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Japon : la ville de Kyoto, touchée par le surtourisme, relève fortement ses taxes de séjour

Europe 1 avec l'AFP, édité par Maud Baheng Daizey . 3 min
© Yuichi YAMAZAKI / AFP

Depuis 2012, le Japon connaît un très fort succès en tant que destination touristique, notamment depuis la fin des restrictions sanitaires liées au coronavirus. Face à cet afflux de touristes, pas toujours respectueux des règles de savoir-vivre de l'archipel, le gouvernement japonais a décidé d'hausser ses taxes.

Fleuron historique du Japon frappé par une fréquentation de masse et une recrudescence de visiteurs sans-gêne, Kyoto a annoncé mardi un relèvement massif de sa taxe de séjour, graduée en fonction du prix des hébergements, afin de promouvoir un "tourisme durable".

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5 fois plus de touristes au Japon entre 2012 et 2020

La mesure, qui doit être approuvée par l'assemblée municipale, s'appliquera à partir de mars 2026. Venise, Barcelone, les plages thaïlandaises de Maya Bay ou le Machu Picchu péruvien : comme ces lieux stars du tourisme mondial, Kyoto subit un afflux croissant de visiteurs qui met à rude épreuve ses infrastructures.

Le nombre de touristes étrangers au Japon a été multiplié par cinq entre 2012 et 2020, avant de gonfler de plus belle après la fin des restrictions liées au Covid. Il pourrait avoir atteint en 2024 le niveau record de 35 millions de personnes, notamment attirées par l'affaiblissement du yen.

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Cette fréquentation suscite de vives frictions dans l'ex-capitale impériale Kyoto, connue pour ses temples bouddhistes séculaires et ses ruelles traditionnelles. Outre l'engorgement de la circulation, les habitants déplorent le comportement de touristes s'aventurant dans les allées privées et importunant les geishas en kimono pour alimenter en photos leurs réseaux sociaux.

"Nous avons l'intention d'augmenter la taxe de séjour afin de parvenir à un "tourisme durable" apportant un niveau élevé de satisfaction aux citoyens, touristes et entreprises", ont indiqué les autorités municipales. Selon leur projet, les visiteurs louant une chambre pour un prix allant de 20.000 à 50.000 yens par nuit (124 à 310 euros au cours actuel) verront leur taxe de séjour doublée à 1.000 yens (6,20 euros) par personne et par nuitée.

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Pour les chambres louées entre 50.000 yens et 100.000 yens la nuit (de 310 à 620 euros), la taxe sera relevée à 4.000 yens (24 euros). Quant aux hébergements les plus luxueux, au-delà de 620 euros la nuit, leur taxe sera multipliée par dix pour atteindre 62 euros par personne et par nuitée.

La mesure survient sur fond d'incivilités répétées, notamment dans le quartier historique de Gion abritant les salons de thé où les geishas, appelées localement "geikos" ("femmes d'art"), exécutent des danses sophistiquées et jouent d'instruments traditionnels.

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Un mégot de cigarette dans le col d'une Geisha

La fascination dont font l'objet ces artistes professionnelles a enflé à l'étranger avec le succès sur Netflix de la série "Makanai" qui se déroule à Gion. Le conseil du quartier, déplorant que certains visiteurs se comportent comme des "paparazzi" dans un "parc d'attractions", avait déjà décidé en mars 2024 d'interdire aux touristes l'accès aux ruelles privées.

Un membre du conseil avait alors déploré les cas d'une apprentie geisha dont le kimono avait été déchiré, ou d'une autre qui avait retrouvé des mégots de cigarettes dans son col. Depuis 2019, il était déjà interdit de prendre des photos dans les voies privées, sous peine d'une amende pouvant aller jusqu'à 10.000 yens (62 euros).

"Le tourisme a des inconvénients comme l'impact sur l'environnement. Mais cela ne signifie pas que la ville doive imposer des taxes excessives. Les touristes viennent malgré une inflation douloureuse", a déclaré mardi à l'AFP Daichi Hayase, photographe de 38 ans habitant à Kyoto.

"Si cela pèse sur les infrastructures, taxer les touristes est une bonne idée", a estimé Larry Cooke, touriste australien de 21 ans, appelant à trouver "le bon équilibre". De Tokyo à Osaka, les grandes métropoles japonaises imposent déjà aux touristes des taxes de séjour représentant quelques centaines de yens par nuit.

Un quota quotidien de personnes s'applique par ailleurs pour emprunter le sentier le plus populaire pour gravir le mont Fuji, et un droit d'accès d'un peu plus de 12 euros (2.000 yens) a été fixé. A proximité, une barrière avait été brièvement érigée à l'extérieur d'une supérette offrant une vue spectaculaire sur le volcan, devenue un pôle d'attraction pour les visiteurs accros aux réseaux sociaux.

Depuis décembre, Ginzan Onsen, ville thermale aux scènes enneigées réputées sur Instagram, interdit l'accès à toute personne arrivant après 20 heures si elle n'a pas réservé d'hôtel. A travers le monde, plusieurs sites ont entrepris de se prémunir contre le surtourisme, via des quotas de fréquentation, un accès payant, l'obligation de réservation... Venise a institué l'an dernier une taxe pour les visiteurs d'un jour.