Même s'ils ont quitté les services de réanimation, le parcours hospitalier des patients guéris du Covid-19 peut encore s'avérer très long. (Image d'illustration) 2:00
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, édité par Romain David , modifié à
Le service post-réanimation à l’hôpital Raymond-Poincaré à Garches s'occupe de patients atteints du Covid-19 mais qui sont considérés comme tirés d'affaire. Pour autant, le parcours de ces malades, dont certains ont passé plusieurs semaines dans le coma, s'annonce encore long et pénible.
REPORTAGE

Même si, depuis lundi, la France est déconfinée, les appels à la prudence et à respecter les mesures barrières sont toujours aussi nombreux. Selon les derniers chiffres publiés jeudi soir, 2.299 patients sont encore dans les services de réanimation en France à cause du coronavirus. Un peu plus d’un patient sur deux sortira vivant de cette épreuve, parfois très longue. Mais une fois tiré d’affaire, hors de question de rentrer chez soi directement. Il faut en effet plusieurs semaines pour apprendre à respirer normalement et pour pouvoir remarcher.

Le service post-réanimation à l’hôpital Raymond-Poincaré à Garches, en banlieue parisienne, s’occupe notamment de ces patients qui ont échappé au pire. Europe 1 s'est rendue sur place.

Réapprendre le moindre geste

À chaque fois qu’on lui enlève la ventilation pour respirer tout seul, Jacques souffre énormément. Il a passé quatre semaines dans le coma et depuis, cet homme de 69 ans doit tout réapprendre. Impossible d’écrire, ses mains tremblent trop. Il tente de parler, mais sa voix est à peine audible. Les aides-soignants l’installent sur un fauteuil au terme de laborieux efforts, tant chaque geste paraît insurmontable.

Puis Vincent Delord, infirmier spécialisé en ventilation, le peigne. Dans quelques heures, ce patient a rendez-vous avec sa famille pour un premier appel vidéo. "Il est compliqué de voir un papa, un époux, une épouse ou une mère avec un trou dans la gorge pour respirer. Si vous l’avez un peu préparé, coiffé, c’est plus rassurant", nous explique l’infirmier.

"Les médecins ont fait un travail formidable"

Ce service de sevrage ventilatoire, c’est Hélène Prigent, physiologiste respiratoire, qui l’a mis sur pied pendant la crise. Et tous les jours, elle suit les petits pas des patients avec beaucoup d’émotion. "On a l’impression d’avoir de la chance, on intervient à une période très positive. On aide des patients à avancer. Ils sont sortis de réanimation, et on les accompagne sur chaque progrès."

Jean est un autre survivant : 42 ans, une carrure de rugbyman et pourtant il n’a pas échappé à la maladie. Après 40 jours dans le coma, il termine sa rééducation, très reconnaissant envers le personnel hospitalier. "J’ai failli mourir, mes jours étaient comptés", souffle-t-il. "Les médecins ont fait un travail formidable, ils m’ont sauvé la vie !" Il doit sortir dans quelques jours et n’a qu’une crainte, que la population ne respecte pas suffisamment les mesures barrières et que les services de réanimation se remplissent à nouveau.