L'économie française résiliente face au troisième confinement, selon la Banque de France

Banque de France
Le recul du produit intérieur brut (PIB) par rapport à avant la crise sanitaire a été de 4% en mars et sera limité à environ 7% en avril (Illustration). © AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP
Selon les prévisions de la Banque de France, l'économie du pays va beaucoup moins souffrir de la pandémie liée au Covid-19 en 2021 que l'année précédente. Une résistance accrue qui s'explique notamment par l'apprentissage des mesures de distanciation et la mise en place d'équipements pour le télétravail par les entreprises.

L'économie française souffre beaucoup moins de la crise du Covid-19 qu'il y a un an malgré les nouvelles restrictions sanitaires, avec une perte d'activité entre quatre et cinq fois moins importante, a estimé lundi la Banque de France. Conséquence, la banque centrale ne prévoit pas pour l'instant de revoir sa prévision de croissance 2021, pour l'instant de 5,5%.

Le recul du produit intérieur brut (PIB) par rapport à avant la crise sanitaire a été de 4% en mars et sera limité à environ 7% en avril, selon la note de conjoncture mensuelle de la banque centrale. La perte d'activité avait atteint son maximum en avril 2020, avec 31%, après 18% en mars, par rapport aux mois de référence de janvier et de février 2020. "Ceci témoigne d'une résilience accrue de l'économie aux contraintes sanitaires", selon la note qui se base sur les résultats d'une enquête menée auprès de 8.500 chefs d'entreprise, qui toutefois n'inclut pas le commerce de détail.

Apprendre à vivre avec l'épidémie 

Cette résistance accrue s'explique par l'apprentissage des mesures de distanciation et la mise en place d'équipements pour le télétravail par les entreprises mais aussi par une économie mondiale qui n'est plus à l'arrêt avec "un commerce international qui est en forte reprise" tout comme l'Asie et les Etats-Unis, a expliqué lors d'une présentation à la presse le directeur général de la Banque de France, Olivier Garnier.

Face à ces "bonnes surprises", "nous n'anticipons pas de révision significative de notre projection de croissance que nous avions publiée au mois de mars pour l'année 2021", a déclaré Olivier Garnier, rappelant que cette prévision de croissance était "de l'ordre de 5,5%". Pour le premier trimestre, le PIB devrait être "en légère croissance par rapport au trimestre précédent", précise la note, indiquant qu'elle serait inférieure à 1%.

La banque centrale a précisé que son enquête avait été réalisée du 29 mars au 6 avril, mais que 80% des réponses avaient été collectées après l'annonce présidentielle de l'extension des mesures de restriction sanitaires à l'ensemble du territoire métropolitain le 31 mars. Pour le mois de mars, la perte d'activité est améliorée d'un point de pourcentage par rapport à ce que la Banque de France prévoyait il y a un mois, car "on observe une activité en plus forte amélioration que ce qui était escompté par les entreprises", d'après Olivier Garnier.

En avril, la perte d'activité prévue "est du même ordre de grandeur qu'en novembre et ceci en dépit du fait que les crèches, les établissements scolaires sont fermés alors qu'ils ne l'étaient pas en novembre", a aussi relevé le directeur général.

L'industrie dans le vert

La plupart des secteurs industriels ont retrouvé un niveau d'activité proche de la normale en mars, sauf dans l'"aéronautique et autres transports" qui n'est qu'aux trois quarts de son niveau normal et à un moindre degré dans l'automobile, où il plafonne à quatre cinquièmes de son niveau habituel. D'autres indicateurs témoignent également d'une vigueur de la reprise dans l'industrie.

Ainsi le taux d'utilisation des capacités de production est passé en mars au-dessus de sa moyenne de 20 ans, tout comme la situation des carnets de commande du secteur industriel. Et la situation de trésorerie des entreprises industrielles est la meilleure depuis la crise financière de 2008, aux yeux de leurs dirigeants.

 

 

A l'encontre de cette tendance, la baisse de la production industrielle enregistrée en février par l'Insee est un indicateur jugé plus "volatil" par la banque centrale que l'opinion des chefs d'entreprise, notamment en raison d'aléas de court terme sur les stocks dans l'automobile et de problèmes d'approvisionnement.

Dans les services marchands, la situation est disparate entre les secteurs et reste très dégradée en mars dans la restauration et l'hébergement, avec des perspectives qui se détériorent aussi en avril pour la location et la réparation d'automobiles, en lien avec le troisième confinement.