Nicolas Hulot 0:56
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Mathilde Durand , modifié à
Le plan de relance présenté par le gouvernement propose une enveloppe de 7 milliards d'euros sur dix ans pour le développement de la filière hydrogène. Nicolas Hulot, ex-ministre de la Transition écologique, salue cette mesure sur Europe 1, mais déplore que le plan ne propose pas plus de solutions à long terme. 
INTERVIEW

Trente milliards. C'est la somme consacrée à la transition écologique dans le plan de relance présenté jeudi par le gouvernement. La filière de l'hydrogène bénéficiera notamment d'une enveloppe de 7 milliards d'euros sur dix ans pour se développer, dont deux injectés immédiatement. Un investissement que salue Nicolas Hulot, ex-ministre de la Transition écologique, sur Europe 1. Lors de sa nomination, le créateur de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme avait déjà présenté un plan en faveur de cette nouvelle énergie. "J'avais arraché difficilement 100 millions d'euros, ce qui n'était pas suffisant", se souvient-il. "Là je vois qu'il y a deux milliards et très sincèrement, je salue cela", a-t-il ajouté au micro de Patrick Cohen.

L'hydrogène, un enjeu important

"C'est un des rares engagements du plan de relance qui va au delà de 2022 et c'est important, car la mutation et la transition du modèle sociétal et économique ne va pas se faire en deux ans", ajoute Nicolas Hulot, venu présenter son nouvel ouvrage D'un monde à l'autre. Le temps des consciences, écrit avec Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue, aux éditions Fayard. "Un des défauts de ce plan de relance, c'est peut-être de ne pas voir au-delà [des années, ndlr] 2020", renchérit Nicolas Hulot.

"Je pense qu'à terme, très rapidement, dans les flottes de camions, de véhicules municipaux, les trains sur les petites lignes, probablement dans l'aviation, la marine, l'hydrogène va pouvoir jouer un rôle très important pour décarboner les transports", poursuit-il. "Deux milliards, il est temps parce que sinon, nous allons perdre la main sur ces sujets-là et cela va faire partie des technologies de pointe sur lesquelles on va pouvoir réindustrialiser la France." 

Des objectifs à évaluer régulièrement 

Le retour du commissariat au plan est également une initiative saluée par Nicolas Hulot et Frédéric Lenoir, également invité de Patrick Cohen. Tous deux appelaient à un retour à la planification pour "anticiper ceux qui vont avoir à muter et ne laisser personne sur le chemin."

Quant à l'enveloppe massive destinée à la formation dans le cadre du plan de relance, l'ancien ministre espère qu'elle sera tournée "vers les métiers de demain".

Nicolas Hulot salue enfin l'investissement à destination de la rénovation énergétique, tout en déplorant la faiblesse des mesures sur le volet de l'agriculture ou encore le manque de couverture de certains secteurs. "Qu'est ce qu'on fait des 70 autres milliards ?", s'interroge également l'écologiste. "Est-ce qu'ils sont antinomiques avec la transition écologique ou est ce qu'ils sont cohérents ? C'est sur la cohérence que l'on pourra juger de la pertinence de ce plan." 

Dans leur ouvrage commun, Nicolas Hulot et Frédéric Lenoir s'interrogent, aussi, sur ce qui ne fonctionne pas dans la démocratie française actuelle. "Parfois on n'a pas les moyens de tenir ses promesses", souligne Nicolas Hulot. Sur le plan de relance, il plaide pour une évaluation des objectifs fixés par le gouvernement "au fil de l'eau", par la Convention citoyenne. "Il faut changer la méthode mais pour cela, il faut des lieux de réflexion, d'évaluation, prendre le temps de faire des pauses", assure-t-il. 

Retrouvez ici l'intégralité de l'interview de Nicolas Hulot et Frédéric Lenoir, à l'occasion de la sortie de leur ouvrage D'un monde à l’autre. Le temps des consciences aux éditions Fayard :