Certaines librairies refusent de fermer leurs portes. 1:14
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Caroline Baudry, édité par Séverine Mermilliod , modifié à
Malgré les règles du reconfinement, Florence Kammermann, une libraire de Cannes, a gardé son magasin ouvert et risque d'être bientôt verbalisée. Elle a reçu le soutien d'écrivains, dont Alexandre Jardin, et même du maire LR de sa ville, David Lisnard.
REPORTAGE

Durant ce deuxième confinement, les librairies doivent rester fermées, mais certains font le choix de désobéir. A Cannes, la librairie "Autour du livre" est ouverte malgré la mise en garde d'Alain Griset, le délégué ministériel aux petites et moyennes entreprises, qui l'a menacé d'une fermeture administrative il y a quelques jours sur notre antenne. Vendredi, des policiers se sont rendus dans cette librairie indépendante, qui devrait bientôt être verbalisée. La libraire a reçu le soutien d'écrivains et même du maire de Cannes.

"Nous irons jusqu'au bout"

Une vidéo, où l'on voit des policiers contrôler la boutique, a circulé sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Sur les images : des piles de livres sur un comptoir, deux agents des forces de l'ordre à l'entrée de la boutique… et cette libraire qui leur tient tête. "Mon commerce est ouvert, j'assume complètement mon acte." Mais la police revient un peu plus tard, explique à Europe 1 Florence Kammermann, la libraire de 52 ans. Cette fois ils évacuent la boutique. Elle sera bientôt verbalisée.

Pas de quoi effrayer la libraire indépendante, qui se dit au pied du mur. "Si ma librairie n'avait pas désobéi à l'ordre et avait fermé ses portes ou effectué juste un click and collect, nous aurions liquidé la librairie avant la fin de l'année", témoigne Florence Kammermann. "On résiste contre un système un peu absurde : nous ne sommes pas un lieu où les gens sont entassés les uns sur les autres, nous faisons respecter le protocole sanitaire... Donc nous avons contacté un avocat, nous ne fermerons pas et irons au bout de notre démarche."

"Le livre doit être accessible à tous"

Une démarche économique, mais aussi "philosophique" selon la propriétaire des lieux. "Il n'y avait pas de raison de sacrifier les livres, notre culture, le travail d'auteur. Les librairies ne peuvent pas être fermées au public, ce n'est pas tolérable. Le livre doit être accessible à tous."

Elle est soutenue par l'auteur Alexandre Jardin, qui a réagi sur notre antenne dimanche et qui a annoncé que des écrivains ont l'intention de payer les amendes des libraires récalcitrants, ou encore par l'ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen. Le maire (LR) de Cannes David Lisnard s'est même rendu dans la boutique pour y acheter un livre en signe de soutien.