EDITO - Pourquoi faire des élections anticipées est une bonne idée

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Jean-Michel Aphatie , modifié à
Pour Jean-Michel Aphatie, la question des élections anticipées se pose après une crise des 'gilets jaunes' marquée par la violence, explique-t-il lundi sur Europe 1.
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>> Le mouvement des "gilets jaunes" s'est essoufflé ce week-end, après les annonces formulées le 10 décembre par Emmanuel Macron en faveur du pouvoir d'achat. Pour autant, Jean-Michel Aphatie estime que le mouvement et les violences ont laissé de graves séquelles.

"La première manifestation des "gilets jaunes" s'est déroulée le 17 novembre. Nous sommes le 17 décembre, donc cela fait juste un mois. Pour comprendre ce mois intense que nous venons de vivre, il faut noter l'événement fondateur du mouvement des 'gilets jaunes' : le saccage de l'Arc de Triomphe, le 1er décembre. Quelques jours après Edouard Philippe fléchit et supprime la taxe carbone. Réplique de la violence, le 8 décembre. C'est là qu'Emmanuel Macron fait les concessions qu'il a annoncées lundi dernier. C'est donc la violence qui fait du mouvement des "gilets jaunes" ce qu'il est : un mouvement de destruction massive.

Emmanuel Macron pourra-t-il faire les réformes qu'il envisage de faire en matière de chômage, de retraite et la fonction publique ?

Détruit, Emmanuel Macron, remis en cause dans sa personnalité, sa manière d'être, sa manière de parler, remis en cause dans les choix qu'il a fait, la hiérarchie de ses réformes et le sentiment qu'il a donné d'avoir oublié les Français les plus démunis. La question qui nous est posée ce lundi, un mois après le 17 décembre, est de savoir si Emmanuel Macron est capable ou non de continuer à diriger la France. Pourra-t-il faire les réformes qu'il envisage de faire en matière de chômage, de retraite et la fonction publique, qui est une réforme assez explosive ? Cette question, c'est Emmanuel Macron qui doit se la poser et nous aussi.

Détruit, Édouard Philippe. Le 18 novembre, le lendemain de la première manifestation, sur France 2, le Premier ministre dit : 'J'ai deux lignes rouges dans mon action, je ne vais pas supprimer la taxe carbone et je ne vais pas augmenter le Smic'. Un mois après, le Premier ministre a été contrarié par le président de la République. Quelle autorité lui reste-t-il pour diriger le gouvernement ?

Détruit, le budget de la Nation. Ce n'est pas rien. C'est même la première fois que cela se produit depuis des lunes. Le Parlement venait de voter le budget, le voilà explosé sous le poids des nouvelles dépenses publiques, au moins 10 milliards, décidées par Emmanuel Macron il y a une semaine. Explosée la barre des 3% et coulée, naufragée, la politique européenne d'Emmanuel Macron. C'est quand même un beau tableau. On n'ira plus dire aux Italiens ce qu'ils doivent faire et l'on ne fera plus non plus la leçon aux Allemands.

Le défi que nous a posé les "gilets jaunes" peut être résumé de la manière suivante : mai et juin 2017, à l'occasion des élections présidentielle et législatives, on a passé un contrat avec les dirigeants. Ce contrat a été piétiné, déchiré par la violence des "gilets jaunes". Peut-on conclure un nouveau contrat sans passer par des élections anticipées qu'elles soient présidentielles ou législatives ? C'est ça la force de la violence, c'est qu'elle pose des questions qu'on aurait même pas imaginé il y a un mois. Mais le problème de la violence, c'est qu'on ne sait pas où et quand ça s'arrête. Ne pas rouvrir les urnes et laisser le malaise, c'est aller vers un quinquennat extrêmement difficile".