Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 415e jour de l'invasion russe

Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a estimé que l'on était "en sursis" concernant la "sûreté" de la centrale nucléaire de Zaporijjia (Illustration).
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a estimé que l'on était "en sursis" concernant la "sûreté" de la centrale nucléaire de Zaporijjia (Illustration). © Crédits photo : Diego Herrera Carcedo / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
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avec AFP / Crédits photo : Diego Herrera Carcedo / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP , modifié à
Au 415e de la guerre en Ukraine, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a estimé que l'on était "en sursis" concernant la "sûreté" de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia. De plus, une frappe russe a fait au moins huit morts et 21 blessés à Sloviansk. 
L'ESSENTIEL

Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a estimé jeudi que l'on était "en sursis" concernant la "sûreté" de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, à proximité de laquelle deux mines ont récemment explosé. "Si nous n'agissons pas pour protéger la centrale, notre chance tournera tôt ou tard, avec des conséquences potentiellement graves sur la santé humaine et l'environnement", a mis en garde Rafael Grossi dans un communiqué diffusé à Vienne, où se trouve le siège de l'AIEA.

"Nous sommes en sursis en ce qui concerne la sûreté et la sécurité nucléaires à la centrale de Zaporijjia", la plus grande d'Europe, qui est occupée par les Russes depuis mars 2022, a-t-il ajouté, réitérant les craintes déjà exprimées à plusieurs reprises par son organisation. Deux explosions de mines terrestres se sont produites à l'extérieur de la clôture entourant ce site, la première le 8 avril et une autre quatre jours plus tard, selon le communiqué.

Les informations à retenir : 

- Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a estimé jeudi que l'on était "en sursis" concernant la "sûreté" de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, à proximité de laquelle deux mines ont récemment explosé. 

- Le directeur de l'AIEA a en outre averti jeudi que ce site, qui abrite six réacteurs nucléaires, continuait de dépendre d'une seule ligne électrique encore en fonctionnement, ce qui constitue "un risque majeur pour la sûreté et la sécurité nucléaire".

- L'Union européenne a ajouté l'organisation paramilitaire russe Wagner sur sa liste des individus et entités sanctionnés pour "participation active à la guerre d'agression russe contre l'Ukraine"

- La Russie a dit vendredi pousser dans l'ouest de Bakhmout pour s'emparer de cette ville épicentre des combats depuis plusieurs mois en Ukraine

- Aucun défilé marquant le 1er mai n'aura lieu à Moscou en raison d'un risque terroriste "élevé"

- Une frappe russe sur un immeuble d'habitation a fait au moins huit morts et 15 blessés vendredi à Sloviansk, une ville de l'est de l'Ukraine

- Les huit chars Leopard 2 canadiens promis à l'Ukraine sont arrivés en Pologne

- Le président russe Vladimir Poutine a signé vendredi la loi facilitant la mobilisation des Russes dans l'armée

"Un risque majeur pour la sûreté et la sécurité nucléaire"

On ignore pour le moment ce qui a déclenché les explosions, a souligné Rafael Grossi, qui a rencontré la semaine dernière de hauts responsables russes à Kaliningrad (ouest de la Russie). Il s'était peu avant rendu à la centrale de Zaporijjia, pour la deuxième fois depuis le début de la guerre en Ukraine.

Le directeur de l'AIEA a en outre averti jeudi que ce site, qui abrite six réacteurs nucléaires, continuait de dépendre d'une seule ligne électrique encore en fonctionnement, ce qui constitue "un risque majeur pour la sûreté et la sécurité nucléaire".Une ligne électrique de secours endommagée le 1er mars n'a toujours pas été réparée, a déploré cette agence de l'ONU. L'Agence internationale de l'énergie atomique a également noté que la situation du personnel dans cette centrale restait "complexe et difficile", y compris en raison de pénuries d'employés.

Souligner la menace

L'Union européenne a ajouté également jeudi l'organisation paramilitaire russe Wagner sur sa liste des individus et entités sanctionnés pour "participation active à la guerre d'agression russe contre l'Ukraine". Ce groupe de mercenaires, qui combat dans l'est du territoire ukrainien pour tenter de s'emparer des villes de Bakhmout et de Soledar, avait déjà été placé en février sur une autre liste de sanctions de l'UE pour violation des droits de l'Homme et "déstabilisation" de pays en Afrique. 

Le Conseil européen, qui représente les 27 États membres de l'Union européenne, a expliqué que la nouvelle liste de sanctions "complétait" la précédente. Wagner, a-t-il poursuivi, y a été inscrit pour "des actions sapant ou menaçant l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine".

Le fait que cette organisation paramilitaire soit ainsi doublement sanctionnée "souligne la dimension internationale et la gravité" de ses activités, ainsi que "son impact déstabilisateur sur les pays où elle est active", a relevé dans un communiqué le Conseil. Ce dernier a également ajouté à sa liste des personnes physiques et morales visées par les sanctions RIA FAN, un média russe qui fait partie du Patriot Media Group, dont le conseil d'administration est dirigé par Evgueni Prigojine, le patron de Wagner.

Vladimir Poutine signe la loi facilitant la mobilisation des Russes dans l'armée

Le président russe Vladimir Poutine a signé vendredi la loi facilitant la mobilisation des Russes dans l'armée, un texte validé en deux jours par le Parlement, selon les agences russes. Selon la nouvelle loi, un réserviste pourra désormais être mobilisé par voie électronique, via un portail des services publics russes, ou encore si l'ordre est remis à un tiers. Jusque-là, les convocations devaient être remises obligatoirement en mains propres. Le président Vladimir Poutine avait décrété une mobilisation de 300.000 réservistes en septembre 2022, dont la mise en œuvre avait souvent été chaotique.

Si le Kremlin dément vouloir lancer une deuxième vague, nombreux sont ceux en Russie qui s'en inquiètent, alors que l'armée ukrainienne prépare une contre-offensive d'ampleur. La police a le droit de mener la chasse aux réfractaires, qui encourent des peines de prison. Le service des impôts, les universités et d'autres organismes publics auront pour devoir de fournir les informations personnelles des mobilisables.

Le refus de se présenter au bureau d'enrôlement privera ainsi les Russes de la possibilité de travailler en tant qu'entrepreneur ou indépendant, de recevoir des prêts ou de disposer de leur logement et de leur voiture. Ces mesures concernent aussi les Russes qui ont fui leur pays et travaillent à distance. La précédente mobilisation de septembre 2022 avait provoqué la fuite de dizaines de milliers de Russes à l'étranger.

Huit morts et 21 blessés dans une frappe russe

Une frappe russe sur un immeuble d'habitation a fait au moins huit morts et 21 blessés vendredi à Sloviansk, une ville de l'est de l'Ukraine, a annoncé le gouverneur local, avertissant qu'il pourrait y avoir des personnes ensevelies sous les décombres. Selon le dernier bilan, "21 personnes ont été blessées et huit tuées", a annoncé Pavlo Kyrylenko à la télévision ukrainienne. "Il est possible que sept personnes, dont un enfant, se trouvent sous les décombres", a-t-il ajouté. Sloviansk se trouve dans une partie de la région de Donetsk sous contrôle ukrainien, à 45 kilomètres au nord-ouest de Bakhmout, près du territoire contrôlé par la Russie. 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de "bombarder brutalement" des bâtiments résidentiels et de "tuer des gens en plein jour". Des journalistes de l'AFP sur place ont vu des secouristes chercher des survivants au dernier étage d'un immeuble résidentiel de l'ère soviétique et de la fumée noire s'échapper de maisons en feu de l'autre côté de la rue. "J'habite de l'autre côté de la rue et je dormais quand j'ai entendu cette énorme explosion. Je suis sortie en courant de mon appartement", a raconté à l'AFP Larisa, une habitante de 59 ans. Elle a précisé que l'impact du bombardement avait brisé ses fenêtres et projeté des éclats de verre dans toute la maison.

Un enfant de deux ans a été sorti vendredi des décombres de l'immeuble touché par une frappe russe à Sloviansk, mais est décédé dans l'ambulance, ont annoncé les autorités ukrainiennes. "L'enfant est mort dans l'ambulance", a annoncé Daria Zarivna, conseillère du président Volodymyr Zelensky, sur Telegram. Ce décès porte à six morts le bilan de cette attaque. Le gouverneur local avait averti de la présence de personnes ensevelies sous les décombres.

Les huit chars Leopard 2 canadiens promis à l'Ukraine sont arrivés en Pologne

Les huit chars Leopard 2 que le Canada avait promis à l'Ukraine pour l'aider dans sa lutte contre l'invasion russe sont arrivés en Pologne, a annoncé vendredi la ministre de la défense canadienne Anita Anand. En février, Ottawa avait indiqué doubler le nombre de ces chars de conception allemande promis à Kiev le mois précédent. Ces engins de 55 tonnes sont l'une des composantes clé de l'arsenal canadien, et parmi ses équipements les plus avancés. "C'est officiel: les huit chars de combat Leopard 2 promis par le Canada à l'Ukraine sont arrivés en Pologne", a tweeté la ministre Anita Anand. "Nous continuerons à être solidaires avec l'Ukraine et à fournir aux Ukrainiens les outils dont ils ont besoin pour combattre et gagner cette guerre", a-t-elle également écrit.

Fin mars, les premiers chars lourds allemands et britanniques, 18 Leopard et 14 Challenger, étaient arrivés en Ukraine, un apport de forces souhaité depuis longtemps par Kiev pour faire face à l'invasion russe. L'Espagne avait annoncé peu après qu'elle livrerait ses six chars Leopard promis à l'Ukraine "après la semaine de Pâques". Les Etats-Unis devraient livrer de leur côté 31 chars M1A1 Abrams, mais pas avant l'automne.

Pas de défilé du 1er mai à Moscou en raison d'une menace terroriste "élevée"

Aucun défilé marquant le 1er mai n'aura lieu à Moscou en raison d'un risque terroriste "élevé", a annoncé vendredi la plus grande fédération syndicale du pays, au moment où les autorités russes insistent sur cette menace, sur fond de conflit en Ukraine. "Il n'y aura pas de défilés et de rassemblements dans la capitale, mais une réunion solennelle est prévue", a déclaré Alexandre Cherchoukov, vice-président de la Fédération des syndicats indépendants de Russie, cité par l'agence de presse Tass. La décision a été prise par les autorités car "le niveau de danger terroriste est plus élevé, même dans les régions éloignées des lieux de l'+opération militaire spéciale+", a-t-il justifié, usant de l'euphémisme imposé par le Kremlin s'agissant de son assaut contre l'Ukraine.

Les célébrations du 1er mai, très officielles en Russie, sont notamment organisées par des syndicats fidèles au pouvoir russe. D'ordinaire, de nombreuses manifestations culturelles et politiques d'ampleur ont ainsi lieu à Moscou et dans sa banlieue à l'occasion de la fête du Travail qui est férié dans tout le pays. Les autorités russes martèlent depuis l'attentat du 2 avril qui a tué un blogueur militaire à Saint-Pétersbourg, que le risque terroriste est démultiplié, accusant l'Ukraine, l'Occident et l'opposition russe de vouloir orchestrer des attaques.

La Russie dit pousser dans l'ouest de Bakhmout pour s'emparer de la ville

La Russie a dit vendredi pousser dans l'ouest de Bakhmout pour s'emparer de cette ville épicentre des combats depuis plusieurs mois en Ukraine et où l'issue de cette bataille meurtrière reste plus que jamais incertaine. "Les groupes d'assaut de (l'organisation paramilitaire) Wagner mènent des opérations militaires de haute intensité pour prendre des quartiers dans la partie ouest de la ville d'Artiomovsk", le nom soviétique de Bakhmout utilisé par Moscou, a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué. La zone ouest est la dernière partie de cette cité de l'est de l'Ukraine à être aux mains des militaires ukrainiens, qui font face aux hommes de Wagner et à l'armée russe désormais installés dans les quartiers nord, sud et est.

Jeudi, la Russie avait affirmé bloquer les forces ukrainiennes dans Bakhmout et empêcher tout renfort d'y entrer, laissant entendre que cette ville, où se déroule depuis l'été dernier la bataille la plus sanglante depuis le déclenchement de l'invasion russe, était sur le point de tomber. Kiev avait immédiatement démenti ces affirmations auprès de l'AFP, assurant continuer à ravitailler les soldats ukrainiens dans Bakhmout et à infliger des "pertes folles" aux Russes. L'AFP n'avait toutefois pas pu vérifier ces déclarations de source indépendante.

Selon un militaire ukrainien sorti de Bakhmout il y a une semaine et aussi joint vendredi par l'AFP, "des positions ont été perdues et il était impossible d'évacuer ou de retirer les troupes". Une "situation très difficile", a-t-il résumé. Même si l'Ukraine envoie "des gens frais" dans la zone, "Bakhmout tombera dans moins d'un mois", a-t-il prédit, au moment où Kiev jure vouloir s'accrocher à la défense de cette cité.

Responsables de la décapitation d'un homme ukrainien ?

Une ONG russe et un déserteur de Wagner ont affirmé que des mercenaires appartenant à ce groupe avaient été responsables de la décapitation d'un homme qui semble avoir été un prisonnier de guerre ukrainien. Evgueni Prigojine a rejeté ces accusations, tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé une nouvelle exaction de "monstres" russes.

Dans une vidéo virale qui dure une minute et quarante secondes et circule depuis mardi, on voit un individu en tenue de camouflage, le visage masqué, trancher le cou d'un autre homme en uniforme se débattant sur le sol et hurlant "ça fait mal". Le parquet russe a de son côté annoncé jeudi avoir entamé l'examen de ces images.

Les personnes -physiques ou morales- sanctionnées par l'Union européenne sont soumises à un gel de leurs avoirs sur le territoire de ses Etats membres et à une interdiction de s'y rendre. En outre, nul dans l'UE n'est autorisé à mettre des fonds à leur disposition. L'UE a pris au cours de l'année écoulée dix séries de sanctions successives contre la Russie, après son offensive militaire en Ukraine.