Taïwan dénonce 103 avions chinois autour de l'île et appelle Pékin à cesser ses actions «destructrices»

Taïwan dénonce 103 avions chinois autour de l'île et appelle Pékin à cesser ses actions «destructrices»
Taïwan dénonce 103 avions chinois autour de l'île et appelle Pékin à cesser ses actions «destructrices» © Jakub Porzycki / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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avec AFP // Crédit photo : Jakub Porzycki / NurPhoto / NurPhoto via AFP
Le ministère de la Défense de Taïwan a détecté plus d'une centaines d'avions et 9 navires de guerre chinois autour de l'île et dans son ciel. Des sorties qui posent de nombreux problèmes de sécurité dans la région. Selon le ministre de la Défense taïwanais, ce harcèlement peut conduire à une "montée des tensions et détériorer la sécurité de la région". 

Taïwan a exhorté lundi la Chine à mettre fin à ses "actions unilatérales destructrices", après avoir détecté plus d'une centaine d'avions et neuf navires de guerre chinois autour de Taïwan en l'espace de 24 heures. "Entre le 17 et le 18 septembre au matin, le ministère de la Défense a détecté un total de 103 avions chinois, un record sur la période récente", a affirmé le ministère taïwanais. Ces sorties "posent de graves problèmes de sécurité de part et d'autre du détroit de Taïwan et dans la région", a-t-il ajouté dans un communiqué.

 

"Le harcèlement militaire continu" de la Chine "peut facilement conduire à une montée en flèche des tensions et détériorer la sécurité dans la région", a-t-il mis en garde, appelant Pékin à "cesser immédiatement ces actions unilatérales destructrices". Parmi les avions militaires détectés, 40 ont franchi la ligne médiane - une démarcation non officielle entre la Chine et Taïwan que la première ne reconnaît pas - et sont entrés dans la zone d'identification de la défense aérienne (Adiz) du sud-ouest et du sud-est, selon le communiqué.

 

L'Adiz, à ne pas confondre avec l'espace aérien d'un pays, englobe une zone beaucoup plus large dans laquelle tout appareil étranger est censé s'annoncer aux autorités aériennes locales. L'Adiz de Taïwan chevauche en partie celle de la Chine et inclut même une portion du continent. Le ministère chinois des Affaires étrangères n'a pas fait de commentaire mais sa porte-parole, Mao Ning, a réaffirmé la position de Pékin selon laquelle l'île autonome appartient à la Chine. "Ce que je voudrais vous dire, c'est que Taïwan fait partie du territoire chinois et que la soi-disant ligne médiane n'existe pas", a-t-elle déclaré.

Nombre croissant d'incursions 

La semaine dernière, Taipei avait fait état d'un nombre croissant d'incursions d'avions et de navires de guerre chinois, après que Pékin eut déclaré que ses soldats restaient "constamment en état d'alerte élevée" suite au passage de deux navires américain et canadien par le détroit de Taïwan. Selon le ministère taïwanais de la Défense, 68 avions et 10 navires de l'armée chinoise ont été détectés entre mercredi matin et jeudi matin près de l'île. Ces appareils se dirigeaient vers le Pacifique occidental pour rejoindre le porte-avions chinois Shandong dans le cadre d'un entraînement.

Le Shandong est l'un des deux porte-avions opérationnels de la flotte chinoise. Il avait été détecté le 11 septembre à environ 60 milles nautiques (111 kilomètres) au sud-est du point le plus méridional de l'île. Selon des experts, cette démonstration de force est une réponse aux exercices militaires récents dans la région, tels que les manœuvres en cours en mer Jaune, située entre la péninsule coréenne et la Chine, auxquelles participent les États-Unis, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon et la Corée du Sud, ainsi que le "Super Garuda Shield", un exercice réunissant 19 nations.

Des incursions aériennes chinoises de plus en plus fréquentes

"Politiquement, la Chine cherche à contrer la stratégie militaire des alliés démocratiques menée par les États-Unis", a déclaré à l'AFP Su Tzu-yun, analyste à l'Institut taïwanais pour la défense nationale et la recherche en matière de sécurité. Pékin a intensifié ses menaces et les pressions politiques et économiques sur Taïwan depuis l'arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen, issue d'un parti prônant une déclaration d'indépendance formelle de l'île.

 

En avril, Pékin avait mené des exercices militaires simulant un encerclement de l'île, après une rencontre entre la présidente taïwanaise et le président de la Chambre des représentants américaine Kevin McCarthy en Californie. Taïwan avait alors détecté 71 avions de combat en 24 heures, égalant un déploiement record de décembre 2022. En août 2022, Pékin avait lancé de gigantesques manœuvres militaires autour de Taïwan après la visite à Taipei de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants américaine.

Taïwan a commencé à publier régulièrement des données sur les incursions aériennes de la Chine en septembre 2020. Au départ, elles ne concernaient que le nombre de sorties dans la partie sud-ouest de l'Adiz. Taipei a ensuite répertorié le nombre d'avions détectés "autour de Taïwan", distinguant ceux qui traversent la ligne médiane ou ceux qui pénètrent dans l'Adiz.