Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 416e jour de l'invasion russe

Une neuvième personne a été trouvée sans vie samedi dans les décombres d'un immeuble de Sloviansk, dans l'est de l'Ukraine.
Une neuvième personne a été trouvée sans vie samedi dans les décombres d'un immeuble de Sloviansk, dans l'est de l'Ukraine. © DIEGO HERRERA CARCEDO / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Au 416e jour de l'invasion russe, onze personnes ont été trouvées sans vie samedi dans les décombres d'un immeuble de Sloviansk, dans l'est de l'Ukraine, touché la veille par une frappe russe, le jour de la signature en Russie d'une loi facilitant la mobilisation de jeunes dans l'armée.
L'ESSENTIEL

Le bilan d'une frappe russe sur un immeuble de Sloviansk, dans l'Est de l'Ukraine, s'est alourdi à 11 morts samedi au lendemain d'un tir de missile, Moscou revendiquant de son côté des gains territoriaux près de Bakhmout. "Le nombre de victimes du bombardement de Sloviansk a grimpé à 11 personnes", a déclaré à la télévision la porte-parole du service ukrainien des Situations d'urgence de la région orientale de Donetsk, Veronika Bakhal. Un précédent bilan faisait état de neuf morts, dont un enfant de deux ans, et 21 blessés dans cette attaque sur Sloviansk, une ville située à 45 kilomètres au nord-ouest de Bakhmout.

Les principales informations à retenir :

  • Un enfant retrouvé mort parmi les victimes de la frappe russe sur un immeuble de Sloviansk, 11 personnes décédées au total
  • Une enquête préliminaire avait été ouverte pour violation des lois et coutumes de la guerre
  • Vladimir Poutine a promulgué une loi facilitant la mobilisation des jeunes Russes dans l'armée : un réserviste pourra désormais être mobilisé par voie électronique
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé samedi avoir discuté avec son homologue français Emmanuel Macron de la visite en Chine de ce dernier

Selon les autorités ukrainiennes, Sloviansk, qui comptait 22.000 habitants avant la guerre, a été visée vendredi par sept missiles antiaériens russes S-300, qui ont endommagé cinq immeubles, cinq maisons, une école et un bâtiment administratif. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de "bombarder brutalement" des bâtiments résidentiels et de "tuer des gens en plein jour". Des journalistes de l'AFP ont vu vendredi des secouristes chercher des survivants au dernier étage d'un immeuble résidentiel et de la fumée noire s'échapper de maisons en feu de l'autre côté de la rue. Ailleurs en Ukraine, deux femmes ont été tuées samedi dans un bombardement russe sur Kherson, dans le Sud du pays, a annoncé sur Telegram le chef de l'administration présidentielle, Andriï Iermak.

Zelensky annonce avoir discuté avec Macron de la visite du président français en Chine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé samedi avoir discuté avec son homologue français Emmanuel Macron de la visite en Chine de ce dernier, dont les propos récents ont suscité des critiques en Europe et aux Etats-Unis. "J'ai eu une conversation de près d'une heure et demie avec le président français Emmanuel Macron (...) Les résultats de la récente visite du président Macron en Chine ont été évoqués", a indiqué Volodymyr Zelensky sur Telegram.

Emmanuel Macron avait suscité un tollé à l'issue de sa visite d'Etat en Chine en déclarant que l'Europe ne devrait pas automatiquement s'aligner sur les Etats-Unis ou sur Pékin en cas de conflit à propos de Taïwan. Il avait ensuite déclaré qu'être "allié" des Etats-Unis ne voulait pas pour autant dire être "vassal". Sa visite en Chine avait été dominée par des discussions sur la guerre en Ukraine, Pékin était un proche partenaire de Moscou.

Le président ukrainien a aussi affirmé samedi avoir exprimé à Emmanuel Macron sa "gratitude" pour "avoir condamné la terrible exécution inhumaine d'un soldat ukrainien par des criminels de guerre russes". Cette exécution présumée avait été révélée dans une vidéo virale montrant un individu russophone en uniforme décapiter au couteau une personne qui semblait être un prisonnier de guerre ukrainien, images qui ont provoqué choc et indignation en Ukraine et en Occident. Les autorités russes ont affirmé jeudi examiner ces images pour déterminer leur authenticité.

L'armée russe revendique des gains au nord et sud de Bakhmout

L'armée russe a revendiqué samedi des gains territoriaux à la périphérie nord et sud de Bakhmout dans l'est de l'Ukraine, épicentre des combats depuis des mois et où les forces de Moscou ont lentement progressé jusqu'à en contrôler la majeure partie. "Les unités d'assaut de Wagner ont progressé avec succès, capturant deux blocs à la périphérie nord et sud de la ville", a indiqué le ministère russe de la Défense sur Telegram, faisant état des "combats les plus violents" du front. Le groupe paramilitaire Wagner, dirigé par le sulfureux homme d'affaires Evguéni Prigojine, est en première ligne dans cette bataille, épaulé par l'artillerie et les parachutistes de l'armée.

Selon le ministère russe, les troupes ukrainiennes "battent en retraite et détruisent délibérément les infrastructures et les bâtiments résidentiels de la ville afin de ralentir l'avancée" des forces russes. "Les troupes aéroportées (russes) retiennent l'ennemi sur les flancs et soutiennent les actions des groupes d'assaut dans la prise de la ville", a-t-il ajouté. La Russie avait affirmé vendredi pousser dans l'ouest de Bakhmout pour s'emparer de la dernière partie de cette ville, en grande partie détruite, encore sous le contrôle de l'armée ukrainienne.

La veille, elle avait affirmé bloquer les forces ukrainiennes dans Bakhmout et empêcher tout renfort d'y entrer, laissant entendre que cette ville, où se déroule depuis l'été dernier la bataille la plus sanglante depuis le déclenchement de l'offensive russe, était sur le point de tomber. Kiev a démenti ces affirmations, assurant continuer à ravitailler les soldats ukrainiens dans Bakhmout et à infliger des "pertes folles" aux Russes. L'AFP n'a pas pu vérifier ces déclarations de source indépendante.

Le président brésilien Lula en médiateur

Sur le front diplomatique, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a appelé les Etats-Unis à cesser "d'encourager la guerre" en Ukraine et "commencer à parler de paix", au terme d'une visite en Chine où il s'est rapproché de son homologue chinois Xi Jinping. Il a aussi exhorté l'Union européenne à "commencer à parler de paix". Les pays occidentaux sont des soutiens cruciaux de l'effort de guerre ukrainien, ayant fourni de larges quantités d'armes et de munitions à Kiev, ainsi qu'un soutien logistique et financier.

Volodymyr Zelensky refuse de négocier avec Moscou tant que le président russe Vladimir Poutine est au pouvoir et insiste sur le retour de tous les territoires occupés par la Russie, y compris la Crimée annexée en 2014. La Russie a récemment assuré de son côté que des négociations de paix en Ukraine ne sont possibles que si elles visent à l'établissement d'un "nouvel ordre mondial" sans domination américaine.

Enquête préliminaire

Dans un communiqué, le bureau du procureur régional de Donetsk a indiqué qu'une enquête préliminaire avait été ouverte pour violation des lois et coutumes de la guerre. "Selon les informations préliminaires, les occupants ont utilisé un système de missiles antiaériens S-300 contre la population civile", ajoute le texte. 

Des journalistes de l'AFP ont vu des secouristes chercher des survivants au dernier étage d'un immeuble résidentiel et de la fumée noire s'échapper de maisons en feu de l'autre côté de la rue. "J'habite de l'autre côté de la rue et je dormais quand j'ai entendu cette énorme explosion", a raconté à l'AFP Larisa, une habitante de 59 ans.

Changement dans les convocations de soldats russes

Vendredi, à Moscou, le président russe Vladimir Poutine a promulgué une loi facilitant la mobilisation des jeunes Russes dans l'armée. Un réserviste pourra désormais être mobilisé par voie électronique, via un portail des services publics russes, ou encore si l'ordre est remis à un tiers, selon les agences russes. Jusque-là, les convocations devaient être remises en mains propres. Le président Poutine a décrété une mobilisation de 300.000 réservistes en septembre 2022, dont la mise en oeuvre a souvent été chaotique.

Si le Kremlin dément vouloir lancer une deuxième vague de mobilisation, nombreux sont ceux en Russie qui s'en inquiètent, alors que l'armée ukrainienne prépare une contre-offensive. La police a le droit de mener la chasse aux réfractaires, qui encourent des peines de prison. Le service des impôts, les universités et d'autres organismes publics devront fournir les informations personnelles des mobilisables.

Le refus de se présenter au bureau d'enrôlement privera ainsi les Russes de la possibilité de travailler en tant qu'entrepreneur ou indépendant, de recevoir des prêts ou de disposer de leur logement et de leur voiture. Ces mesures concernent aussi les Russes qui ont fui leur pays.

L'enjeu de Bakhmout

La mobilisation de septembre 2022 avait provoqué la fuite de dizaines de milliers de Russes à l'étranger. Le bombardement de l'immeuble civil à Sloviansk intervient alors que Moscou a déclaré accroître la pression pour s'emparer d'autres quartiers de la ville ravagée de Bakhmout, plus au sud. L'armée russe a déclaré que les mercenaires du groupe Wagner avancent vers les quartiers ouest de la ville, soutenues par les troupes aéroportées de Moscou.

"Les unités d'assaut de Wagner mènent des opérations de combat de haute intensité pour conquérir les quartiers ouest de la ville", a déclaré l'armée russe dans un communiqué. Les parachutistes russes "apportent leur soutien aux unités d'assaut et empêchent l'ennemi de livrer des munitions à la ville et d'y amener des réserves". L'Ukraine a promis de continuer à défendre Bakhmout. Mais sur le terrain, des sources ukrainiennes près de la ville ont admis auprès de l'AFP que les forces de Kiev se trouvaient dans une position "difficile".

Sur le front diplomatique, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, en visite Pékin, a exhorté les États-Unis à "cesser d'encourager la guerre et commencer à parler de paix". La communauté internationale pourra ainsi "convaincre" Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky que "la paix est dans l'intérêt du monde entier", a-t-il ajouté.