Albert Mathieu, le directeur général de Panzani. 5:23
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Romain Rouillard
Albert Mathieu, le directeur général de Panzani, géant français du marché des pâtes, était l'invité de "La France bouge" ce vendredi sur Europe 1. Au micro d'Élisabeth Assayag, il a confirmé la tenue de négociations commerciales entre le groupe et la grande distribution. Des discussions "pas toujours faciles" mais qui "avancent". 

Elles envahissent de plus en plus les placards de nos cuisines et, en coulisses, leurs prix font l'objet d'âpres négociations. Produits de (très) grande consommation en France, les pâtes n'ont pas échappé à l'inflation galopante. Invité de l'émission La France bouge ce vendredi sur Europe 1, Albert Mathieu, directeur général de Panzani qui représente 34% du secteur, a confirmé cette hausse des prix. "Pour donner un exemple très clair, un paquet de coquillettes Panzani de 500 grammes était vendu à 75 centimes au mois de juin 2021 et on le trouve à un euro", a-t-il illustré avant d'afficher un certain optimisme pour l'année à venir. "Si je me projette, je pense que les hausses seront moins fortes que celles qu'on a pu constater."

"Maintenir la continuité des approvisionnements" 

C'est tout l'objet des négociations commerciales qui se déroulent actuellement entre Panzani et les distributeurs que sont les grandes surfaces. L'objectif étant de s'accorder sur un prix capable de satisfaire l'ensemble des acteurs tout en préservant le porte-monnaie des consommateurs. "Les discussions avancent. Évidemment, chacune des parties essaie de préserver ses équilibres économiques", souligne Albert Mathieu. Néanmoins, industriels et distributeurs s'accordent sur certains points : "Sur le marché des pâtes, on a un objectif commun qui est de maintenir la continuité des approvisionnements, d'avoir des produits en rayon. Par ailleurs, on veut essayer de préserver le tissu industriel français et de préserver la filière du blé dur en France". 

À ce jour, Albert Mathieu évalue à 15% la hausse des prix nécessaire pour que Panzani puisse couvrir l'inflation. Le prix du paquet de coquillettes de 500 grammes atteindrait alors 1,15 euro. Si le groupe s'attelle à amortir lui-même ces surcoûts, il ne pourra pas tout absorber : "On essaie de faire tourner nos usines avec plus d'efficacité mais aussi de bien négocier avec nos fournisseurs. Mais il y aura un solde à couvrir et c'est justement ça que nous sommes en train de scruter actuellement avec les distributeurs". 

Une proposition de loi qui révolte la grande distribution

En parallèle, l'Assemblée nationale a examiné le 16 janvier dernier une proposition de loi visant à "rééquilibrer les forces" dans les négociations entre les deux parties. Elle prévoit qu'en cas d'échec des négociations, le prix imposé par le fournisseur devra automatiquement être accepté par le distributeur, faute de quoi il ne sera plus approvisionné. "Cette loi aurait un avantage qui est de combler un peu le vide juridique qui existe actuellement. En cas d'ultra désaccord, cela crée un cadre", estime Albert Mathieu.

Du côté des distributeurs, le son de cloche est radicalement différent. "C’est un rouleau compresseur totalement contre-productif, dans lequel la voix de la distribution qui est sur le terrain n’est pas entendue", s'étouffe Dominique Schelcher, PDG de Système U dans les colonnes du Monde. Industriels et distributeurs ont donc tout intérêt à trouver un terrain d'entente, sous peine de relancer les hostilités entre les deux parties.