Décentralisation : "On a déjà eu le même discours du président", alerte Hervé Morin

Hervé Morin était l'invité d'Europe 1.
Hervé Morin était l'invité d'Europe 1. © Europe 1
  • Copié
Ariel Guez
Au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron, Hervé Morin est revenu au micro d'Europe 1 sur l'esquisse d'un nouvel acte de décentralisation faite par le président de la République. S'il a "envie d'y croire", le président de la région Normandie n'a surtout pas envie que l'histoire se répète, rappelant que le chef de l'État avait eu les mêmes mots avant son élection et lors de la crise des Gilets jaunes. 
INTERVIEW

Il faudra "tirer les leçons" de la crise du coronavirus, a prévenu Emmanuel Macron. Le chef de l'État a promis dimanche d'ouvrir "une page nouvelle" donnant davantage "de libertés et de responsabilités à ceux qui agissent au plus près de nos vies". "Tout ne peut pas être décidé à Paris, les territoires ont montré leur ingéniosité" pendant la crise du Covid-19, "faisons-leur davantage confiance", a-t-il déclaré. Le "monde d'après" pourrait donc s'ouvrir par un nouvel acte de décentralisation. Invité du journal de la mi-journée d'Europe 1, Hervé Morin, président de la région Normandie, s'est toutefois montré légèrement sceptique aux propos d'Emmanuel Macron. 

Un discours déjà donné en 2016 et en 2018, déplore Hervé Morin

"En l'écoutant, je me suis demandé s'il nous la refaisait pour la troisième fois", a commencé le président de la région Normandie. "Il l'a fait pendant la campagne de 2017, j'avais relu son livre Révolution où il avait à peu près les mêmes mots pour dire que tout ne pouvait pas se décider des bureaux et des ministères à Paris", rappelle Hervé Morin. "Bon, on a vécu l'inverse", déplore-t-il. Puis, en décembre 2018, "on a eu le même discours du président de la République au moment des Gilets jaunes". 

Une troisième promesse de décentralisation en trois ans : cette situation a donc de quoi légèrement lasser le président de la région Normandie, qui a tout de même "envie d'y croire". "Parce que je crois profondément que notre pays se porterait mieux s'il faisait plus de place aux libertés et à la démocratie locale, à la capacité d'innovation que nous avons", justifie Hervé Morin au micro d'Europe 1. 

Une "envie de dire 'banco'", mais à certaines conditions

"Je ne voudrais pas que ça soit une opération politique", prévient-il. "J'ai envie de lui dire 'banco', mais dans ce cas-là, il faut un calendrier extrêmement précis et pas simplement un vague toilettage", explique Hervé Morin, qui, pour l'instant, n'approuve pas forcément les pistes fuitées dans la presse.

Selon plusieurs médias, Emmanuel Macron voudrait mettre en place un plan de relance important à condition que les mandats des conseillers régionaux soient prolongés de plus d'un an, au-delà des présidentielles de 2022.

"La relance on la fait tous les jours (...) Le soutien a l'économie régionale, c'est 180 millions d'euros par an en Normandie, donc c'est déjà notre boulot", répond Hervé Morin. "La question profonde, c'est de savoir si on croit que la décentralisation est un facteur de démocratie (...) J'ai envie de dire oui, mais si on a un calendrier et si ça ne revient pas simplement à reporter les élections régionales", conclut-il.