Laurent Mignon 2:09
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Mathilde Durand , modifié à
Un rapport de l'ONG Oxfam accuse les six principales banques françaises d'aggraver la crise climatique via des investissements massifs dans des industries polluantes. Laurent Mignon, président du directoire de la Banque Populaire-Caisse d'Epargne et président de la commission climat de la Fédération bancaire, s'en défend mardi sur Europe 1. 
INTERVIEW

A deux jours de la "Journée de la finance verte" (ou Climate Finance day), l'ONG Oxfam dénonce les investissements des six principales banques françaises. BNP Paribas, le Crédit Agricole ou encore la Société Générale utiliseraient l'argent, déposé par leurs clients sur les comptes courants ou assurances vies, pour financer des industries très polluantes. Selon l'ONG, les choix stratégiques actuels des acteurs financiers, loin de respecter l'Accord de Paris, placent la planète sur la trajectoire d'un réchauffement climatique de +4 degrés d'ici 2100.

"Oxfam est toujours dans son rôle, de pousser, probablement d'exagérer les situations", se défend Laurent Mignon, président du directoire de la Banque Populaire-Caisse d'Epargne et président de la commission climat de la Fédération bancaire, mardi sur Europe 1. 

"Elle [l'ONG Oxfam, ndlr] se trompe de méthode et de cible, poursuit-il. La méthode n'est pas la même que l'année dernière, déjà. Puis elle est biaisée parce qu'elle est fondée sur une analyse globale, sans entrer dans la granularité des portefeuilles : vous financez les entreprises de l'énergie, dedans il y en a qui font des efforts, d'autres non. Là, elles sont prises de façon globale." 

"C'est une étude statique essentiellement fondé sur des chiffres de 2017, ajoute Laurent Mignon. Fondamentalement, l'étude d'Oxfam nous dit que l'économie mondiale, aujourd'hui, est carbonée. Mais on le sait. Notre rôle est d'être un des acteurs importants pour faire cette transition, mais cela ne peut se faire du jour au lendemain." 

Des engagements "forts" de la part des banques

Le président du directoire de la BPCE revient sur les engagements forts pris récemment par les banques françaises ces dernières années, notamment l'arrêt du financement de l'industrie du charbon salué dans le rapport d'Oxfam. L'ONG dénonce en revanche des annonces insuffisantes, du "green-washing", puisqu'"aucun des acteurs financiers ne s'est publiquement engagé à réduire l'intégralité de son empreinte carbone."

"On prend des mesures d'exclusion sur les énergies les plus polluantes", assure Laurent Mignon. "Nous publions le taux d'exposition des portefeuilles de financement des banques françaises sur le charbon : c'est 0,18% de nos encours, 2,3 milliards d'euros. En même temps, nous finançons les nouvelles énergies propres, renouvelables : près de 41 milliards de crédit accordés par les banques françaises, en hausse de 57% en trois ans."

"Il n'y a pas de projet dans les énergies renouvelables qui ne trouve pas de financement aujourd'hui", rassure-t-il. "Il faut faire une trajectoire, cela passe par un dialogue avec nos clients et pas en les stigmatisant. On ne peut pas passer de l'un à l'autre. L'évolution d'une économie vers une économie décarbonée c'est l'affaire de tous : des pouvoirs publics, des entreprises, des banques, de la finance."