Covid : de nouvelles restrictions, mais pas de reconfinement

Jean Castex
Jean Castex s'est exprimé vendredi soir, pour annoncer un durcissement des restrictions actuelles. © BENOIT TESSIER / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Après un Conseil de défense sanitaire à l'Elysée, Jean Castex a annoncé de nouvelles restrictions ce vendredi soir, sans choisir la voie dure du reconfinement. Les derniers chiffres du coronavirus attestent d'une nouvelle augmentation des hospitalisations et des réanimations.
L'ESSENTIEL

Alors que la France compte 75.620 morts du Covid-19, un Conseil de défense sanitaire impromptu s'est tenu vendredi soir à 18 heures. Jean Castex a ensuite annoncé de nouvelles restrictions, concernant notamment les commerces et les frontières. Pour autant, il n'y aura pas de reconfinement dans l'immédiat, l'exécutif préférant d'abord se donner une chance de maîtriser l'épidémie avec des mesures moins sévères. Dans le reste de l'Europe, la circulation de ces nouveaux variants, plus contagieux que la souche dominante, continue d'inquiéter.

L'Allemagne va restreindre les entrées sur son territoire à partir de samedi pour les passagers en provenance de cinq pays. Le régulateur européen vient d'approuver le vaccin du laboratoire AstraZeneca pour tous les adultes de plus de 18 ans. 

Les informations à retenir :

  • Jean Castex a annoncé un renforcement des restrictions actuelles, mais pas de confinement
  • 75.620 morts, la pression s'accentue sur l'hôpital
  • Le vaccin AstraZeneca a été officiellement autorisé dans l'UE pour tous les adultes
  • Les variants du virus pourraient faire du Covid-19 une "maladie chronique", selon un spécialiste

Castex annonce de nouvelles restrictions

Après un Conseil de défense sanitaire qui s'est tenu à 18 heures, Jean Castex a annoncé dans la soirée de nouvelles restrictions pour réduire la circulation du virus sur le territoire national, sans choisir la voie du reconfinement. "Nous pouvons encore nous donner une chance d'éviter le confinement", a-t-il affirmé.

"Toute entrée en France et toute sortie de notre territoire depuis un pays extérieur à l'Union européenne sera interdite à partir de dimanche, sauf motif impérieux", a indiqué le Premier ministre. Les voyages en lien avec les pays de l'Union européenne seront conditionnés à des tests PCR. À propos du couvre-feu, les contrôles seront renforcés face "aux dérives de quelques-uns", a-t-il prévenu.

Les centres commerciaux non-alimentaires d'une surface supérieure à 20.000 carrés seront fermés dès dimanche. Sur le plan économique, le "quoi qu'il en coûte" prôné par l'exécutif depuis mars 2020 sera quant à lui prolongé. "Le recours effectif au télétravail devra être renforcé", a aussi annoncé le Premier ministre en conclusion de cette très courte allocution.

Enfin, un durcissement des contrôles est à prévoir afin que, selon Jean Castex, "les dérives de quelques-uns" ne ruinent pas les efforts de tous. "Les policiers et les gendarmes seront mobilisés pour contrôler le non-respect du couvre-feu, l’organisation des fêtes clandestines et l’ouverture illégale de restaurants dans des proportions renforcées", a-t-il déclaré, ajoutant : "Une consigne de particulière fermeté sera donc appliquée pour ceux qui fraudent les règles en vigueur."

75.620 morts, l'hôpital de plus en plus sous pression

D'après les derniers chiffres publiés sur le site du gouvernement, la France dénombre vendredi 75.620 morts du coronavirus, soit 820 de plus. Un chiffre élevé qui comprend une actualisation des décès en Ehpad et EMS, la dernière datant de mardi. Par ailleurs, 22.858 nouveaux cas ont été détectées sur les dernières 24 heures, tandis que les hospitalisations et les réanimations sont en hausse. On compte désormais 27.308 hospitalisations, soit 142 de plus, et 3.130 réanimations, soit 19 supplémentaires. 

Sur le plan de la vaccination, le gouvernement prévoit que seulement un million de personnes recevront une première injection de vaccin anti-Covid en février, après plus de 1,4 million en janvier, soit un total d'environ 2,5 millions fin février, a annoncé le gouvernement jeudi. Cette prévision de vaccination est très inférieure au chiffre de 4 millions de personnes vaccinées fin février évoqué par le ministre de la Santé jeudi 21 janvier et encore ce mardi, reflet de livraisons de doses qui s'annoncent moindres qu'attendues.

Le vaccin d'AstraZeneca autorisé dans l'UE 

La campagne pourra-t-elle s'accélérer grâce à de nouveaux vaccins ? L'Agence européenne du médicament (EMA) a approuvé vendredi dans l'Union européenne l'utilisation du vaccin d'AstraZeneca, alors que les 27 fustigent ses retards de livraison et que la commission de vaccination allemande l'a déconseillé pour les plus de 65 ans. L'autorisation du régulateur européen vaut pour les personnes de plus de 18 ans. En début de soirée Bruxelles a également autorisé la la mise sur le marché du vaccin d'AstraZeneca/Oxford, a annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. 

L'EMA s'est déjà exprimée dans la matinée, indiquant dans un communiqué qu'un autre vaccin, le Pfizer/BioNTech, n'avait pas de lien avec des décès post-vaccination, dont un certain nombre de personnes âgées, qu'elle a examinés. "Les données ne (montrent) pas de lien avec la vaccination" ni "de problèmes de sécurité", selon le régulateur européen. Par ailleurs, le laboratoire Novartis va aider Pfizer et BioNTech à produire leur vaccin.

Sur le plan de la souveraineté sanitaire du continent, l'Union européenne a annoncé dans l'après-midi qu'elle avait adopté un mécanisme contrôlant l'exportation de vaccins. 

La Hongrie est par ailleurs devenue le premier pays de l'Union européenne à approuver le vaccin du laboratoire chinois Sinopharm, une semaine après avoir fait de même pour celui développé par la Russie, sur fond de critiques à l'égard de Bruxelles.

Une récession massive en France en 2020

Chaque jour apparaissent de nouveaux indicateurs de dégradation économique : ainsi, l'économie française a subi une récession massive en 2020 avec une chute du produit intérieur brut (PIB) de 8,3%, selon une première estimation publiée vendredi par l'Insee. Par ailleurs, la construction de logements a baissé de 6,9% sur la même période et la tendance s'annonce encore pire pour les mois à venir, selon des chiffres officiels de jeudi du gouvernement. La veille, les chiffres de l'emploi ont montré que le nombre de chômeurs a augmenté de 7,5% en 2020 par rapport à l'année précédente.

Dans plusieurs pays, les restrictions peinent à stopper les variants…

Chez nos voisins, en Angleterre et en Espagne, mais aussi un peu plus loin dans le monde, en Israël par exemple, des stratégies diverses ont été adoptées face à la circulation des variants, avec des résultats parfois très mitigés. L'Espagne, où les règles sont plus ou moins strictes selon les régions, fait face à une terrible troisième vague. "Si nous pouvions verser des aides comme en France, tout resterait fermé", a reconnu le responsable santé de la Catalogne. En Israël, où un quart de la population a déjà été vaccinée, le nombre d'hospitalisations baisse mais pas celui des nouveaux cas. Cette situation serait liée à la contagiosité du variant britannique, qui circule plus vite. Lisez ici notre enquête sur l'efficacité des mesures contre le coronavirus à l'étranger. 

De son côté, l'Allemagne va restreindre à partir de samedi les de samedi les entrées sur son territoire par voie terrestre, maritime et aérienne de personnes venant de cinq pays pays fortement touchés par les différents variants du Covid-19 (Royaume-Uni, l'Irlande, le Brésil, le Portugal et l'Afrique du Sud). Ces mesures resteront en vigueur jusqu'au 17 février dans un premier temps à préciser le ministère de la Santé allemand. 

… mais la pandémie décélère dans le monde

La pandémie a fait au moins 2.191.865 morts dans le monde depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de l'apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles vendredi à 11 heures. Les pays qui ont enregistré le plus de nouveaux décès dans leurs derniers bilans sont les États-Unis avec 3.949 nouveaux morts, le Mexique (1.506) et le Brésil (1.386). Les États-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec 433.206 décès pour 25.767.168 cas recensés, selon le comptage de l'université Johns Hopkins.

La pandémie a de nouveau fortement décéléré cette semaine dans le monde, avec 564.300 nouveaux cas enregistrés par jour (-11% par rapport à la semaine précédente), selon un bilan de l'AFP arrêté à jeudi. Les contaminations avaient ralenti dans des proportions similaires la semaine précédente. Toutes les zones ont connu des ralentissements plus ou moins marqués : -18% en Afrique, -16% aux Etats-Unis/Canada, -10% en Europe, -8% en Amérique latine/Caraïbes, -7% au Moyen-Orient et -5% en Asie. Le virus ne circule quasiment pas en Océanie (10 cas par jour, -56%).