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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce vendredi, il dresse le bilan de l'actualité médiatique de la semaine.

Tous les jours, Bruno, Donnet observe la mise en scène de l’actualité par les médias, mais le vendredi, il en fait régulièrement la synthèse. Cette semaine, il lui a semblé que l’actualité avait fait un peu trop de cinéma.

Probablement, encore, placée sous l’influence des effets très spéciaux du festival de Cannes, cette semaine, l’information avait des faux airs de fiction.

Seulement voilà, alors qu’on aurait préféré voir une comédie rigolarde, ou un film à suspens, cette fois-ci, l’actualité ressemblait davantage à un film d’action, aux images quelquefois extrêmement violentes.

Et le premier rebondissement a eu lieu en plein palmarès. En pleine remise de la palme d’or à la réalisatrice Justine Triet : « Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime, de la réforme des retraites + Applaudissements »

A peine récompensée, la française a choisi de transformer la tribune médiatique qui lui était offerte, à Cannes, en gros plan, avec zoom, très serré, sur la vie politique : « Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante. »

La ministre de la Culture lui a répondu qu’elle faisait fausse route, que son travail était allègrement subventionné et nombreux ont été ceux qui ont critiqué cette manière de transformer un espace théoriquement dévolu au seul cinéma, en une enclave politique !

Toutefois, cultivant l’art subtil du contrechamps, d’autres observateurs ont la bonne idée de nous faire observer que la pratique n’était pas neuve.

Comment ? Et bien tout simplement en opérant un petit flash-back. En nous montrant qu’en mai 68, déjà, un certain Jean-Luc Godard n’avait pas hésité à transformer la Croisette, en estrade : « Je vous parle solidarité avec les étudiants et les ouvriers et vous me parlez travellings et gros plans. Vous êtes des cons ! »

Mais le film de la semaine avait été extrêmement violent et d’un traveling à l’autre, l’une des images les plus choquantes de la semaine aura été captée par une caméra de surveillance.

Plan fixe. Intérieur jour. Dans un supermarché, un homme, le rugbyman du quinze de France Mohamed Haouas, poursuit sa femme. Il lui fait un croche-pied et alors qu’elle est allongée au sol. Il la gifle. La pudeur et le respect de la victime… fondues au noir, la séquence a fait le tour des télévisions et des réseaux sociaux, sans que personne n’ait demandé son autorisation à l’épouse du joueur, montrée dans une posture plus que fâcheuse.

Une épouse qui a tout de même tenu à mettre en scène le pardon qu’elle a choisi d’accorder, à son mari violent : « Je suis très contente de le retrouver ! »

Séquence sans images cette fois, capté par le micro de nos confrères de RTL : « La blessure forcément oui, elle restera, mais avec le temps on pardonne. Tout le monde fait des erreurs. »

Elles, n’acceptent plus la violence dont elles sont trop régulièrement les victimes. Elles, ce sont des femmes politiques qui ont tenu a révélé sur le site Konbini, les dialogues auxquels elles sont quasi quotidiennement confrontées sur les réseaux sociaux. La députée Renaissance Marie Lebec a lu le script qu’elle venait de recevoir dans sa boite aux lettres : « On va te faire la peau et on va aussi massacrer ta raclure de bâtard. »

Mais la palme de l’élégance et de la créativité revient incontestablement à celui qu’a reçu l’Insoumise Mathilde Panot : « Sale grosse pute de salope, nique ton parti de merde ! »

Voilà, alors devant une telle série B, Joe Biden en a perdu l’équilibre.

C’est incontestablement LE plan américain de la semaine. Le président âgé de 80 ans qui assistait à une cérémonie de l’U.S Air Force a été filmé, une nouvelle fois, au moment où il a fait une lourde chute.

Joe Biden s’est étalé de tout son long, au point qu’on n’était plus vraiment chez Top Gun, mais plutôt, quelque part, du côté de La 7ème compagnie.

Toutefois, la palme du comique revient cette semaine, incontestablement, à un Français. Au député LFI Louis Boyard qui a choisi de se filmer lui-même, avec son téléphone portable, pour faire frémir Netflix : « Alors Netflix, on veut interdire le partage de compte»

Vous savez que la plateforme ne veut plus que l’on puisse partager ses mots de passe sans payer. Et bien, le jeune député a décidé de répondre et de défier, le mastodonte du cinéma planétaire : « Alors non Netflix, ici c’est pas Koh Lanta, on change pas les règles du jeu au dernier moment. »

Prenant son rôle visiblement très à cœur, Louis Boyard nous a offert LE rebondissement de la semaine : « Tu veux interdire le partage des comptes, je vais déposer une loi pour t’empêcher de le faire ! »

Depuis cette vidéo, c’est bien simple, les responsables de Netflix ont le trouillomètre à zéro.

Ils vivent, parait-il, dans la psychose la plus totale. Où la démonstration qu’en matière de cinéma, une scène hautement comique peut également susciter l’effroi.