Kiev s'est engagé a "tout faire" pour défendre le Donbass, où l'armée russe a intensifié son offensive. (Illustration) 1:52
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avec AFP , modifié à
Les forces russes intensifient leur offensive dans le Donbass tandis que Kiev promet de "tout faire" pour défendre cette région de l'est de l'Ukraine. De son côté, l'armée russe a confirmé samedi la conquête de la localité clé de Lyman, dans l'est de l'Ukraine , un carrefour qui ouvre la route vers les grandes villes de Sloviansk et Kramatorsk.
L'ESSENTIEL

L'armée russe a confirmé samedi la conquête de la localité clé de Lyman, dans l'est de l'Ukraine, un carrefour qui ouvre la route vers les grandes villes de Sloviansk et Kramatorsk. "A l'issue des actions communes des unités de la milice de la République populaire de Donetsk et des forces armées russes, la ville de Lyman a été entièrement libérée des nationalistes ukrainiens", a déclaré dans un communiqué le ministère russe de la Défense, en confirmant ainsi une annonce faite la veille par les séparatistes prorusses de l'Est ukrainien.

Sur le plan diplomatique, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz se sont longuement entretenus au téléphone avec le président Vladimir Poutine, à qui ils ont demandé d'entamer des "négociations directes sérieuses" avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ainsi que la libération des 2.500 combattants ukrainiens qui s'étaient retranchés dans l'aciérie Azovstal à Marioupol.

Les principales informations : 

  • Kiev s'est engagé a "tout faire" pour défendre le Donbass, où l'armée russe a intensifié son offensive
  • La Russie confirme la conquête de Lyman, dans l'est de l'Ukraine
  • D'après Volodymyr Zelensky, "la situation dans le Donbass est très, très difficile"
  • Un responsable policier de la république séparatiste prorusse de Lougansk a affirmé vendredi que "la ville de Severodonetsk est actuellement encerclée"
  • La Russie prête à aider une exportation "sans entraves" des céréales de l'Ukraine

Kiev s'est engagé a "tout faire" pour défendre le Donbass, où l'armée russe a intensifié son offensive, poussant les forces ukrainiennes à envisager un retrait stratégique sur certaines lignes de front dans cette région de l'est du pays afin d'éviter un encerclement. "La situation dans le Donbass est très, très difficile", a déclaré vendredi le président Volodymyr Zelensky dans une adresse vidéo. "Nous protégeons notre terre est faisons tout pour renforcer la défense de cette région", a-t-il assuré.

La défense territoriale de l'autoproclamée "république" séparatiste prorusse de Donetsk (est) a indiqué sur Telegram avoir "pris le contrôle complet" de la localité-clé de Lyman, avec "l'appui" de l'armée russe. Ni l'armée russe, ni celle ukrainienne n'ont immédiatement commenté cette information, que l'AFP n'a pu vérifier de source indépendante. Mais le président Zelensky a rétorqué : "Si les occupants pensent que Lyman et Severodonetsk seront les leurs, ils se trompent. Le Donbass sera ukrainien."

Offensive vers Severodonetsk

Après l'offensive infructueuse sur Kiev et Kharkiv (nord-est) au début de la guerre lancée par la Russie le 24 février, les forces russes sont concentrées dans l'est de l'Ukraine, avec l'objectif affiché de prendre le contrôle total du bassin minier du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses soutenus par Moscou.

À Severodonetsk, "les bombardements continuent (...) l'armée détruit tout simplement la ville", a assuré sur son compte Telegram le gouverneur de la région de Lougansk Serguiï Gaïdaï. Selon lui, l'armée russe est entrée dans les faubourgs de la ville où ils ont subi "de lourdes pertes", tandis que les forces ukrainiennes tentaient de déloger les Russes d'un hôtel. Mais le gouverneur affirme que "Severodonetsk n'est pas coupée" par les forces russes et séparatistes. Un accès à l'aide humanitaire reste possible, selon lui. Il répondait a un responsable policier de la république séparatiste prorusse de Lougansk, cité par l'agence Ria Novosti, qui affirmait vendredi que "la ville de Severodonetsk est actuellement encerclée", et que les troupes ukrainiennes y sont piégées.

Le ministère de la Défense ukrainien a ajouté samedi sur Telegram que "(l'ennemi) a mené des opérations d'assaut dans les zones des districts de Severodonetsk, Oskolonivka, Toshkivka, en vain, a subi des pertes et s'est replié sur des positions précédemment occupées". Selon Serguiï Gaïdaï la prise de Severodonetsk serait "une puissante victoire" pour les forces russes car "leur armée n'a pas eu de grandes victoires et ils doivent alimenter leur population avec quelque chose".

Faux, a rétorqué le gouverneur de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, jugeant même erroné de dire que la région va tomber sous le "contrôle entier de l'ennemi" russe dans "un, deux ou trois jours". "Le plus probablement ils ne vont pas" s'en emparer, mais "peut-être, pour éviter d'être encerclées il pourrait y avoir un ordre de retrait donné à nos troupes", a-t-il cependant admis.

Schisme orthodoxe historique

Sur le front religieux, la branche moscovite de l'Eglise orthodoxe ukrainienne a coupé les ponts avec les autorités spirituelles russes, qui soutiennent le président russe Vladimir Poutine - une initiative historique. 

À l'issue d'un concile, a été prononcée "la pleine indépendance et l'autonomie de l'Eglise orthodoxe ukrainienne", selon un communiqué, qui précisé que les relations de l'Eglise ukrainienne avec sa direction moscovite étaient "compliquées ou inexistantes" depuis le début du conflit.

Cette initiative est le second schisme orthodoxe en Ukraine en quelques années. Une partie de l'Eglise ukrainienne, représentée par le patriarcat de Kiev, avait déjà rompu avec Moscou en 2019 à cause de l'ingérence du Kremlin dans le pays.

L'Ukraine est centrale pour l'Eglise orthodoxe russe, dont certains des monastères les plus importants sont situés dans ce pays.

"Génocide" dans le Donbass

Dans son message vidéo quotidien, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé jeudi soir Moscou de "génocide" dans le Donbass, où les forces russes procèdent à des "déportations" et des "tueries de masse de civils". Le président américain Joe Biden a lui aussi employé cette expression. De son côté, Moscou a justifié son invasion de l'Ukraine par un "génocide" que mèneraient les Ukrainiens contre la population russophone du Donbass. 

Au moment où l'Ukraine fait face à une situation humanitaire de plus en plus critique, un travailleur humanitaire australien a été tué cette semaine. Le journal australien Mercury Newspaper a annoncé samedi la mort de Michael Charles O'Neill, 47 ans, qui aidait les blessés sur la ligne de front, une information confirmée par le ministère australien des Affaires étrangères qui n'a pas donné d'autres précisions.

Samedi à Marioupol, ville du Sud que les Russes ont pilonnée pendant trois mois avant de s'en emparer définitivement la semaine dernière, un premier bateau cargo est entré dans le port, selon l'agence de presse officielle russe TASS citant un porte-parole de l'administration portuaire prorusse.

La marine ukrainienne a réagi sur Facebook en qualifiant cette annonce de "manipulation" car selon elle, "tout en continuant à négliger les normes du droit maritime international, les groupes de navires de la Russie continuent de bloquer la navigation civile dans les eaux des mers Noire et d'Azov".

Kiev réclame des lance-roquettes multiples américains

Dans ce contexte, Kiev à une nouvelle fois réclamé vendredi davantage d'armes aux Occidentaux. "Certains partenaires évitent de donner les armes nécessaires par peur de l'escalade. Escalade, vraiment ? La Russie utilise déjà les armes non nucléaires les plus lourdes, brûle les gens vivants. Peut-être qu'il est temps (...) de nous donner des (lance-roquette multiples) MLRS ?" a tweeté Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne.

Le porte-parole du Pentagone John Kirby n'a pas confirmé l'existence d'un tel projet, une perspective évoquée par la presse américaine. "Nous restons engagés à les aider l'emporter sur le champ de bataille", s'est-il borné à déclarer.

Embargo

Alors que l'Ukraine, grande puissance agricole, ne peut plus exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports, Vladimir Poutine a assuré, lors de sa conversation avec Emmanuel Macron et Olaf Scholz que son pays était "prêt" à aider une exportation "sans entraves" des céréales de l'Ukraine. "La Russie est prête à aider à trouver des options pour une exportation sans entraves des céréales, y compris des céréales ukrainiennes en provenance des ports situés sur la mer Noire", indique un communiqué du Kremlin publié à l'issue de cette conversation téléphonique.

Selon Vladimir Poutine, les difficultés liées aux livraisons alimentaires ont été provoquées par "une politique économique et financière erronée des pays occidentaux, ainsi que par les sanctions antirusses" imposées par ces pays. Lors de l'entretien téléphonique, Vladimir Poutine a également "mis l'accent sur le caractère dangereux de continuer à inonder l'Ukraine avec des armes occidentales, en mettant en garde contre des risques d'une déstabilisation ultérieure de la situation et d'une aggravation de la crise humanitaire", selon le Kremlin.

Le président russe a assuré que la Russie restait "ouverte à une reprise du dialogue" avec Kiev pour régler le conflit armé, alors que les négociations de paix avec l'Ukraine sont au point mort depuis mars, selon la même source. De son côté, le président Zelensky devrait s'adresser lundi par visioconférence aux dirigeants de l'UE réunis à Bruxelles. Ils devraient aborder à nouveau le projet d'embargo de l'UE sur le pétrole russe, toujours bloqué par la Hongrie.

Démonstration de force dans l'Arctique

Il tenait ces propos après une nouvelle démonstration de force samedi dans l'Arctique de l'armée russe, avec un tir d'un missile hypersonique Zircon. L'engin, parti de la frégate Amiral Gorchkov, en mer de Barents, a frappé "avec succès" une cible dans les eaux de la mer Blanche, à 1.000 km de là, selon le ministère russe de la Défense. Des médias américains ont affirmé que Washington préparait la livraison de systèmes de lance-roquettes multiples (MLRS) à longue portée à Kiev, qui les réclame désespérément pour contrer le déluge de feu russe.

Le porte-parole du Pentagone John Kirby n'a pas confirmé l'envoi des MLRS M270 - des véhicules modernes très mobiles d'une portée de tir de 300 km - évoqués par la presse. Mais il a assuré que les Etats-Unis continueraient à aider l'Ukraine à "l'emporter sur le champ de bataille". Le Premier ministre britannique Boris Johnson a également réaffirmé le soutien de son pays, "y compris en aidant à fournir l'équipement nécessaire", lors d'une conversation téléphonique avec Volodymyr Zelensky samedi, selon Londres.

Le président russe a assuré que la Russie restait "ouverte à une reprise du dialogue" avec Kiev pour régler le conflit armé, alors que les négociations de paix avec l'Ukraine sont au point mort depuis mars, selon la même source. De son côté, le président Zelensky devrait s'adresser lundi par visioconférence aux dirigeants de l'UE réunis à Bruxelles. Ils devraient aborder à nouveau le projet d'embargo de l'UE sur le pétrole russe, toujours bloqué par la Hongrie.