Le chef de l'Etat a réaffirmé devant les ténors du gouvernement sa volonté d'aplanir la situation (Illustration). 1:23
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avec AFP , modifié à
A la veille de la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le chef de l'Etat a assuré lundi vouloir "continuer à tendre la main" aux syndicats. Emmanuel Macron exclut par ailleurs toute mise "en pause" de cette réforme et reste inflexible sur le report de l'âge légal de 62 à 64 ans.

Englué dans la crise, Emmanuel Macron a assuré lundi vouloir "continuer à tendre la main" aux syndicats, sans toutefois remettre en cause sa réforme des retraites, à la veille d'une dixième journée de mobilisation sur fond de polémique sur les violences entre policiers et manifestants. Inflexible sur le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans rejeté unanimement par les syndicats, le chef de l'Etat a réaffirmé devant les ténors du gouvernement et les dirigeants de son camp réunis pour un déjeuner à l'Elysée sa volonté d'aplanir la situation.

Pas de mise en "pause" de la réforme

"Il faut continuer à tendre la main aux forces syndicales", a-t-il dit selon des propos rapportés par un participant. Mais le président veut leur parler des conditions de travail - de la pénibilité à l'emploi des seniors en passant par les reconversions -, sans accéder à la demande du secrétaire général de la CFDT Laurent Berger de mettre sur "pause" la réforme pendant six mois.

Or le leader syndical a de nouveau prévenu lundi : il n'acceptera cette "main tendue" que si le gouvernement met "de côté pour l'instant la réforme". Il a assuré à l'AFP avoir formulé la même réponse au secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, qui l'a appelé la semaine dernière pour "échanger sur l'ambiance". "De fait le texte est en pause le temps de l'examen par le Conseil constitutionnel", a expliqué le participant au déjeuner élyséen, jugeant que l'idée était de "mettre à profit" ce délai de trois à quatre semaines pour "évoquer ces sujets" annexes.

Une séquence de consultations ouverte par Élisabeth Borne

Élisabeth Borne avait déjà tenté dimanche de prôner l'apaisement. Il faut être à l’écoute" de cette "tension" en lien avec la réforme, a-t-elle reconnu. La Première ministre s'est fixé deux objectifs : "Apaiser le pays face à ces tensions et accélérer les réponses aux attentes des Français."

Pour ce faire, elle a ouvert lundi une vaste séquence de consultations étalées sur trois semaines, avec les parlementaires, les partis politiques, les représentants d'élus locaux et les partenaires sociaux s'ils le souhaitent. Ce "plan d'action" a d'abord été détaillé à Emmanuel Macron puis aux cadres de la majorité relative et quelques membres de gouvernement.

Selon le même participant au déjeuner à l'Elysée, le président "lui a demandé d'essayer d'élargir la majorité en menant des consultations aux bords de la majorité actuelle", texte par texte, partant du constat qu'il serait difficile d'embarquer des formations politiques entières ou de bâtir une coalition stable. Dans cette réunion, la Première ministre a dit vouloir "proposer un contrat de méthode" aux contours encore flous.

Mobilisation de la jeunesse

Emmanuel Macron s'en est par ailleurs pris à La France insoumise, l'accusant de vouloir "délégitimer l'ordre raisonnable" et les "institutions", et de préparer la "délégitimation du Conseil constitutionnel" au cas où il validerait la réforme. Il a aussi appelé à "condamner les violences de manière très très ferme", selon ce participant. Dans l'immédiat, les syndicats, unis contre la réforme, préparent une nouvelle journée d'actions, la 10e contre le texte.  

Selon une information Europe 1, le renseignement territorial estime que "650.000 à 900.000 personnes défileront partout en France mardi, dont 70.000 à 100.000 personnes à Paris". Une autre source policière prévoit "un doublement, voire un triplement" de la présence des jeunes dans les cortèges, notamment mobilisés sur la question des violences policières.

Les précédentes manifestations ont été émaillées d'incidents violents, avec 457 interpellations et 441 policiers et gendarmes blessés, le 23 mars. Une enquête judiciaire a notamment été ouverte après les menaces et intimidations proférées par des policiers contre de jeunes manifestants à Paris et révélées dans un enregistrement sonore. 

Alors que le Conseil de l'Europe a parlé d'un "usage excessif de la force", le terrain des affrontements s'est déplacé samedi à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, où une manifestation contre les bassines a fait des dizaines de blessés du côté des forces de l'ordre comme des manifestants. Un manifestant était entre la vie et la mort dimanche. Le 23 mars, les manifestations ont rassemblé en France entre 1,09 million (Beauvau) et 3,5 millions (CGT). L'exécutif s'attendait à une décrue de la contestation.