Métro masque covid 1:47
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Fermeture des écoles pour deux à trois semaines, limitations de déplacements étendues à l'ensemble du territoire : les nouvelles mesures annoncées mercredi par Emmanuel Macron pour lutter contre le Covid-19 marquent l'échec de celles jusqu'ici en place dans les 19 départements confinés. L'effet des restrictions de circulation est resté trop limité sur le trafic automobile et la fréquentation des transports en commun.
DÉCRYPTAGE

"Il faut donc un nouveau cadre" et des "efforts supplémentaires" : ce sont les mots employés par Emmanuel Macron mercredi soir pour justifier les nouvelles mesures de restriction visant à endiguer la troisième vague du Covid-19. Même dans les zones confinées, la progression du virus est particulièrement vive en ce début de printemps. La preuve que les règles imposées jusqu'ici, notamment le télétravail quatre jours par semaine minimum quand c'est possible, n'ont pas l'effet escompté. Et cela se voit dans les déplacements des Français. Que ce soit en voiture ou en transports en commun, nous nous déplaçons beaucoup plus que lors du deuxième confinement, lui-même bien moins strict que le premier.

Circulation dense et consommation de carburants presque normale

Ces données sont suivies de près par l'Élysée et ont sans doute joué un rôle dans la décision d'Emmanuel Macron. Plusieurs chiffres ont alerté le président de la République. D'abord, ceux de la fréquentation du réseau routier national. Dans la semaine du 22 au 28 mars, elle s'élevait à 99,8% sur l'ensemble du territoire par rapport au niveau habituel. Une circulation quasiment normale qui interpelle, d'autant plus qu'elle est en hausse de 7% par rapport à la semaine précédente. En Île-de-France, la fréquentation des routes atteint 75%, signe que le confinement fait effet, mais pas suffisamment. 

Autre donnée étudiée de près : la consommation de carburants, indicateur corollaire des déplacements en voiture des Français. Entre le 15 et le 21 mars, elle tutoyait son niveau habituel, à seulement 8% en dessous de la norme. Mais en Île-de-France, région pourtant confinée cette même semaine, la consommation de carburants était en hausse de 5%. De fait, mercredi à 18h, il y avait 175 kilomètres de bouchons sur les routes franciliennes, selon le site de suivi du trafic Sytadin. Un cumul défini comme "faible" par rapport à la moyenne mais néanmoins bien supérieur aux niveaux observés lors du confinement de novembre

Relâchement en Île-de-France…

Pour étudier les déplacements des Français, les géants du numérique, qui collectent et agrègent des masses de données anonymisées, se révèlent également utiles. Ainsi va de Google et de son application Maps. La tendance de mobilité observée depuis début mars en Île-de-France vers les lieux de travail, en voiture ou en transports en commun, est inférieure de 35% à une période normale. Preuve d'un relâchement, la baisse était de 50% en février.

Même constat du côté d'Apple, dont les données permettent un comparatif entre le deuxième confinement et la situation actuelle dans l'agglomération francilienne. En novembre, les demandes d'itinéraires faites via l'application Plans (qui peuvent être, ou pas, suivies d'un déplacement réel) avaient chuté de 65% pour les trajets en voiture et en transports en commun. Depuis le 20 mars, on constate plutôt une diminution de l'ordre de 45% pour les itinéraires en voiture et de 20 à 25% pour les trajets en transports en commun. Des chiffres identiques à ceux de la semaine précédant le reconfinement, signe que les mesures annoncées par Jean Castex n'ont pas porté leurs fruits.

… et dans les autres grandes villes confinées

L'Île-de-France n'est pas la seule zone qui puisse être pointée du doigt, puisque d'autres villes reconfinées le 20 mars sont dans la même situation. Ces derniers jours, à Lille, les demandes d'itinéraires dans Apple Plans pour des déplacements en voiture étaient inférieures de 15% à une journée normale (contre -35% lors du deuxième confinement). Même constat à Nice (-15% contre -30%) et Rouen (-10% contre -30%). Dans les 19 départements qui étaient confinés avant l'allocution d'Emmanuel Macron, avec plus de commerces ouverts que lors du deuxième confinement et des limitations de déplacement plus souples, les Français semblent donc moins enclins à rester d'eux-mêmes chez eux.

Or, plus de déplacements, c'est évidemment plus de risques d'exposition au Covid-19, notamment dans les transports en commun. En Île-de-France, la fréquentation des trains, bus et métro est passée de 53% à 45% après l'annonce du confinement le 20 mars. Un niveau encore très supérieur à celui observé en novembre (35%). "On n’a pas réussi à remettre les gens en télétravail", avait conclu la présidente de la région Valérie Pécresse, dans les colonnes de Paris Match. Malgré les alertes sur la situation sanitaire dans la moitié de la France, il y a également encore trop de déplacements interrégionaux : la SNCF n'observe qu'une baisse de la fréquentation de ses trains d'environ 65% en mars.