Édouard Philippe sur l'exercice du pouvoir : "C'est indécent de parler d'un enfer de Matignon"

Edouard Philippe était l'invité exceptionnel de Nikos Aliagas, vendredi matin. 1:20
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Interrogé par Nikos Aliagas lors de la matinale spéciale d'Europe 1, vendredi, le Premier ministre est revenu sur "le risque d'impopularité" inhérent, selon lui, à sa fonction. 
INTERVIEW

"Je n'ai jamais pensé que c'était facile." Interrogé par Nikos Aliagas lors de la matinale spéciale d'Europe 1, vendredi, Édouard Philippe a évoqué les difficultés inhérentes à sa fonction. "S'il y en a qui pensent que c'est facile, ils se plantent", a affirmé le Premier ministre. 

"Il faut une détermination considérable". "Au fil du temps se sont sédimentés des procédures, des réglementations, des habitudes, des usages qui font que, lorsque vous essayez de modifier quelque chose, vous vous heurtez à un système qui peut donner l'impression qu'il est bloqué", a expliqué Édouard Philippe. "Donc quand vous voulez changer quelque chose, il faut une détermination considérable." 

"Transformer le pays, c'est accepter le risque". Taclant le prédécesseur d'Emmanuel Macron, Édouard Philippe a défendu la volonté de transformation affichée par le chef de l'Etat. "Le quinquennat de François Hollande a été caractérisé par des petits gestes par ci et des petits gestes par là, en espérant que les choses allaient changer. Et puis elles allaient plutôt moins bien… Transformer le pays, c'est accepter le risque - y compris le risque de l'impopularité - d'effectivement essayer de changer les choses. Ce n'est pas facile mais ce n'est pas non plus impossible."

"Indécent de parler d'enfer". Il est enfin revenu sur le supposé "enfer de Matignon" traditionnellement vécu par le Premier ministre dans une Vème République présidentialisée. "Ce n'est pas du tout un enfer. Je ne dis pas que c'est facile et c'est vrai qu'on ne lui fait pas beaucoup de cadeaux, et après tout il n'est pas là pour ça", a-t-il argumenté. "C'est même assez honteux de parler d'enfer de Matignon parce qu'on l'a choisi, personne n'est forcé. Ensuite, c'est un tel honneur de servir son pays que ça n'a rien d'un enfer. Il y a des gens, en France, qui se lève beaucoup plus tôt que moi et ont des métiers beaucoup plus pénibles que moi. C'est indécent de parler d'enfer. C'est exigeant, parfois compliqué, mais c'est un très grand honneur."

Les institutions "solides" face aux "gilets jaunes"

"Je n'ai pas eu peur", a par ailleurs répondu Édouard Philippe, interrogé sur le mouvement des "gilets jaunes". "Les institutions de la Cinquième république sont très solides", a commenté le Premier ministre. "Après une période de tâtonnement, j'ai vu quasiment l'ensemble des forces politiques, syndicales, et des associations dire : 'attention on est en train de dériver'."