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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce mardi, il revient sur l'interview de Michel Houellebecq dans "Quotidien".

Tous les jours, Bruno Donnet observe la fabrique médiatique. Ce matin, il revient sur la prestation de Michel Houellebecq, très spectaculaire, hier soir, alors qu’il était en promo dans l’émission Quotidien.

Ça faisait huit ans que Michel Houellebecq n’était plus apparu, en direct, à la télévision.

Du reste, tout juste entré sur le plateau, il a tenu à faire une petite mise point : « Je faisais plus de télé parce que je sais que je suis pas excellent dans l’exercice si vous voulez. »

Michel Houllebecq estime qu’il n’est pas bon, pas bon dans l’exercice de l’interview à la télévision et il a donc, d’emblée, tenu à expliquer pourquoi : « En général quand je fais un entretien, je me dis toujours à la fin : j’ai pas dit ce que j’aurais dû dire, c’est l’esprit de l’escalier, c’est connu. »

Du reste, au beau milieu de l’entretien, Houellebecq a brutalement donné une brève illustration de ce qu’il avait évoqué en préambule : « Euh, je sais pas comment dire. C’est dommage il faudrait que je sache-là parce qu’on est un peu en direct mais... »

Voilà, Brno Donnet a été très amusé par ce postulat, qu’à délibérément posé Michel Houellebecq, car il pense précisément tout le contraire, que Houellebecq est excellent à la télévision et qu’il sait parfaitement bien ce qu’il y fait.

Il vient y jouer un rôle.

Par exemple, arrivé pratiquement au terme de l’émission, hier soir, l’écrivain a soudain balancé une petite phrase totalement incongrue : « Oui, je voulais parler des poules, oui. »

Il a surpris tout son monde en déclarant qu’il avait très envie de parler des poules : « Les poules c’est animaliste. »

Bruno Donnet a beaucoup aimé cette histoire de poules et de tropisme animaliste car il y a vu une splendide allégorie !

En vérité, Michel Houellebecq joue avec la télévision. Il y cultive physiquement, des airs de petit moineau tombé du nid. Il y balance une logorrhée qui feint de ressembler à de la bouillie pour les chats : « Ce sont deux choix de vie différents : être délinquant et être musulman. »

Seulement voilà, Michel Houllebecq qui est un immense écrivain et un intellectuel, plus qu’agile, qui connait parfaitement bien son rôle.

Il est une poule de luxe, dont les sorties, parce qu’elles sont rares, sont des œufs d’or pour la télévision. Voilà pourquoi, lorsqu’il s’y rend, il picote tranquillement sur la ligne de crête de la provocation.

Car oui, LE truc de Michel Houellebecq, pour faire parler de lui, c’est de balancer des propos toujours plus péremptoires, en espérant qu’ils lui permettent de se faire voler dans les plumes : « Autant je suis pour la prostitution, autant l’exhibitionnisme en faisant payer ça me dégoutte. »

Hier soir, par exemple, il a donc essayé de balancer une patate chaude sur la prostitution, sur les musulmans. C’est devenu son grand classique : « Mais je suis arrivé à la conclusion que les musulmans n’aiment pas plus les délinquants que nous. »

Puis ce point de vue, très catégorique, sur le système démocratique français : « Donc je ne suis pas en démocratie, non ! »

Une petite provoc’ qui, après que les précédentes avaient laissé son interlocuteur Yann Barthès, pas très intéressé, a enfin suscité LA réaction qu’il attendait : « Ici vous n’êtes pas en démocratie ? Non ! La France n’est pas une démocratie ? Non + Silence + En aucun cas. »

Une indignation, enfin, dont Michel Houllebecq, fier comme un paon, n’a pas pu s’empêcher de se féliciter : « Mais c’est bien que j’ai l’occasion de le dire à la télé, ça je vous reconnais, je suis dans une émission de grande écoute. »

Trop heureux de venir faire tourner « dans une émission de grande écoute » quelques petits ballons, nauséabonds, sur son nez.

Et oui Houellebecq qui avait fuît, un temps, la France, pour l’Irlande, non pas pour son climat mais bien pour son régime fiscal plus qu’avantageux, a un nouveau bouquin à vendre.

Il vient donc faire, à la télé, un numéro d’animal médiatique parfaitement bien dressé : celui du lapin, faussement pris dans les phares d’une voiture. Celui de l’écrivain, plus que malin, qui vient faire semblant de faire l’âne pour qu’on lui donne du son.

La vraie question étant de savoir s’il est à ce point urgent de lui en offrir ?