coronavirus espagne 3:30
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Henry de Laguérie, Anaïs Cordoba et Gwendoline Debono , modifié à
Pour certains des pays les plus touchés par le variant britannique du coronavirus, notamment l'Espagne, la Grande-Bretagne ou encore Israël, la mise en place d'un reconfinement n'a pas permis d'infléchir significativement la courbe des contaminations. Ce constat interroge le choix que s'apprête à faire l'exécutif français face à une nouvelle vague.
ENQUÊTE

En France, 3.100 malades sont actuellement en réanimation à cause du Covid-19. En tout, ce sont 27.000 personnes qui sont hospitalisées pour une infection liée au nouveau coronavirus. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a indiqué jeudi que la situation épidémique du pays était à un niveau "quasiment équivalent à celui de l'avant confinement de novembre". Mais il faudra encore attendre quelques jours avant de savoir si de nouvelles mesures restrictives seront prises, Emmanuel Macron pouvant s’exprimer dimanche soir ou en début de semaine prochaine.

La propagation galopante du variant anglais, plus contagieux que la souche actuellement majoritaire, laisse craindre le pire et pourrait bien pousser l'exécutif à opter pour un nouveau confinement, le troisième en moins d’un an, ce qui pose la question de l’acceptation par les Français d'une telle mesure. Chez nos voisins, en Angleterre et en Espagne, mais aussi un peu plus loin dans le monde, en Israël par exemple, des stratégies diverses ont été adoptées face à la circulation des variants, avec des résultats parfois très mitigés.

En Grande-Bretagne, un confinement trop tardif

À Londres, le variant anglais circulait déjà activement en septembre, mais les autorités sanitaires ne l'avaient pas encore identifié. Résultat : le confinement est arrivé très tard, fin décembre. Au bout de deux semaines, alors que les premiers effets des restrictions auraient dû être observés, comme c'est le cas normalement, l'épidémie était hors de contrôle. Le nombre de nouveaux cas a pratiquement doublé pour s'établir à 68.000 infections par jour, et le nombre des décès quotidiens atteint des records jamais vus depuis le début de la pandémie.

Certes, le confinement a été moins strict que celui décrété en France à l'automne, mais il a tout de même fallu attendre un mois pour observer un très léger ralentissement de l'épidémie. Pour les experts, ces progrès sont encore loin d'être suffisants pour envisager un déconfinement outre-Manche. 

En Espagne, des confinements à la carte et à moindre coût

Chaque jour de confinement strict coûte près d'un milliard d'euros. Si la France peut encore se permettre d’assumer financièrement une telle mesure, ce n’est pas le cas de l’Espagne, contrainte d'écarter l'idée d'un nouveau confinement. À Barcelone, le petit commerce est ouvert, il est possible de prendre un café en terrasse ou de déjeuner au restaurant. Ils sont ouverts le matin et à midi. On peut même aller au cinéma ou visiter un musée. Chaque région, néanmoins, applique ses propres règles. Ainsi, à Valence ou en Galice, la restauration est fermée.

Et pourtant, l’Espagne fait face à une terrible troisième vague, avec chaque jours près de 500 morts, mais elle ne peut plus se permettre le confinement strict du printemps dernier qui a traumatisé la population et a mis à terre l’économie. Le chômage a grimpé à 16%, et la dette s’est envolée. "Si nous pouvions verser des aides comme en France, tout resterait fermé", a reconnu le responsable santé de la Catalogne. Les restrictions qui ne coûtent pas d’argent sont privilégiées. On ne peut donc pas sortir de sa ville ou de sa région. Le couvre-feu commence à 22 heures. Enfin, aux Baléares ou à Valence, il est interdit de recevoir quelqu’un chez soi. Il y a 17 régions en Espagne et donc 17 confinements différents.

En Israël, une campagne de vaccination hors norme

Dans ce contexte, la capacité de vaccination de chaque pays est déterminante. En France, ce sujet est devenu polémique entre les retards à l’allumage, les couacs logistiques et les livraisons aléatoires des laboratoires. À l'inverse, Israël est présenté comme un modèle en la matière : un quart de la population a déjà été vacciné, ce qui a fait chuter de 60% l'hospitalisation des plus de 60 ans.

Malgré cela, Israël reste submergée par les cas de Covid-19. Le pays est entré dans son troisième confinement il y a un mois et il y a plus de cas aujourd'hui qu'au début du confinement. Cette situation serait liée à la contagiosité du variant britannique qui circule plus vite. Il représente plus de la moitié des nouvelles contaminations quotidiennes en Israël, ce qui a conduit à la fermeture des frontières terrestres. Plus aucun avion étranger n'est autorisé à se poser. Pour le pays, il s'agit d'une course contre la montre : vacciner plus vite que ne circulent les variants.