Liban explosions 1:15
  • Copié
avec AFP , modifié à
Deux très fortes explosions ont eu lieu mardi après-midi à Beyrouth, la capitale libanaise. Le bilan provisoire fait état d'au moins 113 morts et plus de 4.000 blessés selon la Croix rogue libanaise. Les explosions sont dues à un stock d'au moins 2.750 tonne de nitrate d'ammonium.
L'ESSENTIEL

De fortes déflagrations, un mur de fumée et une ville plongée dans le chaos : Beyrouth, la capitale libanaise, a été secouée par deux puissantes explosions dans le quartier du port, mardi après-midi. Mercredi, le bilan de ces explosions était encore provisoire, avec au moins 113 morts et plus de 4.000 blessés selon la Croix Rouge libanaise. Un jour de deuil national a été décrété mercredi, ainsi que deux semaines d'état d'urgence dans la capitale et tout un pays s'interroge sur l'origine de ces explosions meurtrières.

Les principales informations à retenir :

  • Deux explosions à Beyrouth ont fait au moins 113 morts et plus de 4.000 blessés
  • Ces déflagrations seraient dues à l’explosion d’un large stock de nitrate d’ammonium
  • Un deuil national a été décrété mercredi au Liban
  • L'état d'urgence a été décrété à Beyrouth pour deux semaines 
  • La France envoie trois avions d'assistance humanitaire et Emmanuel Macron se rendra au Liban jeudi

Que s'est-il passé à Beyrouth mardi après-midi ?

Vers 18 heures (17 heures à Paris), mardi, deux puissantes explosions successives ont secoué Beyrouth, dans le quartier portuaire. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une première explosion suivie d'une autre qui provoque le gigantesque nuage de fumée. 

Le secteur du port a été bouclé par les forces de sécurité, qui ne laissent passer que la défense civile, les ambulances aux sirènes hurlantes et les pompiers, selon des correspondants de l'AFP à l'entrée du port. Plus de deux heures après l'explosion, les flammes enveloppaient toujours le secteur et un bateau était toujours en feu dans le port. Un hélicoptère collecte de l'eau de la mer pour éteindre les incendies, a constaté une correspondante de l'AFP. 

Déjà un très lourd bilan humain et matériel

Ces puissantes explosions ont fait au moins 113 morts et plus de 4.000 blessés, selon la Croix Rouge libanaise, mercredi matin. "C'est une catastrophe dans tous les sens du terme", a déploré le ministre de la Santé, Hamad Hassan, interrogé par plusieurs télévisions alors qu'il visitait un hôpital de la capitale. "Les hôpitaux de la capitale sont tous pleins de blessés", a-t-il souligné, appelant à transporter les autres blessés vers des établissements de la banlieue. 

Au moins 21 Français ont été blessés dans les explosions et le parquet de Paris a décidé d'ouvrir une enquête.L'ONU au Liban a affirmé que des Casques bleus avaient été grièvement blessés à bord d'un navire endommagé par les explosions. Des membres du personnel de l'ambassade d'Allemagne ont été blessés, selon Berlin. 

Aux abords du quartier portuaire, les dégâts matériels et destructions sont importants. Les déflagrations ont fait trembler les immeubles et brisé des vitres à des kilomètres à la ronde. Selon des témoins, les déflagrations ont été entendues jusqu'à la ville côtière de Larnaca, à Chypre, distante d'un peu plus de 200 km des côtes libanaises.

Des "matières explosives confisquées" en cause ?

Les circonstances de ces explosions, floues dans un premier temps, se sont éclaircies dans la soirée. Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a annoncé que les explosions de ⁦‪ont été causées par près de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium non sécurisées dans un entrepôt pendant 6 ans.

La thèse de l'accident involontaire n'est pas celle qui est privilégiée par les autorités locales. En début de soirée, le Premier ministre, Hassane Diab, a indiqué que les responsables de cette "catastrophe" devraient "rendre des comptes". Le président Michel Aoun a convoqué une "réunion urgente" du Conseil supérieur de la Défense, qui a indiqué que la capitale libanaise était une "ville sinistrée". Le Premier ministre également a décrété un jour de deuil national, mercredi.

L'aide de la France et de plusieurs autres pays

Après les explosions, Emmanuel Macron a exprimé sa "solidarité fraternelle avec les Libanais". Il se rendra jeudi au Liban afin de rencontrer son homologue libanais Michel Aoun et le Premier ministre Hassan Diab. Le chef de l'État a indiqué que la France allait aider humainement et matériellement le pays. Trois avions d'assistance humanitaire ont décollé de Marseille et de Roissy en direction de Beyrouth ce mercredi, chargés de matériel médical et d'équipes de sécurité. Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé une réunion des ministres concernés à 16 heures, à Matignon, pour coordonner cette aide. 

Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a appelé les "pays amis" à aider le Liban et cet appel a trouvé un écho dans la communauté internationale. L'Union européenne va envoyer une centaine de pompiers spécialisés pour aider à la recherche de survivants dans les rues dévastées de la capitale. L'UE a également activé son système de cartographie par satellite Copernicus pour aider les autorités libanaises à évaluer l'étendue des dégâts. Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a proposé l'aide des États-Unis après "l'horrible tragédie" et Israël a proposé mardi soir une aide humanitaire au Liban, pays voisin avec lequel il est techniquement en état de guerre. 

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a exprimé le soutien de son pays au peuple "résilient" du Liban. "Comme toujours, l'Iran est tout à fait disponible pour fournir de l'assistance par tous les moyens nécessaires", a-t-il dit, appelant le Liban à "rester fort".

Un pays déjà fragilisé

Les conséquences de ces deux explosions pourraient être dramatiques au niveau économique et social pour le pays. Le gouverneur de la capitale libanaise, Marwan Aboud, évoquait également des dommages estimés à 3 milliards de dollars et près de 300.000 personnes sans-abris. De plus, les déflagrations ont endommagé les silos de céréales installées à proximité du port de Beyrouth. L'Agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, la FAO, craint "d'avoir à brève échéance un problème de disponibilité de farine pour le pays". 

Le contexte était déjà difficile pour le Liban. Le pays connaît sa pire crise économique depuis des décennies, marquée par une dépréciation monétaire inédite, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques, qui alimentent depuis plusieurs mois la grogne sociale.

Sur le plan judiciaire, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), basé au Pays-Bas, doit rendre vendredi son verdict dans le procès de quatre hommes, tous membres présumés du puissant mouvement libanais Hezbollah. Ils sont accusés d'avoir participé en 2005 à l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri.