Liban explosion 2:45
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Mathilde Durand , modifié à
Après les explosions qui ont ravagé le centre-ville de Beyrouth, faisant au moins 137 morts et plus de 5.000 blessés, les Libanais attendent des réponses sur les circonstances de la tragédie. "Celui qui sera coupable de ce crime affreux de négligence sera puni", promet le ministre libanais des Affaires étrangères sur Europe 1. 
INTERVIEW

Un drame, et des réponses attendues. Moins de deux jours après les puissantes explosions survenues dans le port de Beyrouth, qui ont fait au moins 137 morts et plus de 5.000 blessés selon le ministère de la Santé, les Libanais crient leur colère face aux responsables politiques qu'ils accusent de négligence. Selon les premières constatations, les explosions auraient été déclenchées par un incendie dans un entrepôt abritant depuis six ans 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, "sans mesures de protection". Le ministre des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, dénonce, sur Europe 1, "un crime affreux de négligence" et promet une enquête indépendante.  

Le stock de nitrate d'ammonium mis sous scellés par un juge

Si la piste de l'attentat semble écartée et celle de l'accident privilégiée, "l'investigation doit être complétée", explique le ministre des Affaires étrangères. "C’est une grave négligence et qui a duré six ans". Brièvement, il revient sur les premières constatations réalisées à la suite du drame. Le navire, partant d'un port d'Europe de l'Est en direction du Mozambique, aurait accosté à Beyrouth à la suite d'un problème au cours de la traversée.

Le chargement dangereux ayant été découvert, un juge a ordonné la confiscation du bateau. "Le navire a été confisqué par l’armée, mis sous scellés par un juge, malheureusement il fallait bien éliminer [les produits explosifs, ndlr], et les rendre où ils devaient être rendus", déplore Charbel Wehbé. 

Un rapport détaillé dans "4 jours maximum"

Pour déterminer les responsables de ces six ans de négligence, un comité d'investigation a été créé ce jeudi. "Ils n’ont que quatre jours, maximum, pour nous donner un rapport détaillé sur la responsabilité, pour nous dire comment, qui, quoi, où, et il y aura des décisions judiciaires sur cette base", assure le responsable politique libanais. "On prend ça au plus grand niveau du sérieux. Tous les ministres ont insisté, celui qui sera coupable de ce crime affreux de négligence sera puni. Je vous le promets."

Pour le moment, les autorités du port, des douanes et les services de sécurité se sont mutuellement rejetés la responsabilité du stockage et de ces substances dangereuses. Le port de Beyrouth, où transitent huit millions de marchandises chaque année, est aussi une plaque tournante de la contrebande et un symbole de la corruption au Liban. Le site est géré par une entreprise privé et les pots-de-vin y sont monnaie courante, selon des témoins.