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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce mardi, il s'intéresse à l'attitude des membres de la France insoumise à l'égard des journalistes.

Tous les jours, Bruno Donnet observe la mécanique médiatique. Ce matin, il a choisi de s'arrêter sur la façon dont les leaders de La France Insoumise traitent les journalistes car il est tombé sur un contraste qui l'a beaucoup amusé.

Télescopages entre le numéro très rodé de Jean-Luc Mélenchon avec la presse et une déclaration, plutôt inattendue, signée de Mathilde Panot.

Le numéro de Jean-Luc Mélenchon, tout le monde le connait. Il consiste à prendre les journalistes pour des poires, à les humilier et à les rabaisser chaque fois qu’une occasion lui ai offerte.

Avant-hier, par exemple, le ténor de La France Insoumise était l’invité du « Grand Jury », sur LCI, et il n’a donc pas manqué de re-dire aux journalistes qui avaient la lourde charge de l’interroger tout le bien qu’il pense d’eux : « Vous empêchez l’expression démocratique ! »

Il les a traités d’ennemis de la démocratie, de suppôts du pouvoir : « Vous êtes tous des valets du grand capital, euh vos entreprises appartiennent à des milliardaires et vous en êtes des perroquets. »

D’oiseaux rares et même d’ignares congénitaux qui n’ont pas la plus petite idée de ce à quoi ressemblent la violence et le danger : « Vous vous moquez des gens quand vous ne savez pas ce qu’est un mouvement violent, vous n’en avez jamais vu. »

Oser balancer ça, au moment même où notre confrère Olivier Dubois vient tout juste d’être libéré, après avoir passé deux ans, retenu en otage, précisément pour avoir bravé le danger et voulu dénoncer la violence d’un groupe terroriste, au Mali… il fallait oser ! Car, oui, on a beau y être habitué, les dérapages permanents de Jean-Luc Mélenchon à l’égard des journalistes, au bout d’un moment, ça vous tape sur le système : « Calmez-vous un peu ! »

L’entendre parler comme Gérald Darmanin et tenir des propos misogynes, Bruno Donnet ne s’y résoud pas : « Voilà que j’entends 3 perruches, sur Canal + et leur métronome qui s’en prennent à moi. »

On a beau savoir que c’est une ruse, une petite stratégie manœuvrière qui vise à agiter le populisme dans la grande marmite du « tous pourris », Bruno Donnet en a ras la carte de presse d’entendre Mélenchon prendre les journalistes pour des paillassons et s’adresser à eux comme à des moins que rien.

Ça dure depuis des lustres, vous vous souvenez probablement tous ici comment, il y a 12 ans, déjà, il s’était adressé à un malheureux étudiant en journalisme qui avait tenté de l’interroger : « Non, non, non, c’est fini. Terminé. Tu fermes ta petite bouche, tu me parles de politique. Moi je te parle de médias et de ton métier pourri. »

Bref, c’est insupportable, mais la lumière est, peut-être, au bout du tunnel.

Car figurez-vous qu’hier après-midi, en pleine Assemblée nationale, et au moment de défendre la motion de censure contre le gouvernement, Bruno Donnet a entendu une autre Insoumise, Mathilde Panot, la présidente du groupe parlementaire, monter à la tribune et citer quoi ? Vous n’allez pas le croire.

Des journaux ! « Le journal conservateur Der Spiegel titre : Macron n’est pas un réformateur mais un démolisseur. »

Oui oui, la protégée de Jean-Luc Mélenchon a évoqué le travail des journalistes, pour condamner la politique d’Emmanuel Macron : « Le journal italien La Stampa évoque un geste trop irréfléchi qui peut déborder l’Elysée. »

Et elle n’en a pas cité qu’un ou deux, non, elle ne s’est même pas contentée de renvoyer à des journaux de gauche : « Le journal libéral The Econmist : on voit mal du positif émerger de cette pagaille. »

Elle a cité pas moins de six titres, au point que Bruno Donnet a eu l’impression d’entendre non plus un discours politique, mais bien une revue de presse internationale : « Pour El Païs, ce 49.3 va empoisonner la vie politique + Le New-York Times évoque une méthode qui traduit une forme de mépris + Un journal danois, évoque une bombe nucléaire, déclenchée dans un chaos total. »

Et oui, à La France Insoumise, la détestation des journalistes est donc à géométrie variable. Tandis que Jean-Luc Mélenchon les rabroue à la télé, Mathilde Panot utilise leur travail à l’Assemblée.

Nous vivons une époque cohérente.