Après 2017, la transformation politique du pays se reconfirme, comme l'analysent nos éditorialistes Louis de Raguenel et Matthieu Bock-Côté. 4:32
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Comme en 2017, Emmanuel Macron est au second tour de l'élection présidentielle, devant Marine Le Pen. Comme en 2017, Jean-Luc Mélenchon est le troisième homme et ses électeurs joueront le rôle d'arbitre dans l'entre-deux tour. Après 2017, la transformation politique du pays se reconfirme, comme l'analysent nos éditorialistes Louis de Raguenel et Matthieu Bock-Côté.
ANALYSE

Une autre campagne présidentielle démarre désormais. Comment vont se dessiner les prochains jours ? Pour Louis de Raguenel, chef du service politique d'Europe 1, "il suffisait d'écouter Emmanuel Macron pour comprendre" que "sa vraie campagne commence ce soir". Le président-candidat va tenter de "tendre le match face à Marine Le Pen". Selon le journaliste, la candidate du Rassemblement national est dans le même état d'esprit. Pour autant, "Emmanuel Macron bénéficie du soutien et du report de plusieurs petits candidats qui ne sont pas parvenus à se qualifier".

De son côté, "Marine Le Pen bénéficie du soutien d'Éric Zemmour, qui a appelé clairement à voter pour elle".

Les électeurs insoumis déterminants

Louis de Raguenel le rappelle au micro d'Europe 1, le vote des électeurs de Jean-Luc Mélenchon sera décisif dans les jours à venir. "Toute l'élection va se jouer en fonction de ce que font les militants, les électeurs de la France insoumise", précise-t-il, en rappelant que près de 20% des électeurs ont fait le choix de Jean-Luc Mélenchon au premier tour. "Ce sont des arbitres très importants. Ce sont vraiment eux qui peuvent donner le 'la' de ce second tour", affirme-t-il. Si le leader de la France insoumise n'a pas appelé explicitement à voter pour Emmanuel Macron, selon le journaliste d'Europe 1, il a "répété plusieurs fois que c'est hors de question de voter pour Marine Le Pen".

Et de rappeler que "pendant des années, il y a eu des théories sur le fait que l'électorat RN était assez proche de la France insoumise". Pour l'éditorialiste, ce nouvel entre-deux-tours Macron/Le Pen va être l'occasion de voir "si ces électeurs de gauche se reportent vers elle, ou plutôt vers Emmanuel Macron". Selon lui, il ne faut également pas oublier le fait qu'"une partie d'entre eux n'iront pas voter parce qu'il y a au sein de la France insoumise des gens pour qui c'est à la fois insupportable de donner une voix pour Emmanuel Macron et insupportable de donner une voix pour Marine Le Pen".

Deux France face à face

Si les partis traditionnels se sont effacés, voire effondrés au soir de ce premier tour de la présidentielle, il y a ce soir trois grands blocs qui se dégagent : un bloc central libéral européen avec Emmanuel Macron, un bloc à la gauche de la gauche avec Jean-Luc Mélenchon et un bloc national/nationaliste avec Marine Le Pen. Selon Matthieu Bock-Côté, sociologue et éditorialiste sur Europe 1, ce sont désormais deux France qui se font face. "Le vieux clivage gauche droite, tel qu'on l'avait connu, a fini de se désintégrer." D'après lui, le bloc de droite est désormais clairement dirigée par Marine Le Pen.

Pour le sociologue, cette présidentielle "va se vivre comme un double référendum", avec d'un côté Emmanuel Macron qui appelle à un "choix, une nécessité morale", et de l'autre côté, "Marine Le Pen va appeler à une forme de vote insurrectionnel" en insistant sur le vote anti-Macron.