Pour de nombreux journalistes de l'AFP, le télétravail est désormais la norme (photo d'illustration) 2:22
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Ariel Guez
Invité de "Culture Médias" sur Europe 1, le directeur de l'information de l'agence France-Presse, qui fournit des articles et des photographies à de nombreux médias, raconte les conditions de travail de ses journalistes depuis plus de deux mois. Télétravail, volontariat pour les reportages et moyens de protection : Philip Chetwynd explique comment l'AFP a continué à travailler malgré la crise.
INTERVIEW

En ces temps de coronavirus, les médias qui ne peuvent plus envoyer des journalistes sur le terrain se reposent sur le travail de l’agence France-Presse (AFP), une agence de presse mondiale qui fournit des articles, des infographies, des photographies et des vidéos à de nombreux médias. Mais comment les journalistes de l'AFP travaillent ? Au micro d'Europe 1, Philip Chetwynd a donné quelques éléments de réponse. Invité de Philippe Vandel dans Culture Médias, le directeur de l'information de l'AFP est revenu sur l'organisation du travail de ses équipes depuis plusieurs semaines. 

"On a essayé de faire le maximum de télétravail"

À crise exceptionnelle, l'agence a dû employer des moyens exceptionnels, tout en respectant les mesures de sécurité sanitaire. Ainsi, une grande partie des 1.700 journalistes de l'AFP autour du globe a dû se confiner. "Immédiatement, on a essayé de faire le maximum de télétravail. C'est assez facile pour les journalistes qui n'ont pas beaucoup besoin de matériel", raconte Philip Chetwynd, citant en exemple les journalistes en charge de l'édition des dépêches de l'AFP.

"La complexité, ça a été de mettre en place les systèmes d'édition pour la vidéo et la photo", explique le directeur de l'information de l'agence. Car le confinement a aussi permis aux équipes de l'AFP de filmer grâce à des drones des villes totalement désertes. Outre les vidéos, un autre service de l'AFP a été particulièrement regardé. Car si l'épidémie a posé des contraintes, elle a aussi mis en valeur le site de fact checking de l'AFP, dont la fréquentation sur le mois de mars 2020 a été équivalente à l'ensemble de l'année 2019, informe Philip Chetwynd. 

"On ne force personne à sortir dans ces conditions"

L'adaptation des reporters allant sur le terrain a aussi été particulière, relate Philip Chetwynd, car chaque individu réagit "de manière différente face à la crise". Ainsi, les reportages dans les zones où l'épidémie est particulièrement forte ont été "réalisés sur la base du volontariat". "On ne force personne à sortir dans ces conditions", résume le directeur de l'information de l'AFP.

L'agence France-Presse devait aussi s'assurer que tous ceux qui en avaient besoin disposaient de suffisamment de masques et de combinaisons. Si bien que les journalistes de l'AFP n'ont pas eu à renoncer à traiter un sujet par manque de moyens. Néanmoins, précise Philip Chetwynd, tous ont été mis en question à de maintes reprises. "À chaque fois, on a posé des questions difficiles. On s'est posé les mêmes questions qu'on se pose sur la couverture ou non d'une vraie guerre". 

Le sport représente "entre 30 et 40 % des dépêches de l'agence"

Mais l'épidémie a aussi eu un réel impact sur l'économie de l'AFP. Conséquence du confinement, toutes les compétitions sportives ont été annulées ou reportées. Or, le sport représente "entre 30 et 40 % des dépêches de l'agence", selon Philip Chetwynd. Heureusement, le déconfinement progressif en Europe laisse entrevoir un retour au terrain

Dès le week-end du 16 mai, la Bundesliga va d'ailleurs reprendre ses droits le week-end du 16 mai. Les matchs se joueront dans des stades vides, mais rien n'est encore acté sur la présence ou non des photographes. "On est en discussion avec les autorités sportives pour comprendre dans quelles conditions les médias peuvent travailler. Pour nous, c'est extrêmement important qu'ils soient pris en compte dans toutes ces discussions et qu'il y ait la capacité pour les médias d'être présents dans les stades", conclut Philip Chetwynd.