assemblée nationale 2:09
  • Copié
Victor Pourcher, édité par Gauthier Delomez , modifié à
Les tensions sont montées d'un cran autour des députés, notamment dans le contexte du vote du projet de loi instaurant le pass vaccinal. Depuis le début de l'année 2022, déjà 28 d'entre eux ont reçu des menaces de mort par mail, sans compter les courriers ou encore les dégradations. Europe 1 a rencontré des députés victimes d'intimidations.

Le constat des principaux concernés est clair : les menaces augmentent en nombre et en intensité. Parmi eux, le député LREM Jacques Maire a lui-même été touché. La police patrouille désormais régulièrement autour de son domicile. En cause, pour lui : les tensions liés à la crise sanitaire. "Je ne connais pas les gens qui m’ont menacé de mort, mais j’ai vu des gens qui ont pété les plombs alors que, deux ans avant, je n’aurais jamais parié qu’ils puissent arriver à ce type d’extrémités", témoigne-t-il au micro d'Europe 1.

Depuis le début de l'année 2022, 60 députés ont reçu des menaces de mort par mail, sans compter les courriers ou encore les dégradations. Des faits qui interviennent dans le contexte du vote du pass vaccinal, qui mobilise des milliers de manifestants partout en France.

Des appréhensions pour les familles

Luc Geismar, député Modem de Loire-Atlantique, a lui été victime d’une menace plus sordide. La veille de Noël, la gendarmerie reçoit un appel et indique le corps d’un adolescent à son adresse. Des agents débarquent alors chez lui en son absence pensant y trouver le cadavre de son fils.

"J’ai été quand même choqué !", avoue le député sur Europe 1. "Évidemment toutes les discussions du réveillon tournaient autour de ces menaces", explique-t-il. Et au-delà de la politique, il reste encore les appréhensions de la famille et du quotidien : "Cette semaine, j’ai vidé ma boite aux lettres et j’ai trouvé un colis. Je me suis posé des questions que je ne me posais pas avant. Est-ce que je dois l’ouvrir ? D’où vient-il ? Pour savoir si je pouvais considérer ce colis comme un colis sûr".

Autre illustration, Sabine Van Heghe, sénatrice PS du Pas-de-Calais. Avec son groupe, elle était plutôt favorable à l’obligation vaccinale. Quelques semaines plus tard, elle reçoit un courrier chez elle : son visage, une tête de mort et la mention "Nous n’oublierons pas". Si elle condamne évidemment ces menaces, elle en trouve "la raison la plus plausible" dans "l’arrogance" et les "provocations" de certaines paroles présidentielles et ministérielles.

"Les appréhensions restent. Nous n’avons pas été élus pour se faire insulter comme cela ! Maintenant chez nous, nous nous sentons menacés, dans notre propre vie personnelle et c’est tout à fait insupportable", souffle-t-elle au micro d'Europe 1.

Résister à la pression au moment du vote

Ces députés l’assurent : ces pressions n’ont et n’auront aucun effet sur leur choix dans l’hémicycle. Sacha Houlié, député LREM de la Vienne, aussi victime, raconte : "Vous ne vous dites pas que vous risquez de vous faire casser la figure, de vous faire bruler votre permanence ou de vous faire dégrader votre domicile avant d’appuyer sur le bouton. C’est pour cela que c’est totalement inutile et débile. Ce texte, vous le votez parce que vous y croyez ou pas".

Le risque pour ces députés est que les menaces se transforment en attaques physiques. Entre janvier et novembre dernier, 162 parlementaires ont été victimes d’agressions, soit presque 50% de plus que l’année précédente. Face à la multiplication des agressions, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand réunit ce mardi soir le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et le garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti, pour évoquer la réponse judiciaire à apporter. Le Premier ministre Jean Castex a quant à lui jugé "inadmissible" lundi soir de s'en prendre "à de courageux élus de la République".

Violences contre les élus : 300 plaintes déposées, selon Gérald Darmanin

Plus de 300 plaintes pour "menace de mort" déposées par des élus nationaux ou "qui passent dans les médias" ont été déposées, a déclaré mardi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, sans préciser la période sur laquelle ce chiffre a été enregistré. "Dans ce cadre particulier des antivax, il y a énormément de dépôts de plaintes pour menaces", a déclaré le ministre sur RTL.