Présidentielle : revivez la soirée du premier tour de l'élection

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Ugo Pascolo, avec AFP , modifié à
Selon les estimations de fin de soirée, Emmanuel Macron est au second tour avec 27,9% des voix, devant Marine Le Pen avec 23,3% des voix. L'abstention est comprise entre 26% et 28,3%. Valérie Pécresse a indiqué qu'elle allait voter pour Emmanuel Macron, tandis qu'Anne Hidalgo et Fabien Roussel ont appelé à voter pour le président sortant.

Comme annoncé dans de nombreux sondages, Emmanuel Macron est au second tour de l'élection présidentielle avec Marine Le Pen. Le président sortant recueille 27,9% des voix selon les estimations de fin de soirée. De son côté, la candidate du Rassemblement national a pu compter sur 23,3% des voix du corps électoral. La grande majorité de la classe politique a appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle face à Marine Le Pen, qui a de son côté reçu le soutien d'Eric Zemmour.

Les principaux points à retenir : 

  • Emmanuel Macron est au second tour avec Marine Le Pen
  • Le PS et le LR à leurs plus bas historiques pour une présidentielle
  • Jean-Luc Mélenchon dénonce un "état d'urgence politique" 
  • Marine Le Pen promet de remettre "la France en ordre en cinq ans"
  • Éric Zemmour appelle à voter pour Marine Le Pen
  • Anne Hidalgo, Yannick Jadot, et Fabien Roussel appellent à voter Emmanuel Macron

Macron en tête au premier tour devant Marine Le Pen

Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affronteront au second tour de l'élection présidentielle, avec un net avantage au président sortant crédité de 27 à 29,5% des suffrages devant la candidate du RN, donnée à 23/24% à l'issue du premier tour dimanche. Après des mois d'une campagne atypique qui a peu mobilisé, l'abstention a été plus élevée qu'il y a cinq ans, entre 26 et 29%, selon les instituts de sondage.

Avec la troisième place de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon (20/21%), ce scrutin confirme l'écroulement des deux partis ayant gouverné la France de la Ve République jusqu'en 2017, qui réalisent le pire score de leur histoire : Valérie Pécresse (LR) autour de 5% des suffrages et Anne Hidalgo (PS) avec 2%. Malgré son score élevé, proche de celui de 2017 (19,58%), Jean-Luc Mélenchon, lui, n'a finalement pas réussi son défi de capitaliser sur l'argument du vote utile face à l'extrême droite pour se hisser au second tour. Pour sa troisième campagne présidentielle, le chef de file des Insoumis a toutefois réussi à prendre le leadership à gauche.

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"Rien n'est joué" lance Emmanuel Macron 

Emmanuel Macron a appelé à l'issue du premier tour de la présidentielle, à fonder au-delà des "différences" "un grand mouvement politique d'unité et d'action" et dit vouloir "tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France". "J'appelle tous ceux qui depuis six ans et jusqu'à ce soir se sont engagés pour travailler à mes côtés à transcender leurs différences pour se rassembler en un grand mouvement politique d'unité et d'action pour notre pays", a-t-il déclaré depuis son QG électoral, en présence de plusieurs figures de la macronie, dont le Premier ministre Jean Castex.

"Dans ce moment décisif pour l'avenir de la nation, plus rien ne doit être comme avant. C'est pourquoi je souhaite tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France", a-t-il poursuivi, sous les cris de "Macron président!". "Je suis prêt à inventer quelque chose de nouveau pour rassembler les convictions et les sensibilités diverses afin de bâtir avec eux une action commune au service de notre nation pour les années qui viennent. C'est notre devoir", a-t-il ajouté.

Il a également remercié ses adversaires qui lui ont "apporté leur soutien", citant Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Valérie Pécresse et Fabien Roussel. Il a noté que certains se positionnent "pour faire barrage à l'extrême droite" et s'est dit "pleinement conscient que cela ne vaudra pas soutien du projet" qu'il porte, citant le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon. Le candidat devrait faire son premier déplacement d'entre-deux tours dans les Hauts-de-France lundi, dans l'Est mardi et tenir un meeting à Marseille samedi, sauf changements, selon son entourage.

D'après la même source, l'objectif est de "viser l'écart le plus large possible" avec Marine Le Pen le 24 avril, le souhait étant d'atteindre "60-40". "Nous sommes confiants au vu des appels à voter Emmanuel Macron ce soir, en particulier Jean-Luc Mélenchon, 1.000 fois plus clair qu'en 2017".

Marine Le Pen promet de remettre "la France en ordre en cinq ans"

Marine Le Pen a de son côté pris la parole à son QG de campagne au cours de la soirée pour motiver ses troupes. "Le peuple français me fait l'honneur d'être qualifiée au second tour", a commencé par déclarer la candidate du RN. Dans son score, estimé autour de 24%, Marine Le Pen voit "l'espoir que se lèvent les forces de redressement du pays". "Le 24 avril est un choix de société, et même de civilisation". Après avoir affirmé qu'elle remettrait "la France en ordre en cinq ans", si elle est élue, l'ex-présidente du RN a appelé "tous les Français de toutes les sensibilités, de droite de gauche et d'ailleurs, de toutes origines à rejoindre ce grand rassemblement national et populaire"

"Vous ne devez pas donner une voix à Madame Le Pen !", martèle Jean-Luc Mélenchon 

Après avoir dénoncé un "état d'urgence politique", Jean-Luc Mélenchon a appelé ses électeurs à ne "pas donner une seule voix" à Marine Le Pen. "Nous savons pour qui nous ne voterons jamais", a-t-il lancé depuis son QG, répétant à trois reprises : "Il ne faut pas donner de voix à Mme Le Pen!" "Je crois que le message, pour cette partie, a été entendu", a-t-il conclu à ce sujet.

"Je connais votre colère. Ne vous abandonnez pas à ce qu'elle vienne à vous faire commettre des erreurs qui seraient définitivement irréparables", a poursuivi Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième lors de ce premier tour avec environ 20% des voix, selon les estimations. "Comme je vous l'ai dit il y a cinq ans, vous souvenez-vous qu'il y ait eu quelque dégât après notre déclaration? Pour qui prendrait-on les Français ? Ils sont capables de savoir quoi faire. Ils sont capables de décider ce qui est bon pour le pays", a-t-il estimé, faisant allusion à sa consigne de vote similaire en 2017.

"Ceci posé, ne nous cachons pas la violence de la déception", a-t-il dit à propos de son propre score, meilleur qu'en 2017. "Elle est d'abord en pensant à tout ce qui aurait été entrepris et qui ne le sera pas". "Mais en même temps, comment se cacher (...), aussi, la fierté du travail accompli ? Le pôle populaire existe ! Si nous n'y étions pas, que resterait-il ? Qu'aurions-nous ? Rien ! Et nous avons construit cette force", a-t-il estimé. "Alors bien sûr, les plus jeunes vont me dire : eh bien, on n'y encore est pas arrivé! C'est pas loin...", a lancé Jean-Luc Mélenchon. "Je n'ai bonne mine, ni envie d'être réconforté (...) La lutte continue".

Éric Zemmour assume "toutes [ses] erreurs" et appelle à voter pour Marine Le Pen

Crédité de 7% le candidat Reconquête ! a pour sa part Eric Zemmour a remercié les "plus de deux millions" de personnes qui ont voté pour lui. Sous les applaudissements, il affirme qu'il continuera "de défendre la France et nos idées. Je prends chacune de nos voix comme le cri d'un peuple qui ne veut pas mourir. [...] Mon message a été entendu, votre voix ne pourra plus jamais être négligée, quelle que soit l'issue du second tour. Nos idées valent plus que notre score d'aujourd'hui. J'ai commis des erreurs, je les assume toutes, j'en porte l'entière responsabilité."

Face à ses soutiens, l'ex-journaliste a lancé "nous avons construit le plus grand parti de France". Avant de continuer : "Je ne me tromperai pas d'adversaire, j'appelle mes électeurs à voter pour Marine Le Pen. Il y a quelque chose de beaucoup plus grand que nous tous et c'est la France. Je sais que certains de nos électeurs ne voudront pas voter pour elle. Je ne les juge pas car j'ai accepté les différences au sein de l'union des droites. Certains auraient voulu que je négocie ces Quelques mots, mais je ne suis pas un marchand. […] Je me suis présenté par sens de la France, parce que le duel annoncé depuis cinq ans me paraissait mener à l'échec de nos idées, je prie aujourd'hui le ciel de m'être trompé."

Valérie Pécresse va voter Emmanuel Macron 

Avec un score au plus bas pour son parti pour une élection présidentielle, la candidate LR, Valérie Pécresse, a dit assumer "en toute responsabilité [sa] part dans cette défaite" et a indiqué qu'elle allait voter "en conscience" pour Emmanuel Macron.

Dupont-Aignan votera pour Marine Le Pen

Sur Twitter, le leader de Debout la France !, Nicolas Dupont-Aignan, a indiqué qu'il voterai pour Marine Le Pen. "J’appelle les Francais à tout faire pour faire barrage à Macron. C’est pourquoi je voterai Marine Le Pen"

Hidalgo, Roussel et Jadot appellent à voter Emmanuel Macron

La candidate du parti socialiste Anne Hidalgo a appelé dimanche à voter "contre l'extrême droite de Marine Le Pen" lors du second de tour de l'élection présidentielle le 24 avril, après un plus bas historique du PS à 1,9%. "Pour que la France ne bascule pas dans la haine de tous contre tous, je vous appelle avec gravité à voter le 24 avril contre l'extrême droite de Marine Le Pen en vous servant du bulletin de vote Emmanuel Macron", a-t-elle déclaré depuis son QG de campagne.

Quelques minutes plus tard, le candidat PCF, Fabien Roussel, a, lui aussi, appelé à voter en faveur d'Emmanuel Macron. Une décision prise également par Yannick Jadot qui appelle à voter Macron pour "faire barrage à l'extrême droite".

Arthaud annonce voter blanc au second tour

La candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud a fustigé l'accession de Macron et Le Pen, "deux ennemis mortels pour les travailleurs", au second tour de la présidentielle, sans donner de consigne de vote à ses électeurs. "Les deux (candidats) sont des ennemis de la classe ouvrière", a dénoncé la candidate trotskiste, estimant que quoi qu'il arrive, "Macron fera du Le Pen et Le Pen fera du Macron", et appelant ses électeurs à ne pas se démobiliser en vue des législatives.

Des surprises, une «bérézina»

Après l'annonce des résultats, Louis de Raguenel, le chef du service politique d'Europe 1, a livré son premier décryptage. Il est à retrouver ici :

Les premiers sondages post-premier tour donnent Macron gagnant devant Le Pen

Le président sortant Emmanuel Macron l'emporterait au second tour face à Marine Le Pen, avec un score compris entre 54% et 51% contre 46%-49% pour la candidate RN, selon les premiers sondages réalisés dimanche après le premier tour. Le score serait ainsi nettement plus serré qu'il y a cinq ans quand Emmanuel Macron s'était imposé par 66,1% des voix contre 33,9% pour Mme Le Pen. Tous deux se sont qualifiés dimanche pour le second tour, avec environ 28% des voix pour le président sortant et environ 23% pour Marine Le Pen, selon les estimations.

Le score le plus serré pour le second tour est de 51%-49%, selon le sondage de l'institut Ifop-fiducial pour TF1/LCI/ParisMatch/SudRadio. Deux autres enquêtes donnent 54%-46%: celle de l'institut Ipsos Sopra-Steria FranceTv/RadioFrance/LeParisien/LCP/RFI et celle d'OpinionWay pour CNews/Europe1. Dans le détail, environ un tiers (35%) des électeurs de la candidate LR Valérie Pécresse se reporteraient sur Emmanuel Macron et tout autant sur Marine Le Pen, les 30% restants optant pour un vote blanc, nul ou l'abstention, selon l'Ifop. Pour OpinionWay, 43% des électeurs LR soutiendront le président sortant, contre 27% pour la candidate d'extrême droite.

Le report des voix des électeurs de Jean-Luc Mélenchon est aussi très éparpillé : 33% pour Emmanuel Macron, 23% pour Marine Le Pen et 44% blanc, nul ou abstention, selon l'Ifop. Il serait de 27% pour le président sortant et de 21% selon Opinionway. Les trois quarts des électeurs du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour disent vouloir voter pour la candidate RN, contre 4% seulement pour le président sortant, selon l'Ifop.

Le sondage Ifop a été réalisé dimanche de 20h01 à 21h auprès d'un échantillon de 968 personnes inscrites sur les listes électorales extrait d'un échantillon de 1.004 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La marge d'erreur est de 3%. Celui d'OpinionWay a aussi été réalisé dimanche auprès d'un échantillon de 1739 personnes. Celui d'Ipsos a un échantillon de 1.172 personnes.