La communication de crise d'Emmanuel Macron interroge. 1:25
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Jean-Rémi Baudot, édité par Margaux Baralon , modifié à
En pleine crise du coronavirus, le chef de l'État s'échine à prendre de la hauteur, à donner le cap. Mais dans les faits, il est éclipsé par le trio composé d'Edouard Philippe, d'Olivier Véran et de Jérôme Salomon. Au point que sa communication interroge jusque dans les rangs de la macronie.
ANALYSE

"Il occupe le terrain, sa parole est bien dans l'esprit des Français." Pour une ministre, il n'y a aucun doute à avoir sur la communication d'Emmanuel Macron en pleine crise du coronavirus. Le chef de l'État veut donner le cap, après avoir parlé de guerre et annoncé un plan pour l'hôpital. À lui, donc, la vision et la hauteur. "Il parlera quand il aura des choses à dire", ajoute un proche. En l'occurrence, lundi soir, après 20 heures, pour une quatrième allocution depuis les premières mesures de confinement.

Le trio Philippe/Véran/Salomon prend la lumière

Mais si, pour ses proches, Emmanuel Macron reste le maître du jeu, sa position n'en reste pas moins difficile. Aux yeux de nombreux Français, ce n'est pas lui mais bien le trio Edouard Philippe, Olivier Véran (ministre de la Santé) et Jérôme Salomon, Directeur général de la Santé, qui fait tourner la machine.

Le premier "gère la crise au quotidien", certifie un ministre. C'est lui qui s'est livré à un exercice de pédagogie d'1h30 la semaine dernière à la télévision. Lui, aussi, qui a pris la parole maintes fois sur les plateaux des journaux télévisés. Olivier Véran et Jérôme Salomon, eux, sont en première ligne tous les soirs pour annoncer le bilan quotidien de l'épidémie et répondre aux questions des journalistes.

"La hauteur, cela a ses limites"

Résultat : la hauteur que tente de prendre Emmanuel Macron ne marque pas toujours les esprits. "Si la vision, c'est dire qu'on est en guerre à la télévision un soir et faire des selfies en Seine-Saint-Denis un autre jour, c'est très curieux", lâche un macroniste. Une allusion au déplacement effectué par le président mardi, à Pantin, pendant lequel s'est formé sur son passage un attroupement, au mépris des règles de confinement et de distanciation sociale.

Emmanuel Macron est à la manœuvre, mais doit-il revoir sa manière de communiquer ? "On ne voit pas où il veut aller", soupire un conseiller ministériel. À l'Élysée, un collaborateur le reconnait : "La hauteur, cela a ses limites. Dans une crise, il faut aussi que les problèmes soient résolus."