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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce jeudi, il s'intéresse à la somme réclamée par la Fifa pour les droits de diffusions de la prochaine Coupe du monde de football féminin.

Tous les jours, Bruno Donnet observe les grandes manœuvres médiatiques. Ce matin, il a choisi de se pencher sur une question de gros sous qui oppose la fédération internationale de football aux chaînes de télévision françaises.

Il y a du rififi autour des droits de diffusion de la prochaine coupe du monde de football féminin.

Nous sommes à deux mois du coup d’envoi et, pour l’instant, la FIFA et les télévisions n’ont toujours pas réussi à se mettre d’accord sur le grizbi.

Voilà pourquoi, lundi matin, Marinette Pichon, qui fût, naguère, la capitaine de l’équipe de France, est allée pousser un p’tit coup de gueule, chez nos confrères de RTL : « C’est quand même scandaleux qu’à deux mois (…) on n’ait toujours pas de diffuseur ! »

Seulement voilà, qu’on ne s’y trompe pas, si Marinette Pichon est en colère, ce n’est pas contre les diffuseurs mais bien contre la FIFA, dont elle estime qu’elle réclame des droits nettement trop élevés : « Et je crois que la FIFA doit revoir son cahier des charges pour se permettre de pouvoir offrir à des diffuseurs qui ont envie d’aller diffuser cette coupe du monde. »

Alors l’opposition financière est de taille puisque la FIFA réclame 20 millions d’euros aux chaînes de télévisions qui, pour leur part, ne veulent pas en dépenser plus de 5 !

Des télévisions qui ont du reste reçu, hier, sur le plateau de La Chaîne l’Equipe, le soutien de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, qui estime, elle aussi, que la FIFA exagère : « Alors je pense que la FIFA aujourd’hui est trop gourmande, attend trop. »

La manière dont l’a posé le patron de la fédération internationale de football, il s’appelle Gianni Infantino, ne manque ni de sel, ni d’un certain cynisme manouvrier.

Interviewé il y a quelque jours, Gianni Infantino a choisi de poser le débat sur le terrain de l’égalité entre les hommes et les femmes.

Les diffuseurs, a-t-il dit, devraient mettre leurs actes en accord avec leurs paroles. Ils nous reprochent de ne pas payer les femmes aussi bien que les hommes et refusent de payer le même prix, lorsqu’il s’agit des droits.

Pour quelles raisons cette déclaration-là est une déclaration « manœuvrière » ?

C’est une énorme manip’ , d’abord pour une simple question de chiffres. De rentabilité.

La prochaine coupe du monde féminine va se dérouler en Océanie. Il y a un énorme décalage horaire et donc, les Françaises vont se retrouver à jouer à 10 heures du matin, heure de Paris, ou à midi, au plus tard, c’est-à-dire à un horaire où il y a beaucoup moins de téléspectateurs qu’en soirée.

Les spots de pubs y seront donc vendus nettement moins cher et les chaines de télévision auront donc beaucoup de mal à rentrer dans leurs frais.

Mais ce qui est hautement baroque, dans la façon de faire de Gianni Infantino, c’est qu’il a déclaré ceci : « Les offres des diffuseurs sont inacceptables, a-t-il dit, parce qu’elles constituent une gifle à toutes les grandes joueuses et même… à toutes les femmes du monde. »

Il fallait oser se poser en défenseur « de toutes les femmes du monde » car je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais il y a à peine deux mois, lorsque le président de la fédération française de foot, Noël Le Graet, a été débarqué de ses fonctions parce que des accusations de harcèlement sexuel, à l’encontre de très nombreuses femmes, pèsent sur lui, qui est venu lui tendre une main virile ?

Gianni Infantino, l’homme qui se pose en défenseurs « de toutes les femmes du monde » n’avait pas hésité, une seule seconde, à recaser son vieux copain, accusé de harceler, sexuellement, les femmes.

Les présidents de la FIFA, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait.