulmonaires, des personnes obèses."

Au total, cela fait en moyenne 40 à 50 patients par généraliste, estime le docteur Jacques Battistini, président de MG France. Lui aussi a lui-même identifié les patients concernés à partir de ces fichiers et planifié les vaccinations sur une demi-journée en fin de semaine. "Il faut absolument regrouper les rendez-vous, parce qu’en fait le vaccin ne se garde pas très longtemps à température ambiante : six heures si on ne le remet pas au frigo, et ça nécessite donc d’organiser, sur une demi-journée, les vaccinations à la suite les unes des autres", explique le médecin.  

Les patients identifiés sont "contents de se faire vacciner"

Et cette injection est plutôt bien accueillie. "J'ai donné une liste de 25 patients à ma secrétaire et je les ai fait appeler. Ça n'a pas été simple parce qu’on est en période de vacances", raconte Jean-Paul Hamon. "Il y a eu 11 personnes qui ont répondu, dont une qui ne voulait pas de vaccin. Mais tous les autres étaient d'accord et étaient même contents de se faire vacciner."

Rien à voir donc avec la défiance qui existait avant Noël, et ce même si le vaccin réservé aux généralistes, celui d’AstraZeneca en l’occurrence, suscite des interrogations. "Il y a des inquiétudes et des réticences, mais il y a une étude écossaise qui vient de sortir et qui, je pense, va avoir de la publicité qui montre que le vaccin AstraZeneca sera efficace à 90 ou 92%, ce qui est très bien", répond Jean-Paul Hamon.

"On va très vite être obligé de choisir d’autres catégories de personnes"

Quant aux effets secondaires parfois constatés, le médecin les relativise largement. "C’est un type de syndrome grippal avec 38-39 degrés de fièvre, des courbatures, mais qui ne résiste pas à un peu de paracétamol", assure-t-il. "Et on a remarqué que les gens qui faisaient des réactions fortes, fébriles, étaient plutôt des sujets jeunes. Je n'ai aucune inquiétude sur ce vaccin." Et d'ajouter : "Les médecins sont dans un processus d'explication". 

Cette nouvelle phase de la vaccination suscite un autre espoir : que la population générale puisse rapidement être impactée. Car même si les doses arrivent au compte-goutte, les profils prioritaires définis pour les médecins généralistes ne sont pas légion. "Les personnes qui ont des comorbidités sur une patientèle comme la mienne, qui comporte 2.400 patients, c’est à peu près une centaine de personnes", témoigne Jean-Paul Hamon. "Donc même si, la semaine prochaine, on m’a promis royalement trois flacons, on va très vite être obligés de choisir d’autres catégories de personnes. Je pense que d'ici une quinzaine de jours, après la troisième série de vaccination, on pourra commencer à vacciner des personnes saines."