Pour Adrien Quatennens, le coronavirus doit être l'occasion d'un changement de modèle, comme il l'explique sur Europe 1. 5:25
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Guilhem Dedoyard , modifié à
Invité sur Europe 1, jeudi, Adrien Quatennens a chargé les récentes mesures mise en place par Emmanuel Macron. Il considère que la crise du coronavirus doit être l'occasion d'une réelle "bifurcation" du modèle économique pour préparer la France à la crise écologique et pas simplement une tragique parenthèse. 
INTERVIEW

Quelle réponse économique et écologique à la crise sanitaire ? Invité sur Europe 1, jeudi pour évoquer l'allocution du président de la République prévue dimanche, Adrien Quatennens s'inquiète qu'Emmanuel Macron referme "la parenthèse" de la crise du coronavirus. Selon le député La France insoumise, il est nécessaire d'opérer une "bifurcation" et d'interroger la nature du système économique pour se préparer à la crise écologique.

"J'attends la traduction dans les actes de ce qu'Emmanuel Macron avait commencé à esquisser lors de sa précédente allocution. Il avait parlé de 'se réinventer', on avait compris que tout allait changer. Depuis, si on considère ce qui a été fait notamment, sur la question économique et sociale, on a bien le sentiment que pour Emmanuel Macron, l'urgence c'est de reprendre le cours de l'histoire comme si tout cela n'était qu'un mauvais épisode qu'on allait devoir toutes et tous, oublier", tacle Adrien Quatennens.

Le député la France insoumise considère "que derrière le caractère tragique de cette crise, elle doit nous offrir l'opportunité d'une bifurcation que nous allons devoir opérer. Nous sommes mis au pied du mur avec cette grande bifurcation, et je crois que la France a tous les atouts pour être à l'avant-poste de cette bifurcation. Voilà ce qu'Emmanuel Macron devrait faire, plutôt que de refermer la parenthèse".

Entendu sur europe1 :
Emmanuel Macron s’évertue à faire en sorte que les français achètent des voitures...

"Incontestablement, des choses ont été faites. Je pense par exemple au chômage partiel. Quand on parle de relancer la machine, moi je considère qu'on doit s'interroger sur la nature de la machine à relancer. Emmanuel Macron nous a dit l'autre jour 'personne n'était prêt', certes, personne n'était prêt, cela va s'en dire. Néanmoins n'a-t-on pas, ces dernières années, par des décisions politiques qui ont été prises par des gens en responsabilité, aggravé la situation ?" s'interroge Adrien Quatennens.

"On devrait pouvoir organiser les choses pour que les gens se lèvent le matin en se sentant utiles, connectés à un tout et que le travail retrouve du sens", considère le député insoumis. "Emmanuel Macron s’évertue à faire en sorte que les Français achètent des voitures, à l'heure où eux s'interrogent sur le fait de savoir si ils vont conserver leur emploi. Il est temps maintenant de réorganiser notre économie sur d'autres valeurs" affirme-t-il. 

"Cette crise révèle l'échec d'un modèle économique. Ceux qui ont préféré le libre marché, le laisser-faire, à l'état et la planification. Ceux qui ont préféré la concurrence, libre et non faussée et la concurrence généralisée à des cadres de coopération. Ou enfin, de ceux qui jusqu'au cœur de la crise du covid-19 ont choisi de continuer le modèle de grand déménagement du monde, avec la signature d'accords de libre-échange, comme ça s'est fait cette semaine, alors que l'urgence c'est plutôt de relocaliser l'activité et de retrouver une forme d'indépendance", préconise Adrien Quatennens sur Europe 1.

"Il y a une certitude c'est que nous avons un défi devant nous qui s'appelle la crise écologique, la crise climatique qui ne pourra pas se contenter des initiatives individuelles. Il va falloir mettre toute notre économie au service de la relève de ce défi, et ça ne peut pas se faire avec les mêmes paradigmes que ceux qui ont dominé aujourd'hui", enchaîne le député. 

Comment envisager l'après-crise ?

"Il y a effectivement l'emploi à préserver mais il faut interroger quelle qualité d'emploi. Il y a beaucoup de gens, qui même dans une situation économique qui n'est pas catastrophique, s'interrogent sur le sens de ce qu'ils font à l'échelle des grands défis que nous avons à réaliser. Nous pensons à la France insoumise qu'un pays comme la France a tous les atouts pour engager la planification écologique, organiser l'économie au service de ce nouveau modèle et bien évidemment le mettre en partage avec toutes celles et ceux qui comme nous voudraient s'y employer", explique le député du Nord au micro de Pierre de Vilno.

"Il y a dix ans de cela, on vivait une crise financière, qui était d'une autre ampleur, et le président de l'époque, Nicolas Sarkozy, nous avait donné un discours qui donnait à voir que dorénavant, rien ne serait plus comme avant, il nous avait dit 'c'est la fin du capitalisme sauvage, il faut en finir'. Quelles leçons ont été retenues de cette période ?", demande-t-il. "Si sortis de la crise du covid-19, nous n'observons pas cette grande bifurcation, moi j'interroge, quelle catastrophe nous faudra-t-il pour nous rendre compte qu'il faut changer de trajectoire. Ce n'est pas une vaste utopie, les mesures existent, les possibilités existent et les savoir-faire et les compétences en France sont disponibles pour cela. Ce pays regorge d'énergie et de bonne volonté, il faut bien les employer", conclut-il.