Une surveillance généralisée a été mise en place dans certains pays. 2:08
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Didier François édité par Guilhem Dedoyard , modifié à
Le coronavirus a offert aux régimes autoritaires une opportunité de renforcer le contrôle des populations sous couvert de lutte contre la pandémie. Un système de surveillance généralisé a parfois été mis en place, et risque de perdurer au-delà de la crise sanitaire. 
ANALYSE

La pandémie de coronavirus a eu des effets secondaires dans les régimes autoritaires. Sous couvert de gestion de l'épidémie plusieurs pays dirigés par des leaders autoritaires ou dictatoriaux en ont profité pour renforcer leur arsenal de surveillance et de contrôle des populations au détriment des libertés de leurs concitoyens. Des mesures opportunistes permettant de renforcer l'emprise de ces dirigeants.

Des filets de surveillance déployés

De ce point de vue, la pandémie de coronavirus offre de nombreuses occasions puisque toute mesure de restriction des droits ou de renforcement des contrôles sur les individus peut se justifier par un impérieux besoin de protéger la santé de tous. Les dictateurs ont ainsi pu développer à grande échelle les systèmes de surveillance et de traçage, multipliant les réseaux de caméras de surveillance couplées à des logiciels de géolocalisation et à des algorithmes de reconnaissance faciale au nom de la sécurité sanitaire.

Amnesty International a dénombré pas moins de 46 pays allant du Kirghizstan à la Russie, en passant par le Pakistan ou la Malaisie, qui ont tendu sur leurs populations un tel filet de surveillance, souvent avec de la technologie chinoise. Et il semble peu probable qu'il soit démonté une fois l’épidémie terminée.

Des sanctions en cas de divulgation d'informations

L’autre caractéristique de ces régimes, c’est qu’ils ne tolèrent pas que l’on puisse critiquer leur gestion de l’épidémie. Ce système permet donc également de faire taire les lanceurs d’alertes. La Chine a ainsi fait arrêter les médecins qui ont découvert le virus en les accusant de propager des fausses rumeurs, parce qu’ils avaient eu raison trop tôt.

La même réaction a été constatée au Pakistan, où 53 docteurs ont été jetés en prison pour avoir réclamé des équipements de protection. Dans des pays comme la Russie, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, des lois ont également été adoptées qui interdisent au personnel de santé de publier la moindre statistique sur la maladie sous peine de graves sanctions.