Polémique sur une séquence suggérant des tests de vaccins en Afrique, sur LCI

Une séquence sur LCI a provoqué une vive indignation sur les réseaux sociaux.
Une séquence sur LCI a provoqué une vive indignation sur les réseaux sociaux. © Capture d'écran Twitter
  • Copié
avec AFP , modifié à
Un chercheur de l'Inserm et un chef de service d'un hôpital parisien ont déclenché une polémique ce vendredi après s'être interrogés sur l'opportunité de tester un vaccin contre le Covid-19 en Afrique sur le plateau de LCI. Face à la grogne des internautes, mais aussi de SOS Racisme ou encore du PS, ils se sont excusés. 

Un chercheur de l'Inserm et un chef de service de l'hôpital Cochin à Paris ont présenté vendredi leurs excuses, après des propos tenus sur la chaîne LCI, dans lesquels ils s’interrogeaient sur l'opportunité de tester un vaccin en Afrique contre le coronavirus. Leurs propos avaient suscité la colère de nombreux internautes et organisations, dont SOS Racisme et le Parti socialiste.

Des tests en Afrique, comme "avec le sida, où chez les prostituées" 

Dans cette séquence diffusée mercredi après-midi, Camille Locht, directeur de recherche à l'Inserm à Lille, était interrogé sur des recherches menées autour du vaccin BCG pour le Covid-19. Invité en plateau, Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Cochin, lui a alors demandé : "Si je peux être provocateur, est-ce qu'on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n'y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c'est fait d'ailleurs sur certaines études avec le sida, où chez les prostituées. On essaie des choses parce qu'on sait qu'elles sont hautement exposées. Qu'est-ce que vous en pensez ?"

Le chercheur lui a répondu : "Vous avez raison, d'ailleurs. On est en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique avec le même type d'approche, ça n'empêche pas qu'on puisse réfléchir en parallèle a une étude en Europe et en Australie". "Non, les Africains ne sont pas des cobayes !", s'est ensuite indignée SOS Racisme dans un communiqué, en annonçant qu'elle allait saisir le CSA et en dénonçant "à l'endroit des corps noirs un mépris". L'association a jugé la comparaison avec le sida et les prostituées "problématique" et "malvenue". Le CSA a confirmé avoir été saisi.

Des footballeurs, comme Demba Ba et Samuel Eto'o, s'indignent sur Twitter 

"Nous attendons de la part de LCI une condamnation sans appel de ces propos inacceptables. Nous demandons à la Direction générale de la santé et à l'OMS de faire toute la lumière sur les pratiques évoquées", a réagi pour sa part le Parti socialiste. De nombreux internautes ont également fait part de leur colère, en France et sur le continent africain. Le Club des avocats au Maroc a ainsi annoncé sur sa page Facebook son intention de "porter plainte pour diffamation raciale". Des footballeurs, dont Demba Ba ou Samuel Eto'o, ont eux aussi fait part de leur indignation, tout comme plusieurs rappeurs. 

Contactée par l'AFP, LCI (chaîne d'info du groupe TF1) n'a pas commenté et a renvoyé aux réponses de l'Inserm et de Jean-Paul Mira. L'Inserm a répondu qu'une "vidéo tronquée faisait l'objet d'interprétations erronées sur les réseaux sociaux". Rappelant que les tests seraient lancés dans plusieurs pays européens et en Australie, l'Institut a indiqué sur Twitter que "l'Afrique ne doit pas être oubliée ni exclue des recherches, car la pandémie est globale".

Les excuses du chercheur et du médecin

L'Inserm a précisé que "les conditions dans lesquelles cette interview a été menée n'ont pas permis (à Camille Locht) de réagir correctement, il s'en excuse et tient à préciser qu'il n'a tenu aucun propos raciste. Le seul but de son intervention était de confirmer que l'épidémie a une ampleur mondiale et que tous les pays devront pouvoir bénéficier des fruits de la recherche".

"Je veux présenter toutes mes excuses, demander à celles et à ceux qui ont été heurtés, choqués, qui se sont sentis insultés par des propos que j’ai maladroitement prononcés sur LCI cette semaine, leur présenter mes excuses les plus sincères, parce que ces propos ne reflètent en rien ce que je suis, ce que je fais au quotidien, depuis maintenant 30 ans", a indiqué dans un communiqué de l'AP-HP Jean-Paul Mira.