Chaque matin, Hélène Jouan évoque un sujet précis de la vie politique.
Le gouvernement a dessiné hier les grandes lignes du futur Service national universel : 1 mois obligatoire pour les 15/18 ans, en deux périodes, avec possibilité d’engagement plus long sur la base du volontariat.
Un mois pour tout rattraper, la ghettoïsation sociale et culturelle rebaptisée en ces temps nouveaux « assignation à résidence », l’échec voire le décrochage scolaire qui voit encore 100 000 jeunes quitter le système éducatif tous les ans sans aucun diplôme. 1 mois avec l’idée de réduire le dangereux communautarisme qui se développe dans nos quartiers en tablant sur le brassage. 1 mois pour que les jeunes se découvrent les uns les autres, vibrent à l’exaltation de la Nation. Bref une sorte de JMJ à la française, laïque bien sûr, un peu étendue dans le temps, et peut-être un peu moins festive, en tout cas en dortoir de centres aérés et d’internat. Voilà à quoi devrait ressembler le futur service national universel.
Ce n’est pas tout à fait ce qu’avait espéré et promis Emmanuel Macron pendant sa campagne.
Et pour celui qui ne cesse de répéter qu’il ne fait que ce qu’il avait dit qu’il ferait, c’est vrai qu’il aboutit surtout à un service minimum minimorum. La promesse électorale d’un retour au service militaire pour tous, filles comprises, n’a pas survécu aux hauts cris poussés par les militaires, en butte à d’autres contraintes, sécuritaires et financières. Exit le militaire. Retour du national, c’est-à dire civique, mais ce service existe déjà. Oui mais cette fois, il sera pour tous, donc obligatoire. Mais sans contrainte. Enfin, le gouvernement aimerait bien éviter la contrainte, et reste évasif sur les sanctions envisagées pour les nouveaux objecteurs de conscience. Obligatoire donc, mais seulement pour ceux qui veulent. Allez comprendre.
Ce n’est pas une bonne idée que ce service universel ?
La conscription est un acquis de la Révolution, tous unis, tous égaux pour défendre ou servir la Nation. Sauf que les souvenirs des dernières classes d’âge étant passées par le service militaire racontent tous la même chose, un immense ennui, un trou béant d’un an, une longue perte de temps. Alors, refonder le lien avec la République, redonner le goût de l’engagement aux jeunes, si tant est qu’ils l’aient perdu, permettre le brassage social, inclure enfin les filles, sont de louables intentions. Mais quand en plus on y ajoute la détection des problèmes scolaires, qu’on y voit un temps d’orientation, d’information et de prévention, alors là, on se dit que ça commence à faire beaucoup en 1 petit mois. A moins que promettre de faire en 30 jours, ce qu’on échoue parfois à faire en une quinzaine d’année d’éducation, ne soit qu’un habile mais inutile pansement républicain.