«Paix solide», «Réunion quadrilatérale»... Ce qu'il faut retenir de la rencontre entre Volodymyr Zelensky, Donald Trump et dirigeants européens

Faire bloc. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs dirigeants européens sont actuellement à Washington afin de soutenir la position de Kiev, sommé par Donald Trump d’accepter des concessions après son sommet avec Vladimir Poutine, qui n’a pas mis fin aux combats en Ukraine.

Précédée de nouvelles frappes russes meurtrières sur plusieurs villes, cette réunion à la Maison Blanche constitue une première depuis le début de l’invasion russe, en février 2022.

Elle doit permettre d’aborder d’éventuelles concessions territoriales et la question de garanties de sécurité, pour tenter de mettre un terme au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

"Le président Zelensky peut mettre fin à la guerre presque immédiatement s’il le souhaite, ou continuer à combattre", a lancé Donald Trump sur Truth Social, accentuant la pression sur Kiev pour qu’il renonce à certaines exigences. L’ancien président a déjà écarté tout retour de la Crimée dans le giron ukrainien, ainsi qu’une entrée du pays dans l’Otan, tout en se félicitant d’accueillir  "autant de dirigeants européens en même temps" à la Maison Blanche.

Emmanuel Macron demande une "réunion quadrilatérale" associant Poutine, Trump, Zelensky et les Européens

Lors de la réunion entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche, Emmanuel Macron a demandé que les Européens soient associés aux discussions entre les Etats-Unis, la Russie et l'Ukraine une fois que le président américain aura réussi à mettre autour d'une même table Vladimir Poutine et et son homologue ukrainien.

"L'idée d'une réunion trilatérale est très importante parce que c'est le seul moyen de régler (le problème, ndlr). Je pense que dans la foulée, nous aurons besoin d'une réunion quadrilatérale, parce que lorsqu'on parle de garanties de sécurité (pour l'Ukraine), nous parlons de la sécurité de tout le continent européen", a-t-il lancé devant Donald Trump, les principaux dirigeants européens et le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte.

Volodymyr Zelensky dit avoir eu sa "meilleure" conversation avec Donald Trump

Après son échange avec Donald Trump, le président ukrainien s'est réjoui devant son homologue américain d'avoir eu avec lui "la meilleure" de leurs discussions pour tenter de trouver une issue à la guerre en Ukraine. 

"Je pense que nous avons eu une très bonne conversation avec le président Trump, c'était vraiment la meilleure - enfin, pardon, peut-être que la meilleure aura lieu à l'avenir - mais c'était vraiment bien, et nous avons parlé de choses extrêmement sensibles", a déclaré Volodymyr Zelensky, assis autour d'une table où étaient également présents Donald Trump et les dirigeants européens.

Donald Trump assure que Vladimir Poutine est prêt à accepter des garanties de sécurité pour l'Ukraine

Donald Trump a assuré, après son échange avec Volodymyr Zelensky, que le président russe Vladimir Poutine était prêt à accepter des garanties de sécurité pour l'Ukraine.

"Le président Poutine est d'accord pour que la Russie accepte des garanties de sécurité pour l'Ukraine et c'est l'un des points centraux que nous devons prendre en compte et nous allons le prendre en compte à cette table", a déclaré Donald Trump au début de la réunion avec les dirigeants européens. 

Volodymyr Zelensky s'est montré ouvert à un sommet en présence de Vladimir Poutine

Donald Trump a pris soin de recevoir personnellement Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche, selon CNN. Les deux présidents se sont rendus dans le Bureau ovale pour répondre à la presse.

Le président américain a assuré aux médias sur place que "ce n'est pas la fin" de l'aide américaine envers l'Ukraine. Selon lui, le conflit avec la Russie serait "la guerre de Joe Biden et nous souhaitons terminer cette guerre qui n'est bonne pour personne".

Volodymyr Zelensky s'est montré ouvert à un sommet en présence de Vladimir Poutine : "Nous comptons sur le président Trump pour mettre fin à cette guerre, et nous sommes prêts pour une rencontre trilatérale".

Donald Trump n'exclut pas l'envoi de troupes américaines en Ukraine

Le président américain n’a pas exclu l’envoi de troupes américaines en Ukraine pour aider à maintenir un éventuel accord de paix : "Nous vous le ferons savoir, peut-être plus tard dans la journée".

Cette éventualité à autoriser la présence de troupes américaines sur le terrain en Ukraine pourrait constituer un cap majeur dans le conflit, car l’Ukraine considère que les garanties de sécurité sont essentielles pour tout éventuel accord de paix avec la Russie.

Le président américain a souligné que les Etats-Unis "ne donne rien, mais vendent des armes" à l'Ukraine via les achats de l'Otan auprès d'entreprises militaires américaines.

Le président américain met en avant son bilan pour la paix

Donald Trump a longuement insisté sur son bilan en matière de politique international. Il a souligné avoir agi "au Rwanda, avoir mis "un terme au programme nucléaire iranien" et "à six guerres", avoir permis "de sceller la paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan" et estime pouvoir "trouver une solution" en Ukraine.

"J'aime le peuple ukrainien, mais j'aime tous les peuples. J'aime le peuple russe, je les aime tous", a lancé Donald Trump. Il a néanmoins lancé que les Etats-Unis "donnerons une très bonne protection, une très bonne sécurité" à l'Ukraine. Volodymyr Zelenskuy a enchéri en expliquant que son pays a besoin de "tout" en matière de garanties de sécurité.

La porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova a publié un communiqué affirmant que la Russie rejette "tout scénario" impliquant l'apparition de troupes de l'OTAN en Ukraine. "Nous réaffirmons notre position maintes fois exprimée sur le rejet catégorique de tout scénario impliquant l'apparition de contingents militaires de l'OTAN en Ukraine, qui menace une escalade incontrôlable du conflit avec des conséquences imprévisibles", assure cette déclaration russe.

Volodymyr Zelensky appelle à "assurer une paix solide et durable" pour l'Ukraine et l'Europe

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé lundi à "assurer une paix solide et durable" pour l'Ukraine et l'Europe, peu avant sa rencontre avec Donald Trump à la Maison Blanche.

"Notre objectif principal est une paix solide et durable pour l'Ukraine et pour toute l'Europe", a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux, à l'issue de sa réunion avec des dirigeants européens qui doivent aussi participer à sa réunion avec le président américain. "Nous devons mettre fin aux tueries" provoquées par l'invasion russe de l'Ukraine, a-t-il ajouté. 

La tenue de Volodymyr Zelensky

Après avoir créé un sujet de discorde lors d'une précédente visite du président ukrainien à Washington en février dernier, la tenue de Volodymyr Zlensky a cette fois été salué par Donald Trump. L'habituelle tenue militaire kaki du président ukrainien a dû être laissé au placard suite à des négociations entre des responsables des deux pays. Volodymyr Zelensky s'est donc présenté devant la Maison Blanche vêtue d'un costume noir, mais sans porter de cravate.

Plusieurs dirigeants européens font le déplacement

Aux côtés de Volodymyr Zelensky sont attendus Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président finlandais Alexander Stubb, le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, ainsi que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Tous ces dirigeants européens sont arrivés à la Maison Blanche. 

Volodymyr Zelensky appelle la Russie à "mettre fin à cette guerre"

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé la Russie à "mettre fin à cette guerre qu'elle a elle-même déclenchée", à quelques heures de sa rencontre à Washington lundi avec Donald Trump, qui veut pousser Kiev à des concessions territoriales.

Le président ukrainien enchaînera cette réunion avec une interview chez Fox News. Volodymyr Zelensky a affirmé auprès du média américain qu'il serait "impossible de céder du territoire" à la Russie.

La Chine dit espérer un accord "acceptable pour toutes les parties"

"Nous espérons que toutes les parties et tous les acteurs participeront aux pourparlers de paix en temps opportun et parviendront à un accord de paix juste, durable, contraignant et acceptable pour toutes les parties dès que possible", a indiqué lors d'une conférence de presse Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Des concessions territoriales

Zelensky s’entretiendra d’abord en tête-à-tête avec Donald Trump à partir de 13h (17h GMT), avant que les dirigeants européens ne se joignent aux discussions. À son arrivée, le président ukrainien a assuré partager "le profond désir de mettre fin à cette guerre rapidement et de manière fiable", tout en insistant sur une paix "durable", contrairement aux précédents accords bafoués par Moscou.

"La Russie doit mettre fin à la guerre qu’elle a déclenchée. J’espère que notre force conjointe avec l’Amérique et nos amis européens contraindra Moscou à une paix véritable", a-t-il déclaré, remerciant Donald Trump pour son invitation.

Sa dernière visite à Washington, le 28 février, s’était soldée par une humiliation publique dans le Bureau ovale, Trump et son vice-président JD Vance lui reprochant son manque de reconnaissance. Si le milliardaire républicain a récemment manifesté son agacement à l’égard de Vladimir Poutine, il l’a accueilli en grande pompe vendredi en Alaska et continue d’exiger de Kiev des concessions territoriales rejetées jusqu’ici par Zelensky.

Selon un responsable européen, Donald Trump soutiendrait désormais une proposition de Moscou prévoyant l’abandon complet du Donbass à la Russie et un gel des lignes de front dans les régions de Kherson et Zaporijjia. L’émissaire américain Steve Witkoff a pour sa part affirmé que la Russie avait accepté des "concessions" concernant "cinq régions", évoquant surtout Donetsk, priorité militaire du Kremlin.

Des garanties de sécurité

La question des garanties offertes à Kiev en échange d’un compromis sera centrale lundi. Donald Trump a évoqué un mécanisme de défense collective inspiré de l’article 5 de l’Otan, mais en dehors de l’Alliance, jugée inacceptable par Moscou.

"Nous allons demander jusqu’où Donald Trump est prêt à s’engager dans ces garanties", a indiqué Emmanuel Macron. Le président américain a même évoqué un possible sommet tripartite avec Poutine et Zelensky si les discussions progressent.

En cas d’échec, le secrétaire d’État Marco Rubio a prévenu que Washington pourrait imposer de nouvelles sanctions contre Moscou. Le Kremlin, accusé de jouer la montre en multipliant les demandes maximalistes, conserve pour l’heure l’avantage sur le terrain.

"Un cessez-le-feu est indispensable, car la Russie continuera à terroriser notre population", a déclaré Andriï Iermak, chef de l’administration présidentielle ukrainienne, après de nouveaux bombardements meurtriers dans la nuit sur Soumy et Kharkiv, qui ont fait au moins trois victimes, dont un enfant.