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La patience, mère de toutes les vertus, nous fait parfois défaut. Mais la patience, ça s'apprend et surtout, ça se cultive.

Avec vous Anne, on se développe toujours un peu plus même s’il faut avouer qu’il y a des jours et des moments où c’est plus compliqué que d’autres…

Vous et moi, nous sommes pareil. Je suis certaine que vous aussi, vous pestez contre les personnes qui marchent lentement dans la rue, les yeux rivés sur leur smartphone. Vous aussi, vous vous impatientez au restaurant, quand ça fait déjà dix minutes que vous avez commandé votre burger. Vous aussi, vous vous énervez contre ces personnes qui parlent éternellement sans jamais en venir au fait. Vous aussi, vous êtes sur le point de faire un procès à la direction d’un supermarché qui choisit d’ouvrir une seule caisse un samedi matin. Je ne sais pas pourquoi, mais je vous sens "à point".

Le problème, c'est que ça n'est pas prêt de finir parce que votre impatience vient d’un événement extérieur, indépendant de vous. Un ralentissement sur la voie, qui cause un embouteillage-monstre, un tronc d’arbre sur une voie de TGV, je n’ai aucun moyen, aucun pouvoir de changer cela. Non, je ne peux pas ouvrir moi-même une autre caisse au supermarché pour que ça avance plus vite. Le seul pouvoir que j’ai, c’est de me changer moi-même, de changer mon regard sur ce qui arrive, sur ce que je vis.

Comment on le change, ce "regard" sur ce qui nous arrive ?

Dans ces moments-là, c’est comme si on était à un carrefour avec d’autres pistes qui s’ouvrent à soi, d’autres options que celle de faire un esclandre au beau milieu de la foule, de répandre son venin autour de soi en tentant de fédérer autour d’un sentiment négatif. Oui, on a toujours le choix et l’option de changer de perspective. Dans toutes ces situations, j’ai le choix de regarder ce qui se passe en faisant un pas de côté et peut-être de réaliser que, si l’amie que j’attend a (encore une fois !) 15 minutes de retard, ça me laisse tout simplement l’occasion d’attraper ce journal sur le comptoir de ce café et de faire quelque chose que je ne prends pas assez le temps de faire, mais que j’adore : "Lire la presse." Ou en profiter pour dessiner, ou me replonger dans ce livre que j’ai du mal à lâcher, ou prendre enfin le temps d’envoyer quelques SMS de pensées à certains de vos amis que vous ne voyez pas souvent mais qui vous manquent, et qui n’habitent pas dans la même ville que vous.

Et c’est vrai ça, au fond ? Ce temps-là, peut-être qu’on ne me le retire pas. Peut-être qu’au contraire, c’est un temps que je choisis de m’offrir, un temps qui s’invite, un temps qui s’incruste, un temps auquel je choisis de faire de la place et d’utiliser à bon escient. Bref, un temps pour moi, moi qui répète toute la journée que je n’ai pas le temps justement. Pas le temps pour mes amis, pour trier mes mails, pour méditer… Autant être cohérent avec soi-même ! Et oui, on peut profiter de ce temps dans une salle d’attente chez le médecin ou le dentiste, pour, plutôt que mesurer les minutes de retard qui s’accumulent et faire grimper sa tension ainsi, bien calé dans son fauteuil, en profiter pour respirer, pour fermer les yeux, pour bien poser les pieds au sol et travailler mon ancrage, dans ma vie.

Je me souviens de cet ami qui me reprenait sans cesse dès que je disais par exemple, que comme j’étais dans ce quartier-là et que j’avais quelques minutes à perdre, j’en avais profité pour aller faire un tour au parc, ou dans ce musée pour aller voir du beau, tout simplement. Et dès que je lui disais, "quelques minutes à perdre", il me reprenait en précisant "ou à gagner". Et vous, que faites-vous de ces minutes que la vie vous offre régulièrement ? Que faites-vous de ce temps "à gagner" pour vous ?